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YVONNE BESSON |
La Nuit Des AutresAux éditions LA TABLE RONDEVisitez leur site |
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Une lecture de |
Pour Marville, petite station balnéaire de la côte normande, Cordier n'était pas seulement un écrivain de renom mais un être intimement lié à la cité. L'histoire de Cordier, tant sentimentale que littéraire, s'enracinait au plus profond du tissu social de la ville, de ses quartiers, de ses rues, de ses habitants. Autour de ce personnage et de ses écrits, Yvonne Besson construit une intrigue policière qui nous conduit au cœur de la vieille bourgeoisie Marvillaise, de ses drames et de ses secrets inavouables. Le décès de Cordier, survenu 30 ans plutôt, aurait dû tranquilliser les notables vieillissants. Pourtant sa disparition ne semble pas avoir levé la menace qu'il représentait. Pour preuve les morts tragiques qui viennent de frapper deux membres éminents de l'association célébrant sa mémoire. Avec La nuit des autres, Yvonne Besson met en scène toutes les figures emblématiques du néo-polar : bourgeois, collaborateur, pédophile, élu FN, flics avinés et racistes… tout ce qui est de bon ton, dans un souci générique de désigner sous le vocable de beauf voire de veau. Mais à la différence de celui-ci, ces personnages ne sont pas saisis dans une approche politique. L'auteur nous restitue ces personnages dans leur milieu social, immergés dans leur classe avec ses codes et ses préjugés. Carole Riou, l'enquêtrice, à l'inverse de son collègue de la PJ de Rouen, dépêché sur place pour mener l'enquête, ne démasquera le véritable coupable que parce qu'elle percera les motivations de chacun des protagonistes, qu'elle comprendra leurs ressorts psychologiques. Ce vieil universitaire ne serait qu'un pédophile… Cette évidence, Carole refusera de l'admettre et tentera de comprendre les mobiles qui l'avaient conduit à se lier à ce jeune éphèbe aux allures d'un Tadzio. Elle comprendra que ce sont des raisons identiques qui l'avaient poussé à prendre de force la présidence de l'association « « . Elle mettra à jour les fêlures du vieil homme : sa quête de la beauté, sa fascination pour Thomas Mann, son échec et son aigreur… sa recherche de la gloire. Autant de frustrations qu'expliquent par son appartenance sociale, son immersion dans une catégorie sociale que régissent des schémas stricts. Et grâce à cette découverte l'enquête progressera jusqu'à sa conclusion. Le refus de la problématique néo-polar ne se cantonne pas seulement dans une approche de type sociologique, elle se double, bien évidement, du rejet du complot comme élément moteur et explicatif de l'histoire. Les meurtres ne résultent pas de magouilles, d'actes intentionnels réfléchis et planifiés dans quelques cabinets secrets afin de dissimuler une carambouille politico-financière. Ils sont le fruit d'individus désemparés, ballottés, déchirés et détruits par les antagonismes de classes qu'ils vivent dans leur chair, sans en avoir conscience, pensant qu'il ne s'agit que de la méchanceté des hommes ou la malchance de leur naissance. Ils concluent un enchaînement de circonstances que seul le hasard ordonne. |
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