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TONINO BENACQUISTA |
La Maldonne Des SleepingsAux éditions SERIE NOIREVisitez leur site |
2052Lectures depuisLe mercredi 1 Juillet 2015
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Une lecture de |
N°2167. Parution février 1989. 256 pages. Réédition Folio Policier N°3. Parution octobre 1998. 288 pages. 8,00€. Folio Policier N°340. (contient 4 romans). Parution mai 2005. 896 pages. 12,40€. Une version illustrée par Jacques Ferrandez a été publiée chez Futuropolis/Gallimard en octobre 1991. 456 pages. 9,30€. Retrouvez ces ouvrages sur le site de la Série Noire. Couché dans le train avec la nuit pour témoin... Antoine est couchettiste. C'est à dire qu'il travaille à la compagnie des Wagons-lits et non pas qu'il se couche n'importe où et avec n'importe qui. Il est employé, pas forcément pour son plaisir, sur le Galiléo, Paris-Venise ou Paris Florence, selon les cas, des voyageurs tarifés 2ème classe. Il réceptionne les clients, s'occupe des passeports, des billets, fournit la literie, sert d'intermédiaire avec les douaniers et les contrôleurs français, suisses ou italiens, fait office de réveille-matin. Dans les bons jours, ou plutôt les bonnes nuits, il peut se reposer un peu. Et comme le veut la légende accrochée aux pompons des marins, une femme au départ et une à l'arrivée. Souvent il tombe sur des grincheux, des inquiets, des bavards, des exigeants, des malades, mais il est habitué et d'un ton rogue, rembarre les importuns. Mais ce voyage Paris-Venise, il s'en rappellera. Que n'a-t-il changé avec Eric, un de ses collègues qui désirait permuter de destination. D'abord un des voyageurs se plaint de ce que son portefeuilles a pris la fille de l'air. Ensuite il en découvre un autre dans sa cabine, sous son lit. Crime de lèse-majesté ! Viol de propriété privée ! Foi d'Antoine, cela ne se passera pas comme ça. Mais l'autre s'accroche comme une sangsue, et les ennuis déboulent, s'accumulent, une cascade niagaresque dans son compartiment. Les douaniers, des truands et d'autres personnages louches aux prétentions mal définies se passent le relais, à croire que la Terre entière s'est liguée contre lui.
Ce roman de Tonino Benacquista, le premier à la Série Noire, mais le deuxième dans l'œuvre de l'auteur après Comme une pin-up épinglée dans un placard de G.I, démarre un peu à la vitesse d'une micheline, mais prend bientôt un rythme de croisière pour s'achever comme un TGV brûlant les étapes. Il nous fait découvrir les aspects d'un métier qui pour beaucoup signifient vacances, soleil et Dolce Vita. L'envers, l'enfer ? du décor n'est guère reluisant et couchettiste n'est vraiment pas un métier de tout repos.
Curiosité : Ce titre a également été utilisé par Gilles Soledad en 1981 pour un roman publié à La Brigandine.
Antoine est employé comme couchettiste depuis deux ans à la Compagnie des Wagons-Lits. Rien d'aussi prestigieux que l'Orient-Express, quand il est de service à bord du Galileo qui va de Paris à Venise, et retour. Antoine est chargé d'un wagon-couchette de 2e classe. Il s'agit surtout de préparer les documents pour le passage aux frontières, suisse puis italienne. Et de résoudre quelques petits problèmes avec les usagers, au besoin. Antoine se sait capable de cynisme autant que de se montrer affable, du pire et du meilleur. En ce soir de janvier, il a trente-neuf passagers. Les soucis commencent par une embrouille avec un Américain, affirmant qu'on lui a volé son portefeuille. Peu après, le signal d'alarme est tiré, arrêtant brusquement le convoi. Le Ricain et l'homme qu'il accompagnait en profitent pour disparaître. Tandis qu'ils sont au niveau de la douane suisse, Antoine s'aperçoit qu'un voyageur clandestin s'est caché dans sa propre cabine. En réalité, il s'agit du comparse de l'Américain, qui a faussé compagnie à son protecteur. Il se nomme Jean-Charles Latour, ancien comptable, et il est malade. Il était attendu en gare de Lausanne par un médecin, Brandeburg. Latour affirme être fiché aux frontières, sans donner de détails à Antoine. Pour le moment, il vaut mieux qu'il reste planqué dans le caisson servant de bac à linge. Après qu'Antoine ait réglé un problème avec Bettina, une jeune voyageuse, on passe par Domodossola pour arriver en Italie. Un duo de voleur opère dans le train, quasiment en toute impunité. Mais c'est à un type autrement violent que le couchettiste est confronté : armé, il est prêt à tout pour retrouver Jean-Charles Latour. Il ne tarde pas à situer le compartiment que le fuyard occupe maintenant avec Bettina. Quand le train arrive en gare de Milan, Latour est bien obligé de suivre cet homme. Il parvient finalement à lui échapper, et remonte dans le Galileo. S'il veut obtenir son aide, Jean-Charles Latour doit raconter son histoire à Antoine. Le cas médical de l'ex-comptable est très singulier. Les autorités françaises n'ayant rien fait pour lui, qui s'endettait fortement à cause de sa maladie virale, Latour accepta l'offre des Suisses, en la personne de Brandeburg. Maintenant, il ne sait plus comment se sortir du pétrin. Lorsqu'ils arrivent à destination, à Venise Santa Lucia, Antoine s'arrange avec son collègue et ami Richard afin que Latour passe inaperçu. Il fallait s'y attendre : Brandeburg est là, menaçant et exigeant que le couchettiste lui dise où est Latour. Ce dernier n'est pas vraiment en sécurité à leur hôtel, où Richard l'a conduit. Antoine tente vainement de récupérer un peu de repos, avant d'organiser le retour vers Paris pour Latour. Le trajet ne leur paraîtra sans doute pas tellement plus facile qu'à l'aller. Car le danger reste présent, Brandeburg et ses sbires n'ayant pas renoncé. Heureusement qu'une certaine Isabelle va entrer dans le jeu… Le premier roman de Tonino Benacquista, “Épinglé comme une pin-up dans un placard de G.I.”, fut publié en 1985 dans la collection Spécial-Police du Fleuve Noir. “La maldonne des sleepings” est son deuxième roman, qui inaugura son entrée dans la Série Noire en 1989. Le titre parodie celui d'un grand succès littéraire de Maurice Dekobra, paru en 1925, “La madone des sleepings” (réédité en 2006 aux éditions Zulma). Il semble que Benacquista se soit inspiré d'un de ses petits boulots (il fut employé aux Wagons-Lits) pour écrire cette histoire. Il existe une version de ce roman illustrée par Jacques Ferrandez, publiée en 1991 chez Futuropolis/Série Noire. Ce livre fut adapté en téléfilm sous le titre “Couchette Express” par Luc Béraud, en 1994, avec Jacques Gamblin (Antoine) et Bernard Haller (le clandestin). En 2004, Gallimard publia un recueil réunissant les romans noirs de l'auteur (La maldonne des sleepings, Trois Carrés rouges sur fond noir, La commedia des ratés, Les Morsures de l'aube). Comme on le sait, s'il reste écrivain Tonino Benacquista a beaucoup collaboré pour le cinéma (mais aussi pour la bédé) par la suite. Même si le scénario est chaotique à souhaits, on ne peut pas considérer “La maldonne des sleepings” telle une comédie policière. D'une part, l'ambiance est essentiellement nocturne et souvent inquiétante. D'autre part, le cas énigmatique de Jean-Charles Latour prête peu à sourire. De multiples péripéties vont se produire durant ce parcours Paris-Venise-Paris, que le jeune Antoine aura quelque difficulté à gérer. Il risque même d'être bousculé par ceux qui veulent mettre la main sur le fugitif. L'univers du train a toujours été un excellent thème de polars. Un passionnant suspense noir, à lire ou à relire. |
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