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XAVIER-MARIE BONNOT |
La Voix Du LoupAux éditions L ECAILLER DU SUD |
3792Lectures depuisLe mardi 3 Octobre 2006
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Une lecture de |
La nuit de la Saint-Sylvestre, Romano Valdez, jeune violoniste à l'opéra de Marseille, est retrouvé mort. Son corps gît dans la boue du parking de l'hôtel de ville quant à sa tête, elle est retrouvée à quelques mètres, dans une benne à ordures. De Palma, qui a la malchance d'être de permanence cette nuit-là, se voit confier l'enquête. Pour lui, ce meurtre évoque un crime qui a été commis 25 ans plus tôt. A cette époque-là, avec son collègue Maistre, il avait été en charge du meurtre, par décapitation, de la jeune Laurence Monello. L'assassin, qui avait déposé la tête de sa victime dans une poubelle, avait été surnommé par la presse « l'Eboueur ». Le hasard avait mis dans leurs mains l'assassin, la justice l'avait envoyé à la guillotine. Depuis ces années-là, le remord ronge De Palma, non pas parce qu'il doute de la culpabilité du condamné, comme l'affirme la rumeur, mais parce qu'aujourd'hui, encore plus qu'hier, il est opposé à la peine de mort. Certes le mode opératoire des deux crimes est identique, mais cela n'entame pas la conviction du Baron. Par contre ceci prouve que les deux affaires sont liées et que le meurtrier gravitait autour de la première. Une longue enquête conduira De Palma et son équipe dans les bars louches, les cercles sadomasochistes et les coulisses de l'opéra. Parallèlement aux mauvais souvenirs qui le submergeront, De Palma mettra à jour deux autres meurtres quasi semblables à celui du violoniste et perdra une jeune adjointe au cours de l'interpellation d'un proxénète. Xavier-Marie Bonnot avec « La voix du loup » signe la troisième aventure de son héros récurrent et atypique De Palma, dit le Baron. Le héros de Xavier-Marie Bonnot est au-delà de l'enquêteur solitaire qui se met en chasse d'un criminel pour défendre la société, qui s'agite le neurone dans le but de rétablir l'ordre qu'un homicide a perturbé. Avec De Palma nous semblons être au cœur de l'individualisme moderne : « De Palma (…), il n'avait jamais aimé son travail, il était seulement passionné par la chasse aux grands fauves, c'était leur mystère qui l'avait fait rester dans la police. » Pourtant nous en sommes très éloignés. Car à bien le considérer, l’individualisme moderne n’est pas autre chose que le stade suprême de l’égoïsme. Loin de vanter les mérites et les particularités de chaque être, il n’a pour fonction idéologique que de les enfermer dans des soi-disant intérêts personnels et incompatibles. Partant de là, les rapports sociaux se brouillent et chacun se dresse contre l’autre, en défense de son originalité. La solidarité se transforme en œuvre de charité qui comme chacun le sait commence par soi, quant à l’utopie, elle se niche dans les cours de la bourse ou plus modestement dans les jeux de hasard. A mille lieux de ce fatras idéologique, De Palma a une claire vision des rapports sociaux : « De Palma n'avait jamais été intrigué par les trafiquants qui reproduisaient, à la manière d'un négatif violent, des règles en vigueur dans une société de fric et paillettes. Ils les avait encagés parce que la société que la police défendait lui avait dit de le faire, mais les trafiquants n'avaient pas de mystère, c'étaient des hommes d'affaires comme les autres, plus ignobles que leurs modèles. Les produits qu'ils touillaient dans le secret des cabanons de Marsiho étaient vendus aux bourgeois du coin et aux camés d'Amérique. De Palma avait toujours eu du mal à saisir, dans ce grand marché planétaire, alimenté par des millions de dollars, où étaient le bien et le mal. » Et cette compréhension l’éloigne du cynisme désabusé que ronge le classique héros. Si de Palma pourchasse le crime c’est finalement parce qu’il est encore capable de solidarité, un état que les psychologue qualifie de « dépressif » voire d’une « hyperémotivité et de troubles du comportement » « La voix du loup », un polar noir et nostalgique au dénouement sans concessions… à lire d'urgence ! |
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