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JEAN-PIERRE BATHANY |
L’homme Sous La PluieAux éditions SIXTOVisitez leur site |
1135Lectures depuisLe mardi 21 Decembre 2016
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Une lecture de |
Portant éternellement une parka de cuir et un bonnet de laine, mal rasé, Tom Harouys n’a pas l’allure de sa fonction. Il est commandant de police dans l’agglomération nantaise. S’il a une amie, Harouys préfère cohabiter avec son chat, aussi exigeant et ingérable soit-il. Ce policier n’est pas en bonne santé, mais il néglige ses douleurs. Depuis une récente affaire, qui l’a opposé à un médiocre dealer prénommé Freddy, il pense que sa hiérarchie souhaite l’écarter au profit d’un collègue plus servile. Harouys est assisté par son jeune collègue Delorme, nettement moins chevronné que lui. Un crime sanglant a été commis dans une ferme rénovée des environs. La victime, un homme âgé, habitait seul dans cette maison isolée. Selon le voisin qui a alerté la police, il était peu liant, pas causant. C’est le juge Beauger, pas vraiment sympathique avec ses idéaux passéistes, qui traite le dossier. Harouys n’échangera qu’un minimum d’informations avec lui. Le policier retourne sur les lieux du meurtre, cherchant aux alentours d’éventuelles traces de l’assassin. Oui, il en a laissé alors qu’il surveillait la maison louée depuis deux ans par sa cible. La victime poignardée se nomme Bernard Fresnel. Du moins est-ce le nom sur sa carte d’identité, en version cartonnée ancienne, plutôt facile à falsifier. En parallèle, Harouys continue à faire pression sur le dealer Freddy, hospitalisé. Ce minable est mêlé à une embrouille, dont il n’est certainement pas l’instigateur. Le policier n’éprouve aucun scrupule à le secouer, afin qu’il avoue ce qu’il sait. Au risque que Freddy soit lui-même en danger. Vérification faite, la victime disposait en effet de faux papiers. Reste à savoir qui était le vrai Fresnel, dont il a usurpé l’identité. Faut-il imaginer qu’il a éliminé celui dont il a pris le nom ? Voilà quelques temps, le soi-disant Fresnel fut l’objet d’une plainte, suite à une altercation lors d’un accrochage en voiture. Le juge en charge de l’affaire ne voit là qu’un litige de base, dû à une incivilité courante. Harouys entreprend d’explorer la maison du prétendu Fresnel. En fouinant, le policier découvre une vieille photographie et, surtout, des documents bien cachés. Ils concernent un épisode de notre Histoire remontant au tout début des années 1960. Il apparaît évident que le faux Fresnel et ses deux amis, sur la fameuse photo, firent partie des "affreux" du Service d’Action Civique. Même si le temps a passé, enquêter sur le SAC reste problématique. Ces mercenaires ont longtemps été protégés par les politiciens gaullistes et leurs héritiers. Les expériences de la France en Algérie sont encore considérées comme Secret Défense. Un portrait-robot suffira-t-il à Harouys pour reconnaître un assassin qu’il ne désapprouve pas ?… (Extrait) “— L’enquête en cours ? Elle n’a pas réellement débuté. Et puis Blanchet prendra la relève. Harouys fut sonné par la proposition. Ce remplacement par un collègue, surtout Blanchet, il le ressentait comme une humiliation. La surprise passée, il refusa toute mise à l’écart, fut-elle momentanée. Il mènerait l’enquête jusqu’à son terme. Ce n’était pourtant pas l’envie qui lui manquait de prendre le large, de s’octroyer un peu de bon temps avec son amie. Mais il y avait ce crime dans cette maison isolée.” Dès l’entame de cette intrigue, le lecteur est invité à comprendre que les faits se réfèrent au passé. Une époque qui semble bien lointaine, ces années 1960. Un contexte différent de notre vie actuelle. Avec De Gaulle, "Le prestige de la France" devenait le maître-mot, notre pays étant évidemment "en avance" sur quasiment toutes les autres nations. Autonomie technique, scientifique, pétrolière, économique, nous étions le peuple le plus heureux du monde. Certes, les magouilles colossales de la Françafrique succédaient à la défunte colonisation, et bien d’autres secrets scandaleux étaient couverts par le régime – les financements occultes enrichissant éhontément les proches du pouvoir. Le système taisait également la vérité sur des exécutions en bonne et due forme. Nulle tache ne devait salir le blason rutilant du gaullisme triomphant, le SAC y veillait. C’est un héros fatigué que nous présente ici Jean-Pierre Bathany. Pas de heurt frontal avec la hiérarchie policière et judiciaire, mais il est bien obligé de masquer ses résultats. Il ne ménage pas sa santé pour éclaircir le mystère. Roman d’enquête, c’est vrai. Pourtant, c’est la noirceur qui domine, dans la vengeance en cours comme par l’origine de l’affaire. Un sombre suspense, à découvrir. |
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