le marbre et la brume de Christine BINI


Le Marbre Et La Brume BINI725

CHRISTINE BINI

Le Marbre Et La Brume


Aux éditions ALPHEE/JEAN-PAUL BERTRAND

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Christine BINI




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

L’univers littéraire de Georges-Olivier Châteaureynaud. Editions Alphée. Parution le 11 mars 2010. 280 pages.

ISBN : 978-2753805491

Une ambiance onirique ?

Connu pour ses très nombreuses nouvelles mais également pour ses romans comme L’autre rive, son dernier en date paru chez Grasset, réédité au Livre de Poche, Georges-Olivier Châteaureynaud est un auteur à part, émargeant à la chapelle littéraire initiée par Frédérik Tristan : la Nouvelle Fiction. Parmi les membres de ce groupe littéraire on peut signaler Hubert Haddad et Francis Berthelot et quelques autres.

Après une introduction présentant la genèse de cette mouvance et ses membres, Christine Bini s’attache à décortiquer l’univers littéraire de Georges-Olivier Châteaureynaud, un univers découpé en six territoires : L’enfance et la famille, La ville et le pavillon, La mort, les morts, les âmes et l’au-delà, Le monde littéraire, Le fantastique, et enfin L’humain. Parmi ces six chapitres je n’en retiendrai que deux : L’enfance et la famille et Le fantastique.

Dans le premier, Christine Bini met l’accent sur la présence récurrente d’un enfant, la plupart du temps un garçon roux, dont l’enfance est perturbée par la non présence du père intermittent ou parti définitivement. Une non-présence souvent due aux vicissitudes de la guerre et à la propension de délaisser le foyer conjugal. Quant à la mère qui vit seule, nerveusement fragile, elle travaille souvent au service comptabilité dans une usine de confection. La mère et l’enfant vivent chichement dans un petit appartement. Les comparaisons ne s’arrêtent pas là, car les noms des jeunes protagonistes renvoient souvent à l’auteur, d’une manière plus ou moins bien déguisée. Ainsi lorsqu’on s’appelle Châteaureynaud pourquoi appeler un personnage Manoir, et le prénom de Hugo dont la terminaison GO renvoie à Georges-Olivier.

Ce que je ne comprends pas, c’est que Christine Bini, après s’être acharnée à nous démontrer que tous les écrits, romans ou nouvelles empruntent largement à l’enfance de l’écrivain, déclare : Si l’œuvre est à ce point attachante, et importante, c’est bien parce qu’elle échappe au piège de la confession, qu’elle refuse de s’enfermer dans la peinture du quotidien, de s’engager dans l’impasse de l’autobiographie ou de l’autofiction, mais s’en remet à la fiction pure.

Le chapitre, ou plutôt selon la définition de Christine Bini le territoire, consacré au fantastique, nous plonge dans l’univers castelreynaldien qui se démarque du fantastique comme on le conçoit aujourd’hui avec les ouvrages de Stephen King et consorts.

Non, l’univers de G.-O. Châteaureynaud est beaucoup plus onirique, subtil, que l’on pourrait croire, apparenté au merveilleux des contes de fées. Très loin de Stephen King, comme le souligne Christine Bini, mais que j’assimilerais à l’univers des grands anciens qui jouaient sur un fantastique suggéré plus que visuel comme Camilla de Shéridan le Fanu, plus sur l’émotivité que sur la grandiloquence, comme La dame pâle, extrait La femme au collier de velours, les recueils des Mille et un fantôme ou encore Le château d’Epstein attribués à Alexandre Dumas mais dont l’apport de Gérard de Nerval n’est pas négligeable.

Christine Bini, dans cette exploration de l’univers castelreynaldien, nous offre une balade, et une ballade, qui donne envie de lire ou de relire, peut-être avec des yeux neufs, l’œuvre de Georges-Olivier Châteaureynaud et d’en découvrir les pans cachés. Un auteur attachant en marge des courants et qui construit texte après texte, une œuvre singulière et personnelle. En complément de son analyse, Christine Bini propose également un répertoire des personnages ainsi que celui des lieux. Bref un essai transformé.

Paul Maugendre

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