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TONINO BENACQUISTA |
Trois Carrés Rouges Sur Fond NoirAux éditions FOLIO POLICIER |
3240Lectures depuisLe mercredi 16 Mars 2005
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Une lecture de |
Parmi les trente-cinq toiles de la rétrospective Etienne Morand, une toile très colorée sort du lot. Elle comporte beaucoup de jaune vif et représente une flèche d’église. Il s’agit de la dernière œuvre de l’artiste et est intitulée Essai 30. Un inconnu entre dans la galerie d’art, se précipite vers cette toile et la détache du cadre à l’aide d’un cutter. Il parvient à s’en emparer, puis prend la fuite non sans avoir gravement blessé la seule personne présente à ce moment, Antoine Andrieux. Lorsqu’il se réveille à l’hôpital, l’ouvrier, qui ne vient à la galerie que pour le montage et le démontage des expositions, sent ses blessures au visage. Il apprend également qu’une sculpture lui a sectionné net le poignet en tombant sur lui. Un vrai drame pour un passionné de billard comme lui. Pourquoi cette toile jaune qui n’avait pratiquement aucune valeur a-t-elle été volée ? Où Etienne Morand l’a-t-il déjà vue ? Il en parle à son ami Nicolas Dauffin qui travaille au dépôt où son stockées les œuvres appartenant au patrimoine national. Assez rapidement ce dernier déniche une toile rouge clair peinte de la même manière ; intitulée Essai 8, elle est signée « Les Objectivistes » et représente le chapiteau d’une colonne. A partir de ce moment Etienne Morand commence son enquête. Et il n’est pas au bout de ses surprises. Ce roman est un voyage imaginaire dans le monde de l’art contemporain dominé par l’argent, un monde où l’on assassine pour « trois carrés rouges sur fond noir ». C'est tout simplement un roman original et passionnant.
N°2218. Parution 1990. Réédition Folio Policier N°49. Parution mai 1999. 240 pages. 6,40€. Disponible sur le site de la Série Noire. Pas facile de jouer au billard avec des boulées carrées ! Le jour, Antoine travaille dans une galerie d'Art moderne, accrochant les tableaux, disposant les œuvres à l'aide de marteaux et de crochets nés sous X. Mais pour lui, un vernissage n'est que l'occasion, le lieu de rencontre de vieux tableaux et de jeunes cadres. Et même s'il côtoie des huiles, Antoine a l'impression de gouacher sa jeunesse. Aussi, à dix-huit heure, il s'éclipse et sa joie de vivre, son évasion, il les trouve sur un bout de pré, moquette verte ou paissent deux boules d'ivoire et une rouge sang qu'il manie à la baguette. Son univers, c'est le billard dans une salle enfumée. C'est lors de l'exposition consacrée à Morand, virtuose du noir, que son avenir bascule, comme la statue qui lui tombe dessus. Une toile anachronique disparait et Antoine se réveille à l'hôpital, mais pas sur un billard. Dès lors, en marge de la police, Antoine mène son enquête personnelle, à la force du poignet.
Tonino Benacquista puise allègrement dans ses souvenirs et ses expériences pour écrire ses romans. Rappelez-vous Epinglé comme une pin-up dans un placard de G.I. dans lequel un jeune émigré italien partait à la découverte de l'Amérique et du monde des jeux. Ou encore La Maldonne des sleepings, roman ferroviaire entre Paris et Venise en compagnie d'un couchettiste de wagon-lit. Dans ce nouveau roman, il nous entraîne dans les mondes interlopes de la peinture et des joueurs de billard. Et disons tout net, en tranchant dans le vif que l'enquête conduite par son héros pathétique ne sera justement pas du billard. Il ne se contente pas d'esquisser mais peint à grands coups de pinceaux une étude de mœurs joyeusement féroce, à l'aide d'une palette où prédominent le rouge et le noir. |
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