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GERARD BARDON |
Les Contes Et Légendes Du PoitouAux éditions MARIVOLE |
243Lectures depuisLe mercredi 23 Aout 2017
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Une lecture de |
Avec la participation amicale de Francine Poitevin, Casimir Puichaud, Léo Desaivre, et autres auteurs poitevins. Préface de . Collection Contes & Légendes. Parution juin 2017. 160 pages. 20,00€. La France profonde possède ses charmes littéraires à ne pas négliger. Chaque province, ou région, possède un réservoir inépuisable de Contes et légendes transmises oralement depuis des siècles, voire des millénaires, qui ont fait par la suite la plus grande joie des scripteurs, perpétuant sur papier leur transmission. Et incidemment offrant une source d'inspiration à de nouveaux conteurs qui pouvaient à loisir améliorer, transposer, enrichir ces textes à leur convenance, puisant l'idée conductrice comme Lafontaine s'inspira d'Esope. Ces contes et nouvelles sont évidemment le reflet d'une société, la roublardise, la jalousie, l'amusement aux dépens d'autrui, la conjuration d'une peur, l'exorcisme du Diable, l'adjuration d'un animal fantastique auquel on prête des pouvoirs surnaturels, ou tout simplement de petits faits quotidiens tournés en dérision. Le Poitou, composé de la Vienne et des Deux-Sèvres, ainsi que de la Vendée et d'une partie de la Haute-Vienne et du nord de la Charente, n'est pas une province réputée pour ses contes et légendes, comme la Bretagne par exemple. Pourtant, elle possède un patrimoine historique et littéraire indéniable qui forgea une partie de ces contes. En oblitérant les batailles célèbres qui se déroulèrent sur son sol, celle de Poitiers par exemple qui opposa Charles Martel aux Sarrazins, puis toujours à Poitiers celle qui vit s'affronter le Prince Noir à Jean II dit le Bon, en ne tenant pas compte de ses personnages célèbres, dont Théophraste Renaudot, père du premier journal imprimé, la Gazette, le 31 mai 1631, support indispensable pour relater les faits-divers et accessoirement devenir le vecteur littéraire par excellence, il reste dans l'imaginaire populaire au moins un personnage légendaire qui perdure : la Fée Mélusine. Et quelques animaux issus du bestiaire fantastique dont la Bête d'Angles, un ours qui fit de nombreux ravages parmi les jeunes filles concurrençant la Bête du Gévaudan. Les quarante-huit textes recueillis dans ce volume sont regroupés en chapitres aux noms évocateurs : Les revenants, Les créatures fantastiques, Les pactes avec le diable, Légendes pieuses, Génies et fées, Des faits à la légende, Conte des oiseaux, Contes facétieux et contes de fées.
Parcourons quelques-uns de ces contes afin de nous donner une idée plus précise du contenu, contes que l'on peut retrouver dans d'autres régions, sous des formes différentes mais dont l'idée principale est la même. Ainsi dans Le Curé de Parthenay-le-Vieux, nous retrouvons l'histoire d'un curé qui pour aller au ciel, est obligé de trouver un servant pour célébrer une messe comme dans Le moine du Castennec, issu des Contes et légendes de Bretagne. Plus étonnant est le conte intitulé Le Conte de la fève. Un pauvre homme nommé Jacquet, dont la femme s'appelle Jacquette et ses onze enfants surnommés les petits Jacquilou, plante une fève dans son courtil. Cette fève pousse et devient si haute qu'elle touche les nuages. Il en entreprend l'ascension et se retrouve au Paradis, devant Saint-Pierre. Cette histoire ressemble par certains points à Jacques et le haricot magique, conte d'origine anglaise, ainsi qu'avec quelques historiettes qui mettent en scène Trois vœux. Mais bien évidemment il ne s'agit que d'un contexte similaire, le développement est différent ainsi que l'épilogue. Le Fermier bien avisé démontre toute la rouerie dont peut faire preuve un paysan face à un maître qui se montre jaloux de ses bonnes fortunes. Lassé de voir les veaux de Rouleau, le paysan, venir brouter dans ses blés, le maître lui promet que la prochaine fois il tuera les bêtes. N'importe répond Rouleau, je porterai les peaux à la foire. Et ce qui fut dit, fut fait. Par un heureux concours de circonstances, des bandits de grands chemins passent par là et Rouleau grimpe à un arbre, lâche ses peaux à terre. Les malandrins apeurés s'enfuient, pensant à un sort diabolique, et laissent leur baluchon empli d'or. Et c'est ainsi que Rouleau va berner à plusieurs reprises son maître bien moins finaud que lui. La véritable histoire de Mélusine prend sa source dans les nombreux contes de fées qui de touts temps alimentèrent l'imaginaire. Pour avoir offensé son père, le roi d'Albanie Elinas, elle fut châtiée par sa mère, la fée Pressine, laquelle lui infligea comme malédiction de se transformer, les samedis, en serpent de la ceinture jusqu'aux pieds. Elle rencontra Raimondin, le neveu du comte de Poitiers, ils tombèrent amoureux l'un de l'autre, furent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Mais Raimondin, un jour, dérogea à sa promesse de ne pas regarder Mélusine le samedi.
Les animaux tiennent une place non négligeable et l'on retrouve le Loup-garou, emblème du bestiaire fantastique, ou encore le Cheval Mallet, animal fabuleux qui lorsqu'il a une personne sur son dos traverse les airs, pouvant parcourir en une nuit l'univers, non sans contrepartie. Les guerres ne sont pas oubliées, et outre les deux principaux faits d'armes évoqués plus haut, il ne faut pas oublier cette année 1202, au cours de laquelle Philippe-Auguste, roi de France, et le roi Jean dit Sans-Terre qui règne sur l'Angleterre et une partie de l'Aquitaine, s'opposent. Les troupes anglaises sont répandues dans le Périgord et le Limousin, et le Poitou est une province attisant les convoitises, principalement la ville de Poitiers, comme en atteste Le siège de Poitiers.
Les textes, courts, sont agrémentés de nombreuses illustrations, dessins et photographies noir et blanc, qui apportent un cachet et un intérêt supplémentaires à cet ouvrage. Les auteurs, dont Francine Poitevin, respectent le parler local, patois ou dialecte, dans les dialogues, et nul n'est besoin d'un dictionnaire pour comprendre le sens des échanges verbaux. |