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RENEE BONNEAU |
Nature Morte à GivernyAux éditions ALAIN BARGAINVisitez leur site |
3378Lectures depuisLe jeudi 6 Octobre 2005
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Une lecture de |
Août 1908. C'est un bel été qui s'écoule. A Giverny, Claude Monet profite, depuis un mois, de la compagnie de Monsieur Hakasuko. Le marchand d'art japonais, tout en tact et délicatesse, est un fervent admirateur de la peinture de Monet qu'il a importé dans son pays avec un immense succès. Depuis, la cote du peintre a considérablement montée. M. Hakasuko est accompagné de sa fille, Ophélia, une jeune fille très libre pour l'époque et qui a trouvé, auprès des jeunes gens qui logent à l'hôtel Baudy tout proche, une compagnie de son âge. Ces jeunes peintres américains, talentueux pour la plupart, cherchent à approcher Monet tout en développant leur propre style. Les journées passent, avec leur lot de tension. Ophelia s'est éprise d'Elisabeth Amberson qui ne voit la que de l'amitié tandis que les mauvaises langues commençent à jaser. La jeune japonaise s'accroche avec le commandant Chamancay à propos de l'affaire Dreyfus qui est encore un véritable brûlot et rudoie sans ménagement le pauvre Linley Edwards qui a pourtant réalisé d'elle un très joli portrait. Un matin, aux aurores, Claude Monet descend travailler près du bassin aux nymphéas et y trouve le corps d'Ophelia. Le crime ne fait aucun doute. Reste à trouver, parmi tous ceux qui peuvent en vouloir à Ophelia, celui qui fut poussé à bout au point de la tuer. Linley dépité? Chamancay ulcéré qu'elle ait facilité le retour de son épouse vers la maison paternelle, interdite parce qu’antidreyfusarde? C'est plutôt du côté des toiles de Monet et de la convoitise qu'elles suscitent qu'il faut chercher le coupable… Nature morte à Giverny est le premier roman de Renée Bonneau. Sa construction est presque cinématographique avec un très long flash back qui prend les personnages un mois avant le drame pour les ramener au jour du crime. Au fil des pages lumineuses qui racontent ce mois de vacances, l'intrigue, née des tensions entre les uns et les autres, dégage un suspense prenant que sert une écriture simple et posée qui dégage une grande sérénité et beaucoup de poésie. Nature morte à Giverny est un très beau roman d'ambiance, sur un milieu et une époque. On en ressort ébloui et apaisé.
Ophélia sympathise bientôt avec les jeunes américains. Elle joue au tennis et passe d’agréables moments en leur compagnie. Elle masque son attirance ambiguë pour Elisabeth. Parfois, Ophélia se montre un peu trop vive, provocant querelles et tension. Certains pourraient s’avérer rancuniers. Un jeune jardinier légèrement simplet est amoureux d’elle. Tout comme Linley qui a peint un portrait singulier d’Ophélia, toile qu’elle déteste. Le vieux comédien et l’officier ont également des raisons de lui en vouloir. En outre, une ombre rôde la nuit dans la propriété de Monet, mal protégée contre les voleurs. Un matin, le Maître découvre le cadavre de la jeune femme dans son « jardin d’eau », le fameux bassin aux nymphéas. La police interroge tout le monde, soupçonnant fort le jardinier. C’est le journaliste qui va remarquer l’indice capital dénonçant l’assassin… Les « polars historiques » laissent souvent sceptiques. Soit ils donnent plus d’importance au contexte de l’époque qu’à l’intrigue. Soit l’étalage d’érudition nuit a l’intérêt du récit. Ici, au contraire, l’harmonie est parfaitement respectée. Un drame couve au sein de ce groupe d’amis, la mort d’Ophélia est inéluctable. Dans ce décor début du 20e siècle, entre insouciance et malaise, l’ambiance est absolument crédible. Comme ces jeunes gens, nous approchons avec plaisir et émotion le merveilleux Claude Monet. Voilà un roman de très belle qualité, et une réédition bienvenue. CONTACT : Editions du Valhermeil - 95 Rue du Mail - B.P.96 - Saint-Ouen-l'Aumône 95313 Cergy Pontoise Cedex - Tel 01.34.48.96.60 - www.corlet-editions.fr
Parution le 17 avril 2015. 218 pages. 17,00€. Première édition : Collection Pol’Art. Editions Alain Bargain. Parution 1999. ISBN : 978-2369421832 Monet, monnaie… En août 1908, le célèbre jardin de Monet est le théâtre d’un drame. Dans le bassin aux célèbres nymphéas est retrouvé le cadavre d’une jeune fille. Elle séjournait en compagnie de son père, acheteur japonais qui essayait de fléchir le peintre dans sa décision de ne plus produire de toiles et désirait acheter quelques tableaux afin de les exporter au Pays du Soleil Levant. Ophélia, tel se prénommait la jeune morte, s’était liée d’amitié avec quelques rapins américains et leurs amies venus demander conseils au maître de Giverny. A la même auberge tenue par une accorte tenancière, logent un vieil acteur et sa compagne, modèle dans sa prime jeunesse. Un apprenti jardinier est même renvoyé à cause de la dévotion jugée trop arrogante qu’il professe envers Ophélia. Elle n’avait réussi qu’à attiser rivalités, jalousie et inimitiés. Qui a pu engranger tant de haine envers la jeune fille au point de la noyer ?
Au delà de cette enquête classique qui nous offre toutefois le bon goût de ne pas étaler sur plusieurs pages les ratiocinations du policier chargé de résoudre ce meurtre lors de l’épilogue, c’est la reconstitution d’une époque du début du siècle qui prime : Monet reclus à Giverny alors que perdant peu à peu la vue il ne souhaite plus toucher à ses pinceaux ; les jeunes peintres Américains désirant ardemment obtenir des conseils du maître ; l’acteur déclamant lors de soirées spéciales des tirades empruntées au répertoire classique ou de sulfureux poèmes. Et bien entendu le jardin, décor somptueux et personnage à part entière de cette histoire, et les nymphéas qui feront le tour du monde.
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