la nuit, in extremis de Odile BOUHIER


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ODILE BOUHIER

La Nuit, In Extremis


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Le vendredi 12 Avril 2013

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Odile BOUHIER




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

À l'automne 1921, la terrible guerre qui s'est achevée trois ans plus tôt reste dans tous les esprits, et dans les corps meurtris des combattants. En ce mois de novembre, c'est le procès de Landru qui intéresse surtout la population. À Lyon, la vie apparaît paisible, sans crime notoire. Ce qui déplaît à l'ambitieux procureur Pierre Rocher, qui rêve de briller dans la politique. Ces anarchistes qui prépareraient des attentats, voilà une affaire susceptible de lui apporter un certain prestige. Il charge Julien Legone, policier des Brigades du Tigre, d'infiltrer ces réseaux. Loin d'être honnête, avec ses trafics pornographiques, l'inspecteur se grime pour fréquenter le jeune anar cinéphile Romain et ses amis. Le professeur Hugo Salacan, criminaliste renommé, accueille quant à lui deux hôtes. Il s'agit d'un confrère scientifique et du policier américain Craig Copper. Cet Irlandais d'origine vient observer les méthodes du commissaire Kolvair. Ce dernier est fort occupé, en ce moment.

Âgé de vingt-et-un ans, Anthelme Frachant a pourtant participé à la guerre de 1914-18. à l'issue de laquelle, il fut incarcéré à la prison Saint-Paul. On vient de le libérer, d'autant que sa conduite semblait exemplaire. Néanmoins, le commissaire Kolvair soupçonne ce jeune homme d'un meurtre, sur le Front. À cause du temps des combats, il n'a jamais pu prouvé que Frachant a tué son ami, le lieutenant Bertail. Puisque son suspect s'installe dans une pension de famille à Oullins, Kolvair fait la même chose afin de le surveiller de près. Entre-temps, le premier contact entre le policier Copper et le commissaire Kolvair est plutôt agité, mais les deux professionnels sympathisent rapidement. L'Américain est prêt à suivre l'affaire Frachant avec son collègue. Peu après, un triple crime est commis à la pension de famille. Le couple de logeurs et un client ont été sauvagement assassinés. Kolvair pense d'emblée que la femme a été décapitée à la baïonnette.

Rien n'a été volé, mais une profusion d'indices désignent Anthelme Frachant. C'est comme si son suspect espérait une sorte d'impunité. Aménagée tel un camp dans les tranchées, sa chambre recèle un lot de baïonnettes. Impossible de lui laisser le bénéfice du doute, alors que l'homme semble en fuite. Curieusement, Frachant se présente à l'infirmerie de la police un peu plus tard. Dès son arrivée dans les locaux, Kolvair réalise que son suspect est en proie à une crise délirante, et réussit à le calmer avec ses menottes. Hugo Salacan ne pourra guère épauler Kolvair cette fois, car son propre fils Charles connaît de graves ennuis de santé. Tandis qu'il prépare son prochain mariage, le légiste homosexuel Badou confirme l'utilisation d'une baïonnette pour le triple meurtre. L'interrogatoire de Frachant indique de sérieux troubles. Un cas que Kolvair entend confier à son amie de cœur, la psychiatre Bianca Serraggio. Tous deux vont devoir s'opposer au procureur Rocher...

C'est la troisième aventure mettant en scène le commissaire Kolvair et le professeur Hugo Salacan. Autour d'eux, on retrouve les protagonistes impliqués dans les deux précédentes affaires. Tels Jacques Durieux, l'assistant de Salacan, ou l'infâme inspecteur Legone. Pas de soucis pour les lecteurs découvrant cette série : l'auteure nous présente chacun dans son contexte, jusqu'à la page quarante. Ainsi que le policier Craig Copper, qui accompagne ensuite les investigations de Kolvair.

Toutefois, ce n'est pas un strict roman d'enquête qui nous est proposé. Loin d'être balisé ou linéaire, le récit offre des incursions dans la vie privée des personnages. Par exemple, le mariage du légiste Damien Badou s'annonce fort houleux. Procédé narratif qui permet aussi, grâce aux souvenirs des anciens combattants Salacan et Kolvair, d'évoquer le conflit mondial encore récent. Les dégâts de l'offensive Nivelle, si mal inspirée, nous rappellent la cruauté de cette guerre. Si elle fut désastreuse en nombre de morts, des séquelles physiques et psychologiques atteignirent durablement beaucoup de soldats. À l'image de la séduisante Bianca, les psychiatres d'alors se doivent d'être opiniâtres. L'article 64 du Code Pénal est très contesté, on le verra ici. Quant à ce diable de Landru, on suit aussi son retentissant procès, en parallèle de l'histoire. Il y est encore question des anarchistes, qui jouaient effectivement un rôle à cette époque. Un roman riche, confirmant l'excellente impression que nous donne cette série.

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CLAUDE LE NOCHER
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Une autre lecture du

La Nuit, In Extremis

de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE

Cela fait trois ans que l’armistice de la Grande Guerre a été signé, mais en ce mois de novembre 1921, les séquelles physiques et mentales assaillent toujours le commissaire Victor Kolvair de la police scientifique lyonnaise.

Outre son moignon de jambe qui se rappelle incessamment à son bon, ou mauvais, souvenir, la sortie d’Anthelme Frachant de prison le titille. Anthelme, qui n’avait que dix-sept ans à l’époque, avait participé à la mutinerie qui s’était déclarée dans le bourbier du Chemin des Dames, à la suite de l’incompétence, du mépris et de l’orgueil des autorités militaires. Certains révoltés avaient été passés par les armes, Anthelme n’eut que quelques années d’emprisonnement à purger. Or Victor Kolvair, qui a perdu une jambe lors des affrontements a côtoyé Anthelme, le soupçonnant d’avoir égorgé le soldat Bertail. Et il s’est promis d’être présent à la sortie de geôle du meurtrier présumé.

Seulement à cause de la douleur qui le tenaille de temps à autre Kolvair s’adonne à une pratique illégale qui endort sa douleur. Il est devenu cocaïnomane et à cause de cette addiction il manque d’une journée la sortie d’écrou de celui dont il veut suivre les faits et gestes afin de le confondre. Le directeur de la prison affirme qu’Anthelme était un prisonnier modèle, n’ayant jamais reçu de visites. Il indique même l’adresse de la pension qu’il a conseillée à l’ancien détenu, à Oullins. Comme il ne faut négliger aucune piste, Kolvair s’y rend, et après avoir eu confirmation des tenanciers, il loue une chambre afin de pouvoir surveiller les faits et gestes d’Anthelme. Il croise le jeune homme dans un couloir, mais celui-ci ne le reconnait pas. Il le suit dans ses quelques déambulations, mais ne relève rien d’irréprochable dans son attitude. Seul un pigeon décapité gisant sur le trottoir l’intrigue.

La douleur le tenaille et il a beau vérifier dans son pilon de bois, cachette habituelle des petits sachets de cocaïne dont il use assez fréquemment, la réserve est épuisée. Alors il se décide à se rendre à son bureau où il est persuadé en avoir caché, une fois de plus en vain. Il accuse un policier américain qui est en stage sur le sol lyonnais, Craig Copper, de l’avoir détroussé puis afin de pallier le manque de drogue il fouille dans le bureau voisin, celui du professeur Salacan et s’empare d’une fiole de laudanum. Ce qui lui fait du bien, mais il a perdu du temps. Lorsqu’il revient à la pension de famille, c’est pour découvrir un véritable massacre. Le propriétaire, sa femme, et l’un des pensionnaires ont été passés à la baïonnette. Kolvair voit ses prémonitions confirmées, et à cause d’un fichu sachet de cocaïne manquant, il n’a pu empêcher le drame.

Si l’histoire d’Anthelme sert de fil rouge, avec de nombreux retour sur la guerre de 14/18 et plus particulièrement sur les erreurs et la fatuité des gradés, sur les conditions de vie (et de mort) dans les tranchées, Odile Bouhier nous offre d’autres pistes de lecture en suivant les différents protagonistes, rencontrés dans ses deux précédents romans, Le Sang des bistanclaques et De mal à personne, dans leurs propres confrontations avec la vie quotidienne et ses aléas.

Ainsi le professeur Salacan, dont la jeune gamine Suzanne est atteinte de débilité, apprend que son fils Charles est diabétique. Il est profondément perturbé, peut-être plus que sa femme Justine, et essaie de découvrir un médicament afin de le guérir.

Jacques Durieux, qui fut le brillant élève du professeur Hugo Salacan, est devenu son assistant. Il pratique la course à pied dans le parc de La Tête d’Or, et rencontre souvent Blandine avec qui il a une liaison hebdomadaire. Visiblement la jeune femme est inquiète à cause de son frère Romain, qui fréquente les milieux anarchistes. C’est peut-être pour cela qu’elle fréquente Durieux.

Le procureur Pierre Rocher est en colère après ceux qui ont obligé (selon lui) sa fille à jouer dans des films d’amateurs pornographiques. Il veut à tout pris retrouver ces individus et a chargé de l’enquête l’inspecteur Legone, membre des Brigades du Tigre. Celui-ci lui déclare enquêter dans les milieux libertaires, alors que c’est lui-même qui officiait derrière la caméra. Il demande à travailler avec Kolvair.

Damien Baudou, le médecin légiste reconnu par ses pairs et auteur de quelques ouvrages, est dans la vie privée l’amant d’Armand Letoureur, bisexuel par commodité et journaliste qui se fait une joie de couvrir le procès de Landru. Damien Baudou, qui n’ignore pas qu’il serait discrédité si son homosexualité venait à être clamée sur les toits, s’est décidé à se marier avec Margot, qui n’est plus une oie blanche et sait ce qu’elle veut.

Bianca Serragio, la quarantaine épanouie, est psychiatre et directrice de l’asile de Bron. Aliéniste réputée elle assiste souvent Kolvair dont elle est l’amante. Elle doit analyser le comportement d’Anthelme et définir si celui-ci est conscient de ses actes ou schizophrène. Elle se heurte à un confrère dépêché par le procureur Rocher, lequel lorsqu’il tient un présumé coupable entre ses mains veut absolument l’envoyer à la guillotine. Il pourrait s’approprier sans vergogne cette phrase de Victor Hugo : Quand on est suspect, on est déjà aux yeux des flics déjà coupable.

Quant au policier américain, Craig Copper, il assiste Kolvair dans son enquête, l’informant de la chasse aux alcooliques, la fameuse prohibition, qui fit plus de dégâts que de bien et enrichi les trafiquants d’alcool.

Tous ces personnages, nous les retrouvons dans la première partie du roman, et ils évoluent au cours de l’intrigue. Nous assistons à leurs inquiétudes, leurs soucis, leurs désirs, leurs interrogations, leurs colères, leurs petites joies et grandes peines. Un roman qui est en même temps une chronique concernant plusieurs personnages gravitant dans le même système judiciaire et policier et que nous retrouverons dans un prochain roman, car déjà se profile une nouvelle intrigue dans l’épilogue. Et de loin, nous assistons au procès de Landru, procès qui fut l’événement marquant de cette fin d’année 1921.

Odile Bouhier déclare : J’avais envie d’écrire un roman noir qui parle de l’errance : l’errance de la France en cette année 1921, l’errance de la France, l’errance de la justice, l’errance du commissaire Kolvair et de son suspect Anthelme Frachant.

J’avais envie de confronter me commissaire à sa solitude, ses manques et ses névroses de guerre.

J’avais envie d’écrire sur un poilu : un patriote devenu malgré lui un criminel.

Odile Bouhier ne nous mène pas en errance dans cette histoire, et elle a réussi à gagner son pari, si c’en était un, ou à tout le moins à transmettre son envie au lecteur.

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Le Sang Des Bistanclaques
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