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M.C. BEATON |
Agatha Raisin – La Quiche FataleAux éditions ALBIN MICHELVisitez leur site |
1401Lectures depuisLe mercredi 9 Juin 2016
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Une lecture de |
Mrs Raisin est une femme énergique, une pure citadine londonienne. Elle a consacré sa vie à sa société de communication : “Agatha n'était habituée qu'à trois registres : autoritaire avec ses employés, insistant avec les médias, onctueux avec ses clients.” Elle n'est âgée que de cinquante-trois ans, quand elle décide de vendre son entreprise et d'aller vivre à la campagne, dans les Cotswolds. Agatha Raisin a acquis et a fait aménager un cottage dans le petit village de Carsely. Elle sent très bientôt qu'elle aura du mal à s'intégrer. Ce n'est pas en débauchant la femme de ménage de sa voisine qu'elle améliorera la chose. Elle se dit que participer à un "concours de quiche" local peut lui donner une image sympathique. Sauf que, ne se nourrissant que de plats au micro-ondes, elle ne connaît rien à la cuisine. Agatha achète une quiche aux épinards chez son traiteur habituel, à Londres. Le couple Cummings-Browne, organisateurs du concours, lui semble prétentieux. Elle est aisée, lui se dit ex-major. Déception : c'est Mrs Cartwright qui remporte le concours de quiches, comme tous les ans. Favoritisme, sans doute. Peu après, le major Cummings-Browne meurt empoisonné, à cause de la quiche d'Agatha Raisin. Elle contenait de la ciguë aquatique. Le jeune agent de police Bill Wong ne tarde pas à deviner la supercherie. Elle doit avouer. Vérification faite auprès du traiteur, il ne peut s'agir que d'un accident. Encore que la ciguë aquatique, on n'en trouve pas partout. Sa voisine hargneuse et le reste du village vont la considérer comme la tricheuse qu'elle est, beau résultat. Pour le week-end, Agatha invite son ancien assistant Roy Silver, vingt-cinq ans, avec son ami Steve. Ceux-ci l'encouragent à soupçonner un meurtre, et à mener sa propre enquête. Entre fête villageoise et visite d'un château, le trio fait du tourisme. Ils remarquent qu'une dame inconnue fixe haineusement Agatha. Elle va demander à Bill Wong de l'identifier. Le jeune policier l'incite à cesser ses inutiles investigations. Agatha entre en contact avec le pasteur et sa très patiente épouse. Laquelle admet que les tricheries sont fréquentes dans les concours locaux. Toujours dans le but de s'intégrer, mais aussi d'enquêter, Agatha participe au comité paroissial. Elle rencontre Mrs Cartwright, la gagnante, une joueuse impénitente flanquée d'un mari inquiétant. Celle-ci souligne que la veuve Cummings-Browne est une bonne comédienne amateur. Ce n'est pas l'odieux couple Boggle qui remontera le moral d'Agatha. Une piste se présente : Barbara James fut une des conquêtes du major. La discussion entre elle et Agatha se termine en pugilat, dans un lieu public. Mrs Raisin décide raisonnable de cesser son enquête, et de se consacrer à une vente aux enchères caritative, cédant des objets dont elle ne veut plus. Rejointe par Roy, il s'agit de rameuter la population des environs. C'est un franc succès, relayé par quelques médias. Entre la dame qui l'observait avec haine et une agression près de son propre cottage, Agatha n'en a pas fini avec cette enquête. Malgré le soutien amical de Bill Wong, elle envisage de quitter Carsely. Elle devrait le faire avant qu'il ne soit trop tard, car Agatha va être confrontée à l'assassin du major, mettant sa vie en danger… C'est la toute première aventure de Mrs Agatha Raisin, une série de romans (vingt-sept titres à ce jour) qui connaît un beau succès en Grande-Bretagne. Il s'agit d'hilarantes comédies policières, telles que les Britanniques savent en écrire. L'auteure ne cache pas la référence à la plus grande "reine du crime", Agatha s'improvisant enquêtrice à la manière d'une Miss Marple. Néanmoins, elle souligne des nuances : “Est-ce que tu lis Agatha Christie ? Eh bien, moi aussi. Ces romans policiers sont charmants mais, crois-moi, les meurtres sont en général des crimes soudains et violents, perpétrés dans les grandes villes, par exemple quand une brute imbibée d'alcool bat sa femme à mort...” Il n'en reste pas moins qu'on s'inscrit ici dans la tradition de l'intrigue énigmatique : “Elle acheta trois romans policiers — un Ruth Rendell, un Colin Dexter et un Colin Watson — puis regagna sa voiture. Elle ouvrit le Colin Watson d'une chiquenaude et fut happée dès la première page. Ah ! Les joies de la littérature policière !” Nous faisons connaissance avec cette pétulante quinquagénaire, cheveux châtains, visage carré, silhouette trapue, et assistons à ses démêlés de citadine, totalement inadaptée dans un paisible village anglais. Cumulant bourdes et bévues, se croyant une brillante détective, Agatha Raisin trouvera quand même des gens moins hostiles. Tel le sympathique jeune constable Bill Wong, et Margareth Bloxby, l'épouse du pasteur (qui lui-même trouve Agatha insupportable). L'univers de l'héroïne se peuplera au fil de la série, avec les rôles de la femme de ménage Doris Simpson, de l'ex-assistant Roy Silver, du nouveau voisin James Lacey (apparaissant ici vers la fin), et de quelques autres personnages récurrents. On les retrouvera dans le deuxième opus, “Remède de cheval”, également disponible en français. Inutile de préciser que les tribulations d'Agatha Raisin, racontées avec fluidité sur une tonalité enjouée, sont riches en péripéties mouvementées et en drôlerie. Si le polar peut être très sombre, il est également fort agréable de lire d'excellents romans souriants comme celui-ci. |
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