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BULLETIN DES AMIS DU ROMAN POPULAIRE |
Revue Rocambole: Dossier Pinchon, Bécassine Et C° N° 86/87Aux éditions A.A.R.PVisitez leur site |
487Lectures depuisLe mardi 3 Juin 2020
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Parution le 1er juin 2019. 352 pages. 30,00€. ISBN : 978-2912349736 Bécassine n’était pas si bécasse que ça ! Si une frange bretonnante rejette le personnage de Bécassine, il n’en va pas de même des autres provinciaux qui se reconnaissent plus ou moins en elle. Et elle aurait pu être aussi bien Picarde que Limousine, car même si certains affirment qu’elle porte une coiffe de Pont-Aven, qui d’ailleurs n’est guère ressemblante à la véritable, cela ne veut rien dire. En effet, de nos jours, tous ces gamins et adultes qui arborent fièrement des maillots de l’équipe de France de football, ou de footballeurs richissimes, sont-ils tous des joueurs pratiquants ? Donc Bécassine, qui a enchanté des générations de jeunes lecteurs, aussi bien masculins que féminins, mais aussi d’adultes, est représentative des Français migrants vers la capitale pour trouver un emploi. Evidemment les Bretons sont largement représentés dans cet arrivage massif de demandeurs d’emploi, mais d’autres régions peuvent revendiquer également cet afflux. Auvergnats, les fameux bougnats et cafetiers, Savoyards, ces petits ramoneurs, et bien d’autres. Donc les Bretons, qui se sont même constitués en associations, se proclamant fièrement les Bretons de Paris. Bécassine était une jeune fille naïve et ingénue, comme bien d’autres jeunes provinciales (ou provinciaux) qui encore de nos jours débarquent dans la capitale sans posséder de repères. Un peu moins maintenant que les concours de fonctionnaires et les mutations changent la donne. Ce dossier, copieux, consacré à la première des héroïnes de bandes dessinées, revisite le mythe mais présente surtout son auteur, ou plutôt son dessinateur. Car Joseph Porphyre Pinchon, même s’il a écrit par ailleurs des nouvelles, n’est pas le scénariste des histoires qui mettent en scène Bécassine. D’ailleurs Bécassine est née un peu par hasard, le 6 février 1913 dans La Semaine de Suzette. Jacqueline Rivière, la rédactrice en chef de ce magazine, signe L’erreur de Bécassine, une histoire en une planche afin de boucler la dernière page, la page 16 restée vierge. Et comme Pinchon passait par là afin de remettre quelques dessins, elle lui demande d’illustrer cette historiette. Et c’est ainsi que tout débute. Ensuite ce sera un certain Caumery qui écrira les scénarii des aventures de Bécassine. Caumery qui n’est autre que le pseudonyme de Maurice Languereau, le neveu de l’éditeur, Henri Gautier, et dont le nom perdure de nos jours sous le label des éditions Gautier-Languereau. Pinchon, dont seul le nom surnage encore dans les esprits des lecteurs, et encore, a débuté comme peintre, mais fait plus méconnu, il fut dessinateur en chef à l’Opéra, dessinant les maquettes de très nombreux costumes, se montrant même révolutionnaire en ce domaine. Et encore plus méconnu, il fut durant la Première Guerre Mondiale chef de section dans une compagnie de camouflage. Mais il tâtonna également du cinéma.
Bécassine jouissant d’impopularité ? Comment ce fait-ce ? Pourtant cette brave jeune fille, native de Clocher-les-Bécasses, un nom de village qui n’est pas à proprement parler typiquement breton, connut les opprobres, encore peu, avec le film de Bruno Podalydès en 2018. Les œuvres de Joseph Porphyre Pinchon, une bibliographie critique, un coup d’œil sur les romanciers publiés dans La Semaine de Suzette, Bécassine après Pinchon, et d’autres articles complètent ce dossier sur le créateur de Bécassine. Mais ce numéro double du Rocamble propose également un article de Francis Lacassin, sur Bécassine et publié en 1969 dans Le Magazine Littéraire. Et dans la partie Varia, on trouvera des précisions sur un auteur méconnu, Maryan, sur L’enfance dans l’œuvre de Delly, Quand Maurice Leblanc cite Gustave Aimard ou encore Dans les mines du second rayon ou lorsque Albert Bonneau (re)visite Harlem, des précisions complémentaires à RétrofictionS, sans oublier les Contes du Rocambole : trois nouvelles signées Pinchon, Ferdinand le Gourmand ; Max Daireaux qui, avant Agatha Christie, écrivit Un crime de l’Orient-Express et une nouvelle méconnue de Paul Féval, Le banquier de cire et bien d’autres articles encore. Petit reproche : au début le Rocambole paraissait quatre fois l’an. Depuis quelques années, un numéro double s’intercale, rétrécissant le rythme de parution. Et cette année, il n’y aura que deux numéros doubles. D’accord, le nombre de pages est identique que s’il y avait quatre volumes, mais quand même. Le plaisir n’est plus aussi vif que lorsqu’on attendait tous les trois mois son numéro du Rocambole. |
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