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GUY BOOTHBY |
Docteur NikolaAux éditions GARANCIERE |
369Lectures depuisLe mercredi 24 Avril 2019
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Une lecture de |
Doctor Nikola – 1896. Traduction Michèle Valencia. Collection Aventures fantastiques N°14. Editions Garancière. Parution novembre 1986. 256 pages. ISBN : 2-7340-0122-5 Réédition : Editions Libretto. Parution 5 novembre 2009. 284 pages. 11,00€. ISBN : 978-2-7529-0408-9 Quoi de neuf, Docteur ? Désargenté, mais essayant quand même de vivre dans un luxe factice à Shanghai, Wilfred Bruce apprend par un vieil ami qu’un certain docteur Nikola souhaite l’embaucher comme maître d’hôtel. Les renseignements fournis concernant cet inconnu ne le tentent guère, mais à chaque fois qu’il pense trouver un emploi à sa convenance, la place vient d’être comblée une heure auparavant. Il se résigne alors à rencontrer ce fameux docteur Nikola qui tient à l’engager, se présentant comme occultiste et disposant du pouvoir d’hypnotisme. D’ailleurs il démontre ses capacités à Bruce, lequel est estomaqué. S’il a besoin de celui qu’il veut embaucher, non plus comme maître d’hôtel mais comme secrétaire particulier, c’est parce que, non seulement Bruce parle couramment le chinois, ou mandarin, mais parfois se déguise en autochtone, le visage grimé et portant natte, abusant ses interlocuteurs. Le docteur Nikola possède un rouleau sur lequel sont gravés des idéogrammes (et non des hiéroglyphes, n’en déplaise à la traductrice) et il aimerait pouvoir s’emparer de deux autres rouleaux qui lui assureraient fortune et plus. Un fabuleux secret détenu par des moines résidant dans un monastère tibétain mais pour parvenir à s’en emparer les embûches vont se dresser sur le chemin des deux hommes. Car Bruce accepte d’accompagner, aider, protéger même, le dicteur Nikola dans son déplacement jusqu’au Tibet, contre une rémunération conséquente, à percevoir de suite par moitié, le reliquat à la fin de leur mission. S’ils réussissent évidemment. Mais auparavant il va leur falloir se rendre à Pékin en passant par Tientsin. Nikola (abandonnons désormais la notification de docteur puisque nous le connaissons un peu plus) doit rencontrer quelques personnes susceptibles de l’aider dans ses démarches. D’ailleurs il est entouré de serviteurs dévoués et fidèles. Jusqu’à un certain point, comme le démontrera la suite de leur voyage. A Tientsin, Bruce sauve la vie à une jeune fille mais pas à son père qui a été agressé par des aigrefins. Lui-même va être la proie d’une étrange fièvre qui le plonge dans le coma durant la bagatelle d’une quinzaine de jours et il aura le plaisir, la joie, le bonheur de retrouver Mlle Medwin, celle à qui il a sauvé la vie, à son chevet. Les deux hommes accompagnés de serviteurs connaîtront bien d’autres mésaventures, des périls en tout genre, des dangers provoqués par leur ténacité, leur inconscience, par la faute d’éléments extérieurs et par des compagnons soi-disant fiables. Et si au début, ils parviennent à faire illusion au monastère, ils sont bientôt démasqués à cause d’un personnage qu’ils ne pensaient pas trouver sur leur chemin.
Fabuleux roman d’aventures, Docteur Nikola préfigure de nombreux autres romans qui seront écrits par la suite. Mais contrairement à des héros malsains de la littérature populaire, tel que Fu-Manchu qui rêvait d’exterminer les Européens mais pas que, le docteur Nikola se montre humain, témoignant de sagesse, de tendresse, notamment envers les enfants, sociable même s’il peut se révéler intraitable en certaines circonstances. Si j’ai évoqué Fu-Manchu, de Sax Rohmer, dont le côté malsain va engendrer bien d’autres personnages maléfiques dont la fameuse Madame Atomos d’André Caroff, le docteur Nikola possède une nette ressemblance avec Sherlock Holmes. Son pouvoir d’hypnotiser ses interlocuteurs est doublé par son sens aigu de l’observation et de la déduction, et naturellement il lui fallait un pendant, son docteur Watson, incarné ici par Wilfred Bruce. Wilfred Bruce qui d’ailleurs narre cette aventure à la première personne. Guy Boothby est l’un des précurseurs de ces romans d’aventures exotiques hauts en couleurs dont l’action est située dans les pays d’Asie, au moment de la période coloniale. Il fut le contemporain de Robert-Louis Stevenson, Henry Rider Haggard, d’Arthur Conan Doyle, de Gustave Le Rouge et de bien d’autres qui apportèrent à ce genre littéraire ses lettres de noblesse. Certains épisodes m’ont fait penser à des scènes qui se déroulent dans Tintin et le Lotus bleu ou encore Tintin au Tibet. Des images fugitives, certes, mais qui posent la question de savoir si Hergé, lisant ce roman, n’a pas eu l’idée, ou l’envie de plaquer dans ces histoires des situations mettant en scène son héros telles que celles vécues par le docteur Nikola et Bruce. Et naturellement un roman d’aventures épiques se doit posséder le côté fleur bleue, l’attirance entre une jeune fille et le héros(ou l’un des héros) puis l’amour pur qui se concrétisera par le mariage. Peut-être ! |