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JOSEPH BIALOT |
Le Royal-bougnatAux éditions SERIE NOIREVisitez leur site |
2026Lectures depuisLe vendredi 14 Aout 2015
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Une lecture de |
Didier Valois est un comédien à la notoriété très relative. Son agent Loïck Schwartz essaie de lui trouver quelques prestations, néanmoins. Quand il est chez lui à Paris, son QG c'est le Royal-bougnat : un bistrot encore authentique tenu par Fernard et Cécile, une clientèle d'habitués. Il fréquente aussi le vieux Cagna, passionné du Paris d'autrefois : “C'est un de ces cinglés du 15e arrondissement, amoureux de la rive gauche, qui ne passent jamais le fleuve. Pour eux, Paris s'arrête au Pont Mirabeau ou à celui de Grenelle.” Didier est l'amant de Marie Cheney, un peu comédienne, épouse de l'avocat Frédéric Cheney, aux méthodes sulfureuses. Marie et lui sont séparés, sans l'être vraiment. Didier vient de rentrer à Paris, quand on apprend le meurtre de Frédéric Cheney. Interrogée par la police, Marie évoque l'affaire Fabrette qui, non sans scandale, lança son avocat de mari. Perdant son alibi, la jeune femme est bientôt incarcérée. Didier tente de l'aider, évitant d'être aussi impliqué. Colette Chiglione sort de prison, après onze mois derrière les verrous. Son crime est d'être la femme de Pietro Chiglione, joueur invétéré misant très gros, complice d'un vol d'œuvres d'art. Il fit d'elle une receleuse en lui offrant un objet rare qu'il avait dérobé. Il doubla surtout son complice Paulo le Stéphanois qui, depuis, le cherche afin de récupérer sa part du butin. Colette se rend à Honfleur où habitent sa mère et Roger, son fils de sept ans. Paulo intervient, la menaçant. Il vaut mieux que Colette accepte l'offre que lui fit Joss Langlois, négociateur pour les assurances. Si elle rend les œuvres d'art, elle sera gagnante dans ce deal. Encore faut-il qu'elle sache où se cache Pietro. Dans la maison natale de son mari, elle trouve l'adresse de Marianne, antiquaire aux Puces de Saint-Ouen. Une piste à suivre. Sa cible est proche de Laurence Villars, mère de Marie Cheney. Femme cynique qui est également antiquaire, elle n'a montré guère de sympathie envers Didier. Quand Loïck est agressé, c'est Didier qui était visé. Ils en tirent une réflexion : “L'affaire démarre avec la mort de Cheney. Pour une raison inconnue, nous interférons quelque part avec son assassinat… Que savons-nous du mort ? Juriste retors, le genre petit malin qui, de son cabinet organise, arbitre, et monte des coups tordus.” Tandis que des "gros bras" entrent en action, Didier s'informe sur l'affaire Fabrette. Il sollicite aussi Janine Forget, la secrétaire de l'avocat. Ce dernier était parfaitement au courant de la liaison entre Marie et le comédien. Après avoir reçu la visite du commissaire Dubois et de son adjoint Belmain, Didier s'occupe de Marie, qui est libérée sous contrôle judiciaire… Pietro s'ennuie dans sa planque à la campagne, en bord de Marne. Il s'en est échappé pour tenter sa chance dans un casino, pas une réussite. Toujours à ses trousses, le Stéphanois finit par le repérer. Didier et Colette, désormais armée, finissent par entrer en contact. Au Royal-bougnat, avec les amis du comédien, ils cogitent et recensent les suspects dans ces affaires. “J'ai l'impression soudaine, dit Loïck, que nous sommes tous menacés. On a mis la main dans une rivière infestée de piranhas, c'est sûr.” Tandis que d'autres meurtres sont encore commis, il faudra définir le rôle de Charlotte Corday dans ces mystères… Joseph Bialot (1923-2012) exploita d'excellentes intrigues criminelles. Il n'est donc pas nécessaire d'en faire l'éloge. Par contre, souligner la tonalité de ses romans, empreints d'humour, n'est sans doute pas inutile : “Le 11.43 est une arme de truand, le 49.3 un pistolet de ministre, et la 22 long rifle, une carabine pour safari du pauvre, dans les HLM.” Juif polonais ayant survécu au nazisme, Joseph Bialot pouvait se permettre de plaisanter sur ses congénères : “Le drame des Juifs, c'est ça : le service après-vente. Ils ont des idées fabuleuses, c'est sûr, mais qu'est-ce qu'ils en font ? Ils laissent les autres s'en occuper. Ils inventent le monothéisme et ce sont les Romains qui gèrent le fonds de commerce. Ils créent le marxisme et laissent le marketing à Staline. Et pour diffuser Freud, simple et lumineux, ils trouvent Lacan comme exécuteur testamentaire… Tous des alchimistes : tu leur donnes de l'or, ils en font de la merde.” L'ironie peut devenir grinçante : “C'est avec les prisonniers innocents que l'on fait les meilleurs révoltés. Avec les coupables aussi, d'ailleurs. La loi dit : Privation de liberté. Elle n'a jamais prescrit de traiter les suspects et les condamnés en sous-hommes.” Mais le ton s'avérait parfois plus amusé : “Si je parle, vous rejoindrez Marie illico, mais pas dans la même cellule. En prison aussi, les amoureux sont seuls au monde.” À travers le personnage de Cagna, l'auteur en profite pour se souvenir de quelques riches heures de l'histoire parisienne. Effectivement, les romans de Joseph Bialot étaient des polars. Mais, par son écriture enjouée, il figure parmi les auteurs bien plus originaux que la moyenne.
Parution août 1990. 192 pages. 6,05€. N'est pas un Auvergnat prolétaire... Le Royal-bougnat est un café, presque le quartier général de Didier Valois. Il y rencontre ses amis, Neurone et quelques autres. Il s'y sent bien, entouré d'âmes réconfortantes. Marie, sa maîtresse, est dans tous ses états : son mari vient d'être assassiné et naturellement pour la police, elle est en tête de liste des suspects. Mais pourquoi avoir dessoudé Maître Frédéric Cheney, avocat, et surtout qui ? Didier, comédien de second plan, qui pointe plus souvent à l'ANPE que sur les tréteaux des saltimbanques, va fouiner de son côté afin de sortir du pétrin sa chère et tendre. Commence un chassé-croisé entre Didier, Pietro Chiglione, spécialisé dans le vol de tableaux et de sculptures, sa femme Colette, qui ne comprend rien à rien et n'en sait guère plus, et quelques autres, truands notoires ou non.
Didier Valois, on a fait sa connaissance dans Un violon pour Mozart paru dans la même collection. Malheureusement Le Royal-bougnat ne possède pas ce grain de folie, cette fantaisie débridée, cet humour qui imbibaient Un Violon pour Mozart. Un bon roman qui malgré tout me déçoit un peu car j'attendais mieux de Joseph Bialot, surtout après ses dernières productions, Un Violon pour Mozart à l'humour parfois ravageur, et La nuit du Souvenir, une œuvre forte et pathétique. Mais Joseph Bialot a su réveiller en moi la fibre de la nostalgie par la description amoureuse de ses balades pédestres dans Paris. De bien beaux souvenirs.
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