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FRANZ BARTELT |
Chaos De FamilleAux éditions SERIE NOIREVisitez leur site |
1021Lectures depuisLe dimanche 16 Septembre 2018
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Une lecture de |
Le sort de Plonque n’est pas enviable : voilà dix-huit ans qu’il est marié avec Camina (née Rachot), et douze ans qu’il est privé de sexe. Car son épouse est un monstre d’égoïsme, d’une jalousie extrême. Plonque est l’esclave des caprices de Camina, qui n’éprouve aucun respect pour la plupart des gens. Tous des "nubuques", autrement dit des nuls, estime-t-elle avec sa férocité vulgaire. Outre sa famille – tous des dépressifs, la seule qu’elle supporte, c’est leur voisine Mme Quillard. Plonque la surnomme "Lamoule", car c’est une sexuelle, celle-là. Et justement, lui qui est en manque de sexe, il fantasme sur elle. Mais, sous la surveillance permanente de Camina, bien difficile d’aller très loin en la matière. Le suicide d’un des frères de son épouse va offrir à Plonque un peu de liberté. Suite à un accident de voiture dont il est sorti indemne, il fait semblant d’être impotent. Il ne compte pas sur les Rachot pour s’apitoyer, d’autant que Camina doute fort qu’il ait réellement un problème de santé. Le Dr Pételle, médecin traitant de la famille, décrète que Plonque souffre d’une "paralysie flasque". Un diagnostic peut-être absurde, mais un moindre mal quand on sait que les médecins de la dynastie Pételle sont des adeptes de l’amputation. Puisque le docteur le certifie souffrant, Camina est bien obligée de s’incliner. Plonque en profite pour tenter une relation sexuelle avec Mme Quillard, mais c’est plutôt raté. Plonque est contraint d’assister aux obsèques de son beau-frère, le suicidé. Toute la famille Rachot est déprimée, sauf Camina – plus survoltée que jamais. Une journée qui se termine par une alcoolisation générale des frères et sœurs de Camina, venus s’installer chez Plonque et sa femme, avec la grand-mère. Plonque reste alité quand ils sont là, mais le démon du sexe l’habite toujours. Nouvelle tentative clandestine du côté de Mme Quillard, d’autant moins coopérative que son viril amant Bitov est présent. Ce dernier va frapper sévèrement Plonque, ce qui ne l’incitera pas à renoncer tant est grand son besoin de sexe. Dans la foulée, la grand-mère témoigne que Plonque est sorti, bien valide. Ça ne lui porte pas chance à la mère de Camina, cette dénonciation. Plonque trouve bientôt un allié : le croque-mort Alban Pitaine. Celui-ci a flashé sur Solange, la chaste sœur de Camina. Encore un cas psychanalytique incurable, mais le croque-mort espère quand même en venir à bout. L’infernale Camina harcèle toujours Plonque, qui joue son rôle de paralysé sans faillir. Rêve-t-il de revanche, d’être enfin maître chez lui ? Sans doute que oui, mais son obsession sexuelle constitue l’essentiel de ses préoccupations… (Extrait) “Le quatuor à cordes pour se pendre apparut en quatre fois, d’un couple à chaque fois : le déprimé au bras de sa dépression. Ils étaient misérables, à vomir, les yeux sur les joues, la bouche collée de bave sèche, encore saouls comme des abeilles décollant d’un champ de bétoine, pas encore en état de souffrir de ce qu’ils voyaient. Le docteur Pételle leur adressait des petits mouvements des doigts en ciseaux, qu’ils ne déchiffraient pas. Je pouffais discrètement. Ils s’étaient plantés autour du corps, raides et immobiles, comme du marbre. Camina baissait la tête. Elle se ravisa et, d’un coup de pied dans la promenette, elle m’envoya cogner contre le mur. Ce fut Solange qui, la première, tordit sa grosse bouche pour pleurer. Les autres la suivirent dans l’expression du chagrin, y allant de confiance, sans éprouver encore ce pourquoi il fallait mouiller d’une larme le présent et le passé immédiat…” Certes, des familles aussi caricaturales que celle de cette Camina, ça n’existe pas. Encore que l’on puisse se poser la question, tant ces dépressifs chroniques nous rappellent des gens qu’on a pu connaître – beaucoup moins vulgaires qu’eux, quand même. Aux ordres de son épouse Camina, Plonque nous raconte son quotidien… un sacré portrait ! Finies les relations sexuelles, a décrété sa femme depuis longtemps. Elle préfère passer tout son temps devant la télé, une véritable drogue pour elle, se faisant servir par son mari. Qui, lui, ne rêve que de sexe, leur voisine pouvant convenir à cette obsession. L’humour noir n’est pas incompatible avec le roman noir ; Franz Bartelt le démontre ici magistralement. Obsèques virant au chahut, médecins découpeurs, croque-mort faisant une fixation sur la bouche de Solange, et bien d’autres scènes hilarantes, tout est prétexte à faire sourire les lecteurs, y compris des digressions bienvenues. L’humour exige de la finesse, de l’inventivité et une véritable écriture. C’est le cas de ce roman, vivement conseillé à ceux qui auraient le moral en berne. |
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