|
|
JOSEPH BIALOT |
Vous Prendrez Bien Une Bière ?Aux éditions SERIE NOIREVisitez leur site |
1602Lectures depuisLe vendredi 31 Juillet 2015
|
Une lecture de |
Une famille française ordinaire en Espagne pour les vacances, en camping-car Toyota. Le père, c'est Joseph Saliéri dit Jef, étudiant ponctuel à HEC, les Hautes Études Carcérales de Fleury-Mérogis. La mère se prénomme Nathalie. Ils ont deux enfants, la grande Samantha et le petit Chico, âgé de dix ans. Sam est très cultivée, enseignement qu'elle transmet à son frère. Le gamin, lui, est collectionneur de baffes et de taloches en série. Mamie-Zora, 84 ans, mère de Jef, est du voyage. Elle fut jadis une figure de la prostitution marseillaise. Son expérience de la vie et des hommes, Mamie-Zora l'évoque souvent pour Chico, même s'il est trop petiot pour tout comprendre. Si Jef a brusquement décidé de ces vacances, c'est pour s'éloigner de Sylvio Starace, son ex-complice qu'il a arnaqué. Hélas, Mamie-Zora décède dès leur arrivée en Catalogne. En attendant de prendre une décision, Jef et Nathalie pensent conserver le corps dans une carapace de glace. Mais Sam et son petit ami du moment, Rodrigue, disparaissent avec le Toyota et le cadavre. Il y a des chances qu'ils veuillent embarquer vers Ibiza. La sensuelle Juana veut juste récupérer son scooter, également embarqué dans le camping-car : la jeune fille se joint à la famille de Chico pour rallier le port de Barcelone. C'est alors que se produit un attentat, commis par Paco et Pepe. À la suite duquel, ils volent le Toyota, prenant Sam en otage, tandis que le corps de Mamie-Zora commence à sentir fort dans le véhicule. Juana et Chico cherchent la trace des deux terroristes dans les bas-fonds de Barcelone. Sean, flic Irlandais, révèle à Juana, à Chico et à ses parents qui les ont rejoints que Paco et Pepe s'appellent en réalité Willy et Léo. Il s'agirait de terroristes belges, agissant au nom de la partition linguistique de leur pays. Réquisitionnant le taxi d'Eusébio, tous monte sur le ferry en direction d'Ibiza. Jaime, le caïd local, un ami de Jef, les héberge dans une sorte de hangar. Dès le lendemain, il met ses deux meilleurs sbires à disposition de Jef afin de retrouver le camping-car et ses passagères, Sam et la défunte Mamie-Zora. De son côté, Sean a la malchance de rencontrer la Walkyrie, une opulente teutonne, espionne qui fait plusieurs victimes, dont l'Irlandais. Avec Sieglinde (dite Siegheil), son double en pire, la Walkyrie est prête à attaquer frontalement le caïd Jaime et sa bande. Ayant perdu le taximan Eusébio dans l'aventure, la famille de Chico retourne vaille que vaille à Barcelone, afin de traquer les Aryennes-sisters. Le faussaire Alonzo-Matador s'est mêlé à leur affaire, mais Jaime ne restera pas passif non plus. Les parents de Chico étant hospitalisés, on fait venir d'urgence de France l'oncle Victor et la tante Marcelline. Ceux-ci travaillent pour la télé française, ce qui leur permet d'obtenir l'aide de Mendoza, de la télé espagnole. Juana et Chico vont bientôt être mis à l'abri chez Tchouros, Banana et Main-Douce, d'anciennes pensionnaires de Mamie-Zora. Toutefois, la coriace Zieglinde reste très dangereuse, toujours en quête d'un étonnant trésor issu du passé… Quand il écrit le présent livre, Joseph Bialot a déjà à son actif une quinzaine de romans, dont “Le salon du prêt-à-saigner”, Grand Prix de Littérature Policière 1979. Une maturité qui lui permet de nous proposer une comédie délirante, placée sous le signe de l'absurde en hommage à Pierre Dac et autres grands noms de l'humour. C'est à un feu d'artifice de péripéties qu'il nous invite. Racontée par le petit Chico (Philippe est son vrai prénom) avec sa naïveté relative, l'histoire devient un festival de situations abracadabrantes. En plus de l'action sans temps mort, des clins d'œil bienvenus. À Barcelone, on croise un policier nommé Montalban (l'écrivain Manuel Vázquez Montalbán était Catalan). Éloge aussi, en quelques lignes, d'un véritable passionné de polars noirs, Robert Soulat : “[Il] m'a longuement expliqué ce qui différenciait Chandler et Manchette des petites choses de… Vous voudriez bien que je mette un nom ? Vous pouvez faire tintin, car le Soulat en question n'était jamais méchant avec les autres. Il avait de l'humour, lui, pas de l'esprit au vitriol pour happy fews décadents…” Pour les lecteurs qui l'auraient oublié, Robert Soulat dirigea la Série Noire après Marcel Duhamel, de 1977 à 1991, avant Patrick Raynal. Dans ce roman, Joseph Bialot se fait plaisir, lui qui aimait tant le langage et la drôlerie. “Je m'demande toujours pourquoi les bruits sourds ne sont pas équipés d'un sonotone, un peu comme les murs aveugles qui devraient bénéficier gratuitement de lunettes.” - “Depuis le traité de Matrique, les Corses élèvent des vaches suisses pour toucher la prime de la vache haletante.” - “Ibiza. Une foule énorme vaque, en technicolor, sur les quais… On croirait qu'il s'agit d'une conférence internationale sur la sur-copulation.” - “Il a un tic, ce gus. Dès qu'il parle, il frétille des narines. Ce qui n'est pas négligeable sous la chaleur des Baléares, en été. Ça fait ventilateur, ce frémissement. Enfin un peu d'air.” Si le germanique Wagner a sa place dans le récit (en quatre partie, tel une Tétralogie), on s'y inspire aussi par moments du dramaturge anglais Chat-Quexpire. Humour tous azimuts et intrigue fort mouvementée vont de pair dans ce très agréable roman du regretté Joseph Bialot. |
Autres titres de |