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Revue Rocambole N°73 : Héros Illustres Et Illustrés Populaires BULLETIN_DES_AMIS_DU_ROMAN_POPULAIRE485

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Revue Rocambole N°73 : Héros Illustres Et Illustrés Populaires


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revue rocambole n°73 : héros illustres et illustrés populaires
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 BULLETIN DES AMIS DU ROMAN POPULAIRE




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

176 pages.17,00€.

Bécassine et Pieds Nickelés : même combat !

La distraction évidemment, loin de la mission première des illustrés pour la Jeunesse dont le mot d'ordre était d'abord instruire puis distraire.

Ce numéro 73 de la revue Rocambole prend pour thème les journaux illustrés pour la jeunesse. Vaste domaine qui a déjà été abordé dans de précédents numéros, dont Histoire de l'Intrépide (Rocambole N°34/35), Les illustrés pour la Jeunesse (Rocambole N°52/53), plus de nombreux articles dans d'autres dossiers, comme dans Hetzel, éditeur populaire (Rocambole N°68/69) créateur du célèbre Magasin d'éducation et de récréation - toujours la référence à l'éducation et à la distraction - dans lequel les jeunes lecteurs découvriront les textes de P.J. Stahl, pseudonyme de Hetzel lui-même, traducteur et adaptateur notamment des fameux Patins d'argent, et les débuts de Jules Verne qui alimentera sans discontinuer cette revue devenue mythique.

Une fois de plus ce dossier n'établit que les bases d'une communication qui ne peut être complète qu'en plusieurs volumes. Mais il a l'avantage d'en fournir les bases et l'historique, comme dans l'article de Guillemette Tison : Plaire et instruire : la presse pour les jeunes au XIXe siècle.

L'initiateur de ces fascicules qui deviendront pléthore et connaitront leur âge de gloire au XXe siècle a pour nom Berquin, lequel publie en 1782 un mensuel, L'ami des enfants, qui ne durera que 24 numéros et sera par la suite repris en volume traduit notamment en Angleterre dès 1783.

D'autres suivront dont Le Journal des enfants, qui durera de 1832 à 1897, une longévité dont peu de publications peuvent se prévaloir. Mais ces publications n'ont pour d'autre but que d'éduquer et distraire (oserai-je écrire que cette dernière visée ne possède pas le même sens que celle d'aujourd'hui qui tend à la franche rigolade) avec la plupart du temps une connotation morale.

Dans l'éditorial du numéro Un du Journal des enfants, Jules Janin écrit cette déclaration d'intention édifiante :

Enfants ! nous voulons prendre de vous tous les soins que mérite notre enfance; vous êtes bien jeunes, mais vous vivez dans un temps où il faut grandir vite...

Que ce soit à leurs débuts, où les textes prédominaient, contes, nouvelles, articles géographiques, scientifiques, biographiques, puis par la suite quand place fut faite aux bandes dessinées, le succès de ces publications n'auraient pas été aussi éclatant sans l'apport des illustrations dues aux talentueux dessinateurs que furent Gustave Doré, Grandville, Benjamin Rabier, André Galland....

Daniel Compère, dans Le développement des publications au début du XXe siècle, prolonge l'article précédent et développe un panorama des journaux et fascicules pour la Jeunesse créés entre 1889 et 1914, des magazines qui perdureront pour certains jusqu'au début des années 1960, parfois en changeant de titre et de formule grâce à des regroupements économiques bénéfiques.

Ainsi Le Petit Français illustré accueille en son sein, et en 1889, un auteur, scénariste et dessinateur qui sera l'un des précurseurs de la bande dessinée : Christophe, de son véritable patronyme Marie-Louis-Georges Colomb. Son œuvre, riche, prend véritablement son envol avec La famille Fenouillard, puis suivront Les facéties du sapeur Camenber, L'idée fixe du savant Cosinus, ou encore Les malices de Plick et Plock, certaines histoires se chevauchant dans le temps. Ce ne sont encore que des textes surmontés d'images, les premières véritables bandes dessinées avec phylactères datant de 1908 avec Sam et Sap, Les aventures surprenantes d'un petit nègre et de son singe de Georges Le Cordier pour les textes et Rose Candide pour les dessins.

Suivront d'autres héros qui nous sont plus familiers, tels que Les Pieds-Nickelés et Bibi Fricotin de Louis Forton, Bécassine d'Emile-Joseph Pinchon, Lili, l'espiègle, et bien d'autres accueillis dans des supports qui ont pour noms L'Epatant, La semaine de Suzette, tous titres qui ne sont pas sans rappeler de bons souvenirs à certains d'entre nous, et des héros qui défient le temps, plus connus parfois que leurs créateurs.

Mais Daniel Compère en parle (écrit) mieux que je ne saurais le faire et je me contente de puiser, sans vergogne dans son texte.

Ce dossier est complété par les articles suivants :

Les petits enfants pendant la Grande Guerre de Jean-Paul Gourévitch, dont un sous-article est intitulé : L'instrumentalisation de l'enfance dans les journaux pour adulte. Rien n'a changé.

Les supers-héros américains pendant l'Occupation de Jean-Michel Ferragatti aurait mérité d'être plus développé, mais ce n'est qu'une approche de la part de l'auteur dont on peut retrouver des chroniques hebdomadaires sur le site Comic Box. Il est dommage que cet article soit truffé, comme le boudin blanc à 1/100, de coquilles.

Les Spirou et Tintin des années 1940-1960 : un catholicisme en cases et en bulles de Philippe Delisle. Deux magazines franco-belges, qui se partageaient le marché avec Le Journal de Mickey dont les héros sont Mickey Mouse, Donald Duck et Picsou créés par l'équipe Disney.

Il est évident que la ferveur catholique affichée par les fondateurs de ces deux magazines. Jean Dupuis, pour Spirou, était un fervent chrétien, tandis que Raymond Leblanc, qui a su inciter Hergé à fonder un magazine portant le label de son héros, faisait partie de la Résistance d'obédience royaliste et catholique. Si Spirou, Tintin et les principaux héros qui voisinaient dans les pages de ces deux revues, et connaissent encore aujourd'hui de beaux jours, Blake et Mortiner et Lucky Luke, ne font pas montre de prosélytisme, certaines histoires, planches, vignettes sont résolument tournées vers une représentation religieuse ou en font une apologie insidieuse. Les Belles histoires de l'Oncle Paul ont narré par exemple de nombreuses biographies de saints et de religieux, ou ont pris comme thème des manifestations plus ou moins religieuses comme la Première Croisade. Une approche qui a perduré jusqu'au début des années 1960, la tradition catholique se délitant peu à peu, et étant moins prégnante en France qu'en Belgique.

Sont également inclus deux contes charmants :

L'oie rouge de A(dèle) Genevray, publié dans le Magasin d'éducation et de récréation N°5 du 1er semestre 1864, est une révision inversée du thème de la bergère et du prince charmant mais avec toutefois un épilogue plus moral.

Le trésor du Carbonaro de Jacques Bellême, publié dans Mon bonheur N°45 de 1907, nous montre un commissaire parisien dans une sombre histoire corse à base de déductions mathématiques.

Deux articles, hors dossier, complètent, outre les chroniques habituelles, ce numéro. Toutefois l'article de Maurice Dubourg, Les Pieds-Nickelés auront bientôt soixante-quinze ans, aurait pu être intégré dans ce dossier. Et ne cherchez pas une erreur comptable dans cet anniversaire de la création de ces trois filous qui ont pour noms : Croquignol, Ribouldingue et Filochard, car cet article date de 1982 et a été publié dans Normandie-Magazine, numéro 4, en 1982.

Dernier article qui m'a fortement intéressé, étant un fervent passionné du père de Pardaillan, Roman populaire et (dés)engagement : la violence politique désactivée chez Michel Zévaco par Luce Roudier.

Ayant lu, voire dévoré, la saga des Pardaillan mais également Le Capitan, Nostradamus, et combien d'autres, j'ai découvert que cet auteur, socialiste libertaire, était plus engagé qu'il y paraissait dans ses romans historiques. Et si ses romans historiques paraissent moins virulents que ces écrits journalistiques, notamment lorsqu'il est secrétaire de rédaction au journal L'Egalité, des propos qui le conduisent à plusieurs reprises à être incarcéré à la prison Sainte Pélagie, ils n'en sont pas moins un réquisitoire détourné de ses convictions en ce qui concerne la politique et l'impact religieux dans la gouvernance, prenant appui pour développer ses idées dans des trames historiques avec quelques siècles de recul.

Des engagements que l'on ne perçoit pas forcément lors de lectures adolescentes et une analyse qui offre des clés à la compréhension de certains dialogues.

Un nouveau numéro du Rocambole, très riche iconographiquement, et ne vous fiez pas au nombre de pages, la taille de la police de caractère étant réduite, ce qui ne facilite pas le lecture à ceux qui ont des problèmes de vision.

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