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RENEE BONNEAU |
Meurtres Chez Sir AlfredAux éditions COHEN & COHENVisitez leur site |
1249Lectures depuisLe mardi 12 Juin 2018
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Une lecture de |
Le Festival du film britannique de Dinard se déroule tous les ans en octobre, dans cette station balnéaire d’Ille-et-Vilaine, proche de Saint-Malo. De longue date, depuis le milieu du 19e siècle, Dinard est très appréciée des Britanniques. Ce festival permet de prolonger l’attrait pour les Anglais, de milieux naturellement aisés. Cette année-là encore, on s’apprête à faire la fête, en présente de stars. Sauf que dès le lendemain de la soirée d’ouverture, un cadavre est retrouvé sous un manège en pleine ville. Il a été percuté par un véhicule, volontairement sans doute, avant d’être dissimulé. Il s’agit du scénariste Simon Leigh, pris à partie la veille par un de ses confrères, Guy Brandon. Le commissaire Hervé Le Goff doit démêler les premiers éléments. Pendant ce temps, il y a un peu d’agitation parmi les invités du festival. La productrice Margareth Woodward ne tarde pas à jeter le gigolo qui l’accompagnait, qui a dépassé les limites du cynisme. Épouse du cinéaste Charles Hamilton, Helen s’aperçoit que son mari – plus endetté que jamais – cherche à la spolier. Ambiance tendue dans les coulisses du festival. Le SRPJ de Rennes va diriger l’enquête sur le meurtre de Simon Leigh. Mais il ne semble pas si facile de mettre la main sur Guy Brandon, pourtant participant aux festivités. D’ailleurs, il ne faudrait pas l’accuser trop vite, car c’est plutôt contre Charles Hamilton qu’il en a. A Saint-Servan, une festivalière a été précipitée du haut de la Tour Solidor. Un suicide ne semble pas crédible. Il s’agit de Norma Gray, la meilleure amie d’Helen Hamilton, qui l’aidait à ne pas être lésée par son mari. La police hésite à établir un lien avec le crime de Dinard. Toutefois, le témoignage d’Helen Hamilton peut faire progresser les choses. Même si le festival se poursuit vaille que vaille, on sent bientôt une menace planer. Peut-être sur les stars présentes. Des suspects, il n’en manquerait pas. Sans doute pas ce Charlot,plus envahissant que vraiment dangereux. Mais ce genre de festivités rassemble quantité de personnes, pas toujours identifiées. D’autres morts sont-elles à redouter ?… (Extrait) “Au palais du Festival, ni les agents municipaux qui en gardent l’accès, ni les hôtesses d’accueil n’ont aperçu le scénariste, dont on guettait l’arrivée en cas d’autre manifestation intempestive. Tout cela n’a rien de rassurant. Si le crime est avéré, après le scandale de la veille, on peut penser comme Charles Hamilton à une vengeance du scénariste. La rancune de Brandon envers son remplaçant doit couver depuis longtemps. Et si c’était lui, le conducteur qui, après avoir refusé Helen Hamilton, avait chargé Simon Leigh ? Il faut absolument le retrouver sans délai.” C’est dans la meilleure traditions du roman d’enquête que Renée Bonneau nous présente une intrigue solide. Ce festival se plaçant sous l’égide d’Alfred Hitchcock, l’ambiance s’y prête déjà tant soit peu. Le déroulement des festivités est perturbé, mais le spectacle continue. Le mystère est dense, sans être inutilement chargé. Il suffit de suivre le tempo narratif souple et ses péripéties pour apprécier l’énigme. Un très bel exemple de polar classique.
Collection Bande à part. Parution le 3 mai 2018. 244 pages. 21,00€. ISBN : 978-2367490496 Une première version a été publiée chez Alain Bargain en 2000 sous le titre Séquence fatale à Dinard. T’as le bonjour d’Alfred ? De chaque côté de l’estuaire de la Rance, deux villes se font face, attirant les touristes, mais pas pour les mêmes raisons. Saint-Malo, la cité corsaire, célèbre pour ses remparts, le Grand Bé où est enterré Chateaubriand, sa gloire locale, Robert Surcouf et son salon littéraire Etonnants voyageurs. En face Dinard, la ville qui fut la station balnéaire préférée des touristes britanniques depuis le milieu du XIXe siècle, avec ses villas Belle époque, et surtout, depuis 1990, son festival du film britannique. Avec Alfred Hitchcock qui se dresse tel un Monsieur Loyal dresseur de goélands. Une référence au film Les Oiseaux, dont le scénario était signé Evan hunter, plus connu en France sous le nom d’Ed McBain, d’après une nouvelle de Daphné du Maurier. En ce mercredi 4 octobre, le festival débute sous d’heureux auspices pour les nombreux festivaliers. La présence de Sean Connery et d’Hugh Grant est annoncée dans le cadre de présentation du nouveau James Bond, Bons baisers d’Egypte, du réalisateur Charles Hamilton. Des animations, non prévues au programme, se déroulent sur la voie publique. Un homme, déguisée en Charlot, arborant une pancarte amuse la galerie. Ce n’est pas méchant, mais il ne faudrait pas qu’il perturbe le bon ordonnancement de la manifestation justement par une manifestation inappropriée. Et un briquet a été collé sur la statue d’Alfred Hitchcock, l’on se demande bien pourquoi. Toutefois un incident jette le froid au cours de la soirée. Guy Brandon, un scénariste, accuse la productrice et le réalisateur de l’avoir évincé lors du tournage de Bons baisers d’Egypte, et Simon Leigh, le scénariste qui l’a remplacé au pied levé de l’avoir plagié. Le lendemain, un cadavre est découvert sous un manège. Il s’agit de Simon Leigh et il ne s’agit pas d’un suicide, les marques de pneu relevées sur son corps en attestent. Le commissaire Le Goff est en charge de cette affaire de meurtre, ainsi que ses deux adjoints Hébert et Corre. Un juge d’instruction rennais doit venir en compagnie d’un lieutenant nommé Bertrand afin de les aider dans l’enquête. Naturellement Brandon est soupçonné. Le lendemain la statue d’Alfred Hitchcock est protégée de la pluie par un rideau de douche. Une attention délicate pense-t-on de la part de Charlot, mais celui-ci se défend d’avoir placé l’objet. Seulement l’annonce d’un autre meurtre détourne l’attention qui s’était focalisée sur le comédien amateur ainsi que sur Brandon. Norma Gray, agent d’assurance, est retrouvée sur les rochers au pied de la tour Solidor à Saint-Servan. Il ne s’agit pas d’un accident, et le présumé coupable du premier meurtre possède un alibi qui le dédouane. Alors il faut trouver ailleurs, et les meurtres se suivent et ne se ressemblent pas. Tout comme les objets qui sont apposés sur la statue d’Alfred. A quoi cela peut-il bien correspondre ? Heureusement que le festival ne dure que quatre jours sinon combien de morts y aurait-il à déplorer ? Et Le Goff, ses adjoints, le juge d’instruction qui effectue la navette, ou encore le lieutenant Bertrand, naviguent entre les présumés coupables, les soupçons se déplaçant ou se focalisant au fur et à mesure que les cadavres se récoltent. Parmi les nombreux protagonistes qui évoluent dans ce roman-hommage, on notera que, pour une fois, les acteurs célèbres qui gravitent dans ce roman sont réduits au rôle de figurants, mais ils font, au moins pour l’un des deux, de la figuration intelligente. Figuration moins intelligente de la part de certains individus, tel Robert Davis, le jeune amant de la productrice quinquagénaire, qui s’amuse à jouer au casino et perdre de l’argent qu’il n’a pas, et se moque publiquement de sa maîtresse qui saura le remettre à flot en compensation de quelques prouesses. Il ne faut jamais se moquer d’une femme qui vous prend sous son aile, sinon elle peut vous voler dans les plumes. D’autres personnages jouent un rôle plus ou moins prépondérant dans cette intrigue, ainsi ce journaliste du quotidien régional qui est également membre du jury, ou cette jeune starlette qui débute mais ne cherche pas à coucher pour faire carrière. Un roman habilement concocté, un peu comme aurait pu le réaliser Sir Alfred, avec son lot d’angoisse, de suspense, d’humour, de tergiversation et de fausses pistes.
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