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ALAFAIR BURKE |
Jamais VueAux éditions TELEMAQUEVisitez leur site |
1810Lectures depuisLe vendredi 7 Juin 2013
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Une lecture de |
La rousse Alice Humphrey est une célibataire new-yorkaise de trente-sept ans. Fille d'un célèbre cinéaste et de son épouse ex-actrice, elle a un frère aîné, Ben. Ce dernier est un junkie censé s'être éloigné de la drogue. Le riche Frank Humphrey, leur père, mène une vie plus discrète depuis qu'il a été impliqué dans un scandale sexuel. Son avocat et ami Arthur Cronin a limité les dégâts. Alice a eu une relation durant plusieurs années avec Jeff Wilkerson. Ils ne vivent plus ensemble, mais sont toujours très proches. Lily Harper est la seule véritable amie d'Alice. Son cinéaste de père a longtemps financé la jeune femme, au parcours indécis. “Deux ans de pub dans une société de cosmétiques. Un mariage et trois années désastreuses à Saint-Louis avant de réaliser son erreur. Elle était ensuite retournée à l’école pour passer un master en beaux-arts, puis était entrée au bureau du développement de ce qu’elle pensait être le lieu le plus prestigieux au monde – le Metropolitan Museum of Art.” Elle a été licenciée quelques mois plus tôt. En visitant une expo, Alice rencontre par hasard Drew Campbell. Intermédiaire financier, il cherche justement quelqu'un pour diriger une future galerie d'art. Face à l'enthousiasme d'Alice, Lily est sceptique sur cette offre. Drew taisant le nom de son commanditaire, Alice se méfie un peu. Pourtant, le projet se réalise bientôt. Certes, il est compliqué de défendre l'exposition des photos d'un artiste provocateur inconnu, mais le discours d'Alice est rôdé. À l'initiative de George Hardy, des adeptes de l’Église de la Rédemption manifestent devant la galerie, affirmant que certaines photos ont été réalisées avec une mineure. Dès le lendemain, Alice découvre le cadavre de Drew Campbell dans la galerie, qui a été vidée entièrement. Elle possède trop peu de détails, sur la victime et le propriétaire effectif des lieux, pour renseigner le duo de policiers du NYPD qui l'interrogent. Avec Lily et Jeff, elle imagine quelques hypothèses, mais pense n'avoir rien à craindre. Sauf que les enquêteurs disposent d'une photo compromettante, sans doute truquée, de Drew et d'Alice. En parallèle, Hank Beckman surveille un escroc qu'il a repéré. Homme mûr, cet agent du FBI expérimenté agit là plutôt pour des motifs personnels contre le nommé Travis Larson. Il semble avoir une complice. Par ailleurs, à Dover (New Jersey), une adolescente a disparu. Âgée de quinze ans, Becca Stevenson a été élevée seule par sa mère Joann. Le policier Morhart pourrait conclure qu'il s'agit d'une simple fugue. D'autant que, au collège, la solitaire Becca était peu appréciée. Jason Morhart mène une enquête sérieuse, dont la principale piste le conduit à New York... À cause d'un gant lui appartenant, Alice peut être suspectée par le duo du NYPD. La jeune femme s'aperçoit à quel point le faux Drew Campbell l'a manipulée, détournant des infos la concernant. Si elle est dans le pétrin, Alice pourra compter sur Arthur Cronin, l'ami avocat de son père, ainsi que sur Lily et Jeff. Tandis que Hank Beckman apporte des éléments au duo de policiers chargés du meurtre de Drew Campbell, Jason Morhart s'intéresse à l’Église de la Rédemption... Devoir se défendre face à une suspicion de meurtre, c'est un thème habituel du polar. Qui suppose que le personnage est visé par une énigmatique machination. Beaucoup de talent est donc indispensable pour exploiter ce sujet de façon convaincante. Surtout si l'action se passe à New York, ville où tout peut arriver, autour d'une de ces improbables galeries d'art qui y fleurissent. Ici, l'héroïne elle-même n'ignore pas le côté éphémère de ces endroits. Alafair Burke réussit le bel exploit de construire une histoire parfaitement crédible et vraiment solide. À tel point qu'on finit par être fascinés par les péripéties de cette mystérieuse affaire. La mise en place narrative, où alternent le cas d'Alice et deux autres enquêtes, nous laisse bien sûr penser qu'il existe un rapport entre ces faits. Néanmoins, c'est avec une subtile finesse que l'auteure distille progressivement les informations. Y compris sur l'univers d'Alice, ce qui permet de vérifier en quoi la jeune femme est une proie facile. On évite de nous imposer un climat oppressant, risquant fort d'être artificiel, privilégiant une ambiance où se succèdent questions et soupçons. Enfin, si le dénouement s'étale quelque peu, c'est justifié par tout ce qui précède. Alafair Burke est aussi douée pour le suspense, que son père James Lee Burke, auteur de remarquables romans noirs. |