l’orme aux loups de Thierry BERLANDA


L’orme Aux Loups BERLANDA578

THIERRY BERLANDA

L’orme Aux Loups


Aux éditions DE BOREE


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Le mercredi 12 Juillet 2017

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Thierry BERLANDA




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Dans le Sancerrois, au temps du roi Henri III. En ce froid hiver 1584, il n’est pas rare que les loups sillonnant ces campagnes du haut-Berry s’attaquent aux humains de passage. En cas de morts violentes, c’est souvent à eux que l’on attribue les agressions mortelles. Ou alors, quand arrive à Sancerre un étranger tel que Fondari, venu du duché de Savoie, on ne tarde pas à lui attribuer tous les méfaits. Car ce n’est guère plus qu’un vagabond, ce saltimbanque accompagné d’un animal monstrueux. Fondari est montreur d’ours, souvent bien accueilli chez les seigneurs locaux appréciant les divertissements. Mais ici, ce sont les hommes d’armes du bailli Danlabre qui vont bientôt s’occuper de Fondari. C’est ainsi que son ours s’échappe et s’enfuit, disparaissant pour se cacher dans les forêts voisines.

Tandis que le montreur d’ours risque de croupir dans quelque geôle sur ordre du bailli, le jeune comte Joachim intervient et se fait expliquer la situation. C’est en voulant retrouver la petite Lison, fille de la lingère Jeanne, qui s’est perdue par peur des loups menaçants, que Fondari est tombé dans les mains de ce diable de bailli. Si Joachim est compréhensif et bienveillant, il n’en va pas de même pour son père, le comte Fulbert de Bueil, maître de la région. Ce vieux guerrier entend encore protéger sa ville comme il l’a toujours fait, assisté de son fidèle piquier Lacramont. Et, puisqu’il le faut, tous deux iront traquer l’ours dans les collines environnantes, quel que soit le danger. Son fils unique Joachim est beaucoup trop tendre, et sans doute inapte à maîtriser une pareille affaire, estime le comte Fulbert.

Si Fondari ne peut plus se réfugier dans l’auberge où il comptait loger, il trouve asile chez le curé Jacquelin. À cause des querelles religieuses encore vives, le prêtre catholique n’est pas en odeur de sainteté auprès des notables de Sancerre. Le comte Fulbert ne le reçoit jamais mais garde une certaine neutralité dû à un épisode passé. Le bailli Danlabre affiche davantage son hostilité contre le curé et sa bonne Marthe. D’ailleurs, il fait surveiller toute la ville par ses hommes, afin d’arrêter Fondari. En particulier, la maison du prêtre. Pour en sortir, le montreur d’ours doit ruser. Il parvient à tromper la vigilance des guetteurs, s’en allant chercher vainement son animal aux alentours.

Le meurtre de Gilles Pastou, un rimeur fréquentant plus que de raison les tavernes, serait passé presque inaperçu, s’il n’avait été aussi un des bons informateurs du bailli Danlabre. Puis ce fut Rémi, le fils du coutelier Mahé, que l’on assassina. Rémi était un des "mignons" tant apprécié par le même bailli. L’ours en cavale pourrait être le tueur. S’il bénéficie de la protection relative du jeune comte Joachim, Fondari n’est pas à l’abri des accusations…

(Extrait) “— Que voulez-vous qu’un montreur d’ours venu de si loin ait eu à reprocher, au point de les tuer aussi sauvagement, à deux hommes qu’il ne connaissait pas ?

— Sa bête…

— Balivernes ! Sa bête se terre dans la forêt de l’Orme aux loup, plus effrayée sans doute par nous que nous par elle, et n’aurait pu en tout cas montrer assez de discernement pour attaquer précisément deux membres de votre police plutôt que cette enfant de Jeanne, la lingère, ou quelque autre habitant de la ville. Non, le criminel n’est ni l’étranger ni son ours, mais bien un homme d’ici, et peut-être bien un de vos familiers qui souhaite vous atteindre vous-même, monsieur le bailli, et y réussit d’autant mieux que vous ne songez pas à lui donner la chasse…”

Certes, la ville de Sancerre possède une longue histoire, dont un des aspects est évoqué dans ce roman. Mais, pour pouvoir parler de "polar historique", le contexte est insuffisant, aussi bien décrit soit-il. Encore faut-il que ce soit l’intrigue à suspense qui prime. Ce qu’a parfaitement compris Thierry Berlanda, des morts suspectes constituant le moteur du récit. En ce temps-là, quand on ne guerroyait pas entre seigneuries ou pour des prétextes religieux, des bandits de grands chemins trucidaient fréquemment les voyageurs. Ou alors des bêtes sauvages et monstrueuses s’invitaient au plus près des villes et villages, afin d’occire cruellement quelques habitants, souvent femmes ou enfants.

Enquêtes et justice étaient en ces lointains siècles des notions assez vagues. Il suffisait de désigner arbitrairement un coupable, parmi les plus soupçonnables, et voilà tout. Rares étaient probablement les affaires correctement résolues. Par exemple, on a retenu le cas de Martin Guerre, possible usurpation d’identité mal prouvée. Ici, on voit le bailli Danlabre sembler mener une enquête plutôt approximative, mais peut-être est-il plus attentif qu’il ne paraît. Le rôle du jeune comte Joachim n’est pas anodin, car on imagine aisément que sans son intervention – et celle du curé Jacquelin – le sort du suspect Fondari eût été vite scellé. Grâce à une tonalité fluide, parfois même enjouée, Thierry Berlanda nous entraîne dans un fort agréable voyage dans le temps, avec quelques sombres crimes et un assassin à identifier.

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