le monde d'en-bas de Alain BRON


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ALAIN BRON

Le Monde D'en-bas


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Alain BRON




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

Parution 19 août 2015. 332 pages. 20,00€.

Visitez les sous-sols parisiens, ça vous changera des stations de ski !

Certains couchent sous les ponts, sous des cartons, encoignés dans des porches d'immeubles, sur les grilles des bouches d'aération du métro... Ettore Bisulli vit dans un refuge, interdit au public mais ignoré de tous, dans le sous-sol parisien transformé en emmental, à cause des nombreux souterrains qui le traversent.

Ettore Bisulli est un ancien des Brigades Rouges, ceux qui ont défrayé la chronique italienne dans les années 1970, mettant en péril le régime politique. Il faisait partie de la branche Douze, et participait à des agressions, des hold-up et autres manifestations illégales. Il a vécu avec ses compagnons dans les sous-sols milanais puis appris en prison le métier d'électronicien-informaticien.

Aujourd'hui il vit dans un local désaffecté du métro, il s'est aménagé un coin presque douillet, grâce aux bons offices d'un compatriote, originaire comme lui d'Emilie-Romagne. L'homme lui a fourni des clés et des vêtements d'ouvriers, et il peut ainsi se déplacer sans être importuné dans les diverses galeries qui parcourent le sous-sol parisien.

Mais des hommes sont à sa recherche. Notamment Gianfranco Caselli qui fut l'un de ses compagnons dans les Brigades. L'homme tire sur lui, mais à cause d'un faux mouvement, il tombe sur les voies. Impardonnable lorsque qu'une rame déboule. Il ne reste qu'un cadavre de son agresseur. Tant pis fallait pas venir le chercher pense Ettore.

Le commissaire Berthier du 36 Quai des Orfèvres est chargé de cette affaire, ne sachant pas s'il s'agit d'un meurtre, d'un suicide ou d'un accident. Malavaux, son adjoint, et Paule, la secrétaire, vont l'aider dans ses recherches, audition des témoins, renseignements à récolter auprès des employés du métro, visionnage des vidéos grâce aux caméras placées sur les quais.

Philippe Néret a de qui tenir. Son père est éditeur germanopratin et lui-même a créé sa propre maison d'éditions. Pour le moment il reçoit surtout des manuscrits, mais n'a pas encore de titre à afficher à son catalogue. Pourtant, le manuscrit qui lui est parvenu peu de temps auparavant retient son attention, et celui de sa secrétaire à tout faire. Un roman qui est également un récit, celui d'un ancien brigadiste italien. Mais ce manuscrit n'est que partiel et il attend la suite avec impatience. Et comme cela ne vient pas assez vite à son goût, il va se lancer à la recherche du rédacteur, entrainant dans son sillage la belle Octavia qui prend de plus en plus de place dans sa vie, et sur son canapé.

Berthier et ses adjoints ne mettent que peu de temps pour identifier celui qui se cache dans le métro, à cause d'empreintes digitales découvertes sur une porte donnant dans le tunnel, juste en face de l'endroit où Caselli à embrassé les rails. Mais encore faut-il le dénicher. Et revient à la surface une autre affaire dans laquelle un Italien était impliqué. Lui avait embrassé le bitume, chutant du toit du Conseil d'Etat ou d'un immeuble proche de cet édifice.

Alors qu'Ettore déambule dans les couloirs du métro afin de rejoindre la surface, une naine le reconnait et le met en garde. La police le recherche. Elle l'emmène dans une des caches où sont entassés des SDF, des migrants pour la plupart, auxquels elle apprend à s'exprimer et à quémander en à peu près bon français.

Mais un nouveau larron est à la recherche lui aussi d'Ettore. Federico, le quatrième mousquetaire à avoir participé à l'attaque d'un fourgon blindé. Federico est lui aussi recherché par Berthier qui l'a reconnu alors que le commissaire embarquait pour un voyage en Italie, tandis que Federico débarquait. Berthier dont la mémoire visuelle est quasiment sans faille, mais qui avait eu l'impression de connaître l'homme qu'il venait de croiser, une impression fugace qui s'est réveillés dans les locaux de la police italienne. Tandis que Berthier et consorts le cherchent dans les hôtels, Federico vit chez un ami et passe ses après-midis aux Archives Nationales, compulsant des documents sur les souterrains parisiens, égouts, galeries du chauffage urbain, métro et autres.

Le filet se resserre autour d'Ettore qui toutefois continue à écrire son manuscrit, en réalité d'un tapuscrit rédigé sur un ordinateur, relatant ce qu'il a vécu entre 1970 et 1978; et même après, lors de son arrestation, son jugement, ses années de prison. Il se pose en idéologue, sentiment dont beaucoup de brigadistes se prévalaient, tandis que d'autres n'étaient que de fieffés truands.

L'occasion pour Alain Bron de revenir sur les années de plomb, de décrypter les événements, de mieux cerner les hommes, sans les absoudre mais sans non plus leur jeter l'opprobre. D'ailleurs pour Octavia qui lit, relit, corrige le manuscrit, ce roman décrit des idéologues à la ramasse qui en arrivent à s'aliéner le peuple pour lequel ils disent se battre.

Outre ce témoignage qui a dû demander de longues recherches de la part de l'auteur, afin de remettre les faits dans leur contexte, sans tomber dans l'outrance de certains homme politiques, italiens ou français, de journalistes qui ne vérifient pas toujours leurs sources obéissant aux arcanes du pouvoir en place, cette histoire est également l'occasion pour Alain Bron d'égratigner le paysage éditorial germanopratin, mais pas que. Néret ne manque pas de cynisme puisque selon lui seul l'argent compte, pratiquant ainsi une forme d'éthique dont s'entourent la plupart des éditeurs. Une posture éminemment caustique.

Quant aux relations, professionnelles et charnelles, qui lient Néret et Octavia, elles évoluent lors de leur quête de l'auteur du manuscrit que Néret veut absolument publier, non pas tant pour la valeur du témoignage mais parce qu'il sent qu'il tient une pépite susceptible de lui rapporter beaucoup d'argent, surtout si cela débouchait sur une proposition cinématographique. Mais il faut qu'Octavia réécrive une partie du texte.

Une prise de position de la part d'Alain Bron, qui n'a pas dû plaire à quelques éditeurs, lesquels auraient pu et dû publier ce roman riche d'enseignements. Mais le thème abordé n'a-t-il pas tenté des éditeurs trop frileux ou vexés des coups de griffes assenés à leur encontre. Seule la vérité blesse. A moins que ce fut un choix délibéré de la part d'Alain Bron de ne pas passer par un éditeur traditionnel, afin de garder l'intégrité de son texte, de ne pas être obligé d'opérer des coupures, de garder son indépendance d'auteur.

Les personnages ne manquent pas de saveur et par exemple le commissaire Berthier, qui n'a eu des nouvelles de sa femme Anne, partie sans sommation, que brièvement, est tout étonné non seulement de la revoir mais d'entendre la requête qu'elle lui adresse.

Tout comme monsieur Jourdain s'exprimait en prose sans le savoir, Malavaux pratique l'humour pince-sans-rire sans s'en rendre véritablement compte. Lorsque le commissaire Berthier lui certifie qu'ils vont aller manger un poulet bio élevé au grand air, il rétorque :

On s'en fout pas mal que le poulet soit élevé au grand air; de toute façon on mange pas les poumons !

Le genre de roman dont on ne peut pas sauter des pages, sous peine d'en perdre la saveur et, de la part de certains critiques ou chroniqueurs, d'émettre des propos dissonants quant au contexte et au contenu.

Et vous qui aimez la justice, la liberté d'expression, les livres remarquablement écrits, abordant des thèmes peu souvent développés avec impartialité, n'ayez pas peur de lire Le monde d'en-bas qui est un triple reportage sur les sous-sols parisiens, les années de plomb et les méthodes éditoriales.

Et on ne peut pas s'empêcher de penser à Cesare Battisti, qui a toujours nié avoir du sang sur les mains, même s'il fit partie des Brigades rouges, mais condamné à fuir. Et les hommes politiques reniant la parole de la France, des journalistes leur emboîtant le pas, de dénoncer sans preuve, de vouloir l'extrader, juste pour faire plaisir à des amis italiens qui eux-mêmes ne sont pas sans reproche. Mais ceci ne nous regarde pas...

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