FREDRIC BROWN

Des personnages marginaux dans un lieu à la marge : une fête foraine.

Un lieu magique, pour une triste histoire de fric et de cadavres qui s'entassent au fur et à mesure que l'assassin s'obstine dans ses d'ingénieuses idées.

Ici, point de flics, ou presque ; ils ne cadrent pas avec le décor. Mais n'allez pas croire à la sombre légende qui accrédite l’idée d'une solidarité entre forains. Si Dolly ne dénonce pas le coupable, c'est qu'elle entrevoit un moment un doux rêve d'amour et d'évasion. Si Doc Magus, voyant extra-lucide, ne fait part à personne de ses géniales intuitions, c'est qu'il compte bien retrouver pour lui les 42 000 dollars cachés quelque part dans le champ de foire. Et Doc Magus, éthylique éclairé, se fait le porte-parole émouvant des paradis artificiels :

« Les petits boivent, parce que le fait de boire les rend grands pendant un moment (...) Pendant un instant, même si ça n’est qu'un très court instant, ils avancent à grandes enjambées, comme des géants, et ils ont le nez dans les étoiles. Tout cela n'est qu'illusion, oui. Mais qui peut dire que l'univers fade de la sobriété n'est pas non plus une illusion, et foutrement moins gaie, en plus »

Fredric Brown, magicien de l'humour et de la poésie, nous entraine au cœur de la sublime petitesse de l'homme.