Jean-Baptiste Le Goff est capitaine de police à la PJ de Versailles. Séparé de son épouse et de leur fille Marie, ce quadragénaire habite dans Paris, rue de la Croix-Nivert. Depuis peu, il a fait la connaissance de la serveuse Julie, peut-être espoir d'un nouveau départ. Le Goff est chargé de l'enquête concernant la disparition dans l'Essonne de Lucas, treize ans. Il va interroger les parents, mi-sévères mi-absents, ainsi que les voisins, leur fils, et le principal du collège. Il semble s'agir d'une fugue. Malgré une semaine de recherches intensives, pas de trace de Lucas. L'ado est séquestré par un couple vivant en marge. Jean-Claude Pichon et sa femme Monique sont finalement plutôt embarrassés par la présence de Lucas. Par ailleurs, on vient de retrouver dans le même secteur le cadavre d'un enfant Rom âgé de dix ans. La victime a été maltraitée, avant d'être étranglée et déposée là. Le nommé Besson croit avoir vu quelque chose de suspect dans les environs. Témoignage incertain, car cet homosexuel a des soucis à cause de ses amours contrariées. Son petit ami Albert, qui se fait également appeler Bruno, a récemment disparu. Grâce à un copain habitué des lieux parisiens gays, Besson retrouve bientôt son ex. Retrouvailles tendues, car Bruno/Albert se planque. Chez les Pichon, il est temps d'éliminer Lucas. L'ado parvient à s'enfuir après avoir assommé son ravisseur. Hospitalisé, dès qu'il est remis du choc, le jeune Lucas repère rapidement la maison où il fut retenu. Les Pichon ont déguerpi sans tarder, prenant la direction du Cotentin où l'épouse a de la famille. Ces piteux Bonnie and Clyde sont arrêtés du côté de Barneville-Carteret et renvoyés à la PJ versaillaise. Parmi les relations de Pichon, se dessine la piste d'un énigmatique Claude. Le Goff ne néglige pas le cas de Besson, qui n'a assurément pas dit toute la vérité. Celui-ci refusant de se montrer coopératif, on lui offre un petit séjour en cellule. Il finit par donner une version assez complète de son témoignage. Ce qui permet d'arrêter Bruno/Albert. Si ce dernier est un petit voleur, il n'a pas le profil du criminel. Après une quinzaine de jours, l'affaire est relancée par la découverte d'un cadavre. Âgé de dix-huit ans, le marginal Yves Tétois fréquentait certainement des homosexuels. Le Goff n'oublie pas le classieux Claude, ce quinquagénaire qui joue à être “invisible”. Suivant ses pressentiments, le suspect reste prudent. Quand le policier déniche un indice solide, ce “Claude” ne tarde pas à menacer la famille de Le Goff. Un amateur d'art fortuné fut l'amant de celui que cherche l'enquêteur. Mais c'est l'intuitive Clothilde qui sera déterminante pour éclairer la vérité... Il existe une tradition dans le polar, celle du “suspense malin”. Il se situe au croisement entre le pur roman d'investigation, axé autour de l'enquêteur face à un lot de suspects, et l'intrigue détaillant les multiples facettes, toutes importantes, d'une affaire criminelle. Il ne convient pas seulement d'alimenter une énigme solide et de suivre les protagonistes. Un auteur doit se montrer habile, ruser avec les faits présentés, guider ses lecteurs sur des voies parfois détournées, sans jamais réellement s'éloigner de son sujet. Quand l'exercice est réussi, on peut parler de “suspense malin”. C'est le cas ici. Sachant qu'il s'agit d'un premier roman, il faut souligner la maturité d'écriture de Marie-Laure Banville. C'est avec fluidité qu'elle nous entraîne dans les méandres de cette histoire, et avec aisance qu'elle navigue dans les décors parisiens et de proche banlieue, autour de l'Yvette. Malgré des meurtres sordides ou le cas perso du policier, elle ne tombe jamais dans le piège d'une tonalité trop dramatique. Au contraire, le couple Pichon prête à sourire, de même que les affres sentimentales de Michel Besson. D'autres personnages s'avèrent singuliers, dont la vieille mère menteuse du principal suspect. Le dénouement eût pu être un peu plus vif. Ce n'est pas un sérieux défaut, puisqu'on a pris un vrai plaisir à suivre le récit. On ne peut que souhaiter lire d'autres romans à venir de cette auteure.
Une autre lecture duAchève, Et Prends Ma Viede PAUL MAUGENDRE |
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Certains partaient acheter une boite d'allumettes et ne revenaient jamais ! Lucas, treize ans, est parti un samedi midi afin d'acheter un magazine de foot et il a disparu. Ses parents sont inquiets, et des portraits ont été affichés à Longjumeau et dans les environs. Le capitaine Jean-Baptiste Le Goff du SRPJ de Versailles est en charge de l'enquête. Il rencontre les parents qui ne voient pas pourquoi Lucas aurait fugué. Les petits problèmes existaient bien, des résultats moyens à l'école, de petites bricoles sans importance. Au collège, les avis sont unanimes. Lucas ne s'impliquait pas assez, c'était un solitaire. Il avait bien un copain avec qui il faisait ses leçons, sans plus. Pendant que les policiers battent la campagne, Lucas est enfermé dans un grenier. Sa fugue l'avait fatigué et un homme l'avait réveillé la nuit alors qu'il s'était endormi près d'une haie. L'homme avait voulu le rassurer mais il s'était évanoui. Il sort de sa torpeur pour se rendre compte qu'il est chez un ogre et sa femme. Enfin ce serait plutôt sa femme qui serait la sorcière. Avec ses cheveux rouges, toujours en train de grogner, de rouspéter, de gueuler après son bonhomme, après le gamin, mal attifée, une véritable mégère. Le capitaine Le Goff est mal dans sa peau. Sa femme l'a quitté emmenant dans ses bagages leur fille. Heureusement le travail est là pour lui occuper l'esprit. Le cadavre d'un gamin d'une dizaine d'années est découvert près d'un centre commercial à Villebon sur Yvette, non loin de Longjumeau. Apparemment il s'agirait d'un Rom étranglé. Il ne peut donc s'agir de Lucas, mais la piste d'un tueur en série n'est pas écartée. Un témoin se présente spontanément auprès des services de Le Goff mais quelque chose dans sa déclaration retient l'attention du capitaine. Ayant un problème avec son véhicule Michel Besson s'était arrêté sur le parking du centre commercial et avait aperçu un individu qui avait déchargé un sac extirpé d'une voiture blanche. Il n'avait pas pu distinguer le numéro d'immatriculation. Quant à l'heure, c'était aux environs d'une heure du matin. Or selon le médecin légiste, la mort serait survenue vers les trois ou quatre heures du matin. Le Goff est sceptique, intrigué par cette déposition. Ça lui apprendra à vouloir être un citoyen honnête à Besson. Lucas parvient à s'échapper de chez ses bourreaux et lorsque Le Goff, guidé par le gamin parvient à l'antre, les vautours se sont envolés. Mais Le Goff fouille la maison découvrant un carnet d'adresses qui semble ne recéler que des adresses de correspondants ayant eu des ennuis avec la justice. Seul un certain Claude échappe aux recherches. Les deux vautours aux ailes rognées seront rattrapés mais il est indéniable que ce ne sont pas eux qui sont à l'origine de la mort du Rom. Pour autant Le Goff ne lâche pas la piste Besson. Un nouveau meurtre est perpétré sur la personne d'un ado âgé de dix-huit ans. Cette fois son identité est connue et Le Goff et ses hommes remontent son parcours chaotique. Besson est homosexuel et ses fréquentations ne sont pas forcément reluisantes. C'est ainsi que, via ces deux sentiers semés d'embûches, Le Goff est sur la trace d'un triste sire surnommé l'Invisible. Il aurait pu tout aussi bien être surnommé l'Anguille car partout où Le Goff pense le trouver, l'homme s'est déjà faufilé vers un autre endroit. Et Le Goff n'est pas au bout de ses peines, car outre ses affaires de cœur, les problèmes liés à son prochain divorce et la garde de sa fille, un inconnu s'est infiltré dans son appartement lui dérobant des papiers, et il reçoit par téléphone des menaces impliquant justement son enfant. Entre Longjumeau et ses environs et Paris, Le Goff va mener son enquête dans différents cafés et brasseries ou se rend ou rendait régulièrement son homme Invisible. Principalement des établissements dédiés aux homosexuels. Le métier de policier n'est vraiment pas de tout repos, et la cirrhose du foie n'est pas considéré comme un accident du travail. Après un début un peu hésitant, l'envol du roman prend son véritable envol dans la seconde partie. Comme si Marie-Laure Banville avait débuté timidement son récit, s'enhardissant au fur et à mesure du déroulement de l'intrigue. En effet la fugue/rétention de Lucas semble placée dans cette intrigue comme pour donner de l'épaisseur au roman, mais pas forcément à l'histoire. Et pourtant, elle se révélera indispensable pour la compréhension de l'épilogue. Marie-Laure Banville joue avec les faux-semblants, les vraies fausses pistes, celles qui emmènent Le Goff et ses hommes sur des chemins de traverse. Un effet de miroir dont le côté glace nous reflète les travers de l'homme, de soi-même, et le côté tain la véritable nature brute de l'être humain. L'écriture manque parfois de consistance et d'un seul coup, comme le vent qui apporte la tempête, elle possède des fulgurances qui transcendent le récit. Mais ce n'est qu'un premier roman et Marie-Laure Banville possède déjà les prémices d'une grande. Sur la quatrième de couverture, il est précisé que l'auteure est amatrice du genre policier et de ses auteurs majeurs américains et français. Point ne lui est besoin de vouloir les imiter comme il semblerait qu'elle veuille le faire en certains passages. Les petits maîtres, comme il est convenu de le dire, savent aussi écrire et racontent souvent des histoires plus intéressantes que ceux qui sont considérés comme majeurs. Il a commencé par ressembler à Alain Delon et puis il finit comme tout le monde : une belle demeure en ruine, à la façade mal ravalée par les injections.
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