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CESARE BATTISTI |
Derniere CartouchesAux éditions RIVAGES NOIRS |
3097Lectures depuisLe mardi 4 Novembre 2003
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Une lecture de |
Le braquage aurait dû se dérouler sans anicroche si la malchance ne s’en était pas mêlée. La voiture qu’ont dérobé nos trois pieds nickelés refuse de dépasser les cent kilomètres à l’heure et les flics auront vite fait de les rattraper, d’autant plus qu’un hélicoptère est venu leur prêter main forte. Malgré cet impressionnant déploiement de force, Claudio parvient à se faufiler entre les mailles du filet, en compagnie de Mezzonaso grièvement blessé. Sur la route qu’ils rejoignent après avoir progressé sur plusieurs centaines de mètres dans le lit d’un égout, ils arrêtent un automobiliste et le contraignent à les conduire loin du lieu de leurs exploits. L’automobiliste accepte de les héberger pour la nuit et de panser la blessure de Mezzonaso. Le lendemain Claudio découvre sa photo sur la une du journal, pour lui, « les carottes sont cuites », s’il souhaite échapper à la police, il doit quitter la région. Mais au moment de partir, la femme de l’automobiliste lui demande de retrouver son frère et de lui remettre une lettre. Arrivé à Milan, Claudio tente de retrouver ce frère qui vit dans la clandestinité. Ses démarches l’emmènent à fréquenter les milieux radicaux Italiens. Et voilà comment de fil en aguille Claudio devient un militant de la gauche radicale, plus spécialement chargé de l’organisation militaire. Cesare Battisti, avec ironie et tendresse, ressuscite l’étrange atmosphère dans laquelle baignait la société italienne au cours des années 70. Il nous montre l’impressionnant foisonnement d’idées qui secouait la jeunesse et plus généralement la société italienne ; idées, qui se nourrissaient toutes d’idéaux égalitaires et libertaires pour fusionner en une théorie de la libération, mélange de toutes les révoltes. Il fait revivre ces groupes de « combat » hétéroclites qu’une importante fraction de la jeunesse constitua, où le petit délinquant fréquentait l’étudiant ou la féministe convaincue. A la lecture de ces pages, nous sourions de la naïveté des uns et des autres, de leur sectarisme, du caractère sans appel de leur propos… nous sourions face à la stupidité de la police, jusqu’à ce qu’au mouvement social, l’état n’oppose la violence ciblée. Sans complaisance ni reniement ni chagrin, Cesare Battisti nous révèle quels furent ses espoirs, ses doutes et ses ruptures. Ecrit plusieurs années avant Cargo sentimental, ce livre constitue un autre versant de la même histoire. Aux années de lutte succèdera l’exil. Un livre à lire absolument. Un livre qui prouve « qu’on peut sans aspirer à une impossible continuité s’exonérer du repenti pleurnichard. » (d’après la préface de V. Evangelisti). |
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