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OLIVIER BARDE-CABUCON |
Messe NoireAux éditions ACTES N OIRS |
1080Lectures depuisLe samedi 6 Avril 2013
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Une lecture de |
En ce mois de décembre 1759, froid et neige sévissent sur Paris. Le lieutenant général de police Sartine veille à la tranquillité du règne de Louis XV. Ses “mouches” surveillent la population. Les hommes du guet patrouillent afin de rendre les rues plus sûres. Pourtant, on retrouve cette nuit-là deux corps dans un cimetière. L'un en est le gardien, qui semble être mort de peur. L'autre est celui d'une gamine de douze ans environ. Son cadavre nu gît sur une pierre tombale. Âgé de vingt-cinq ans, doté du titre de commissaire aux morts étranges, Volnay est un enquêteur déjà expérimenté. Il est assisté par une sorte de moine hérétique qui, ayant le double de son âge, n'est autre que son père. Près de la fillette étranglée, le duo repère les traces d'une messe noire ayant réuni trois hommes et deux femmes. L'autopsie réalisée dans sa cave par le moine montrera que la jeune victime a été droguée, mais qu'elle est restée vierge. Piètre consolation, et tout ça n'explique guère comment l'enfant a été mêlée à une messe satanique. Depuis la célèbre “Affaire des poisons” datant du souverain précédent, le pouvoir royal redoute la résurgence de cas similaires pouvant éclabousser la Cour. Sartine suit de très près l'enquête de Volnay. Il lui impose une femme masquée, surnommée Hélène de Troie, en laquelle le commissaire n'a pas confiance. Par contre, le moine ne paraît pas insensible au charme de l'espionne de Sartine. À moins que ce ne soit pour mieux percer ses secrets. Certaines rues de Paris grouillent de nécromanciens, vendant de la sorcellerie sous toutes ses formes. Le moine y a gardé quelques contacts utiles. La fillette est identifiée. Fille de M.Marly, astrologue, elle se prénommait Sophia. Une perquisition dans sa chambre prouve qu'elle était instruite, mais esseulée. Son journal intime intéresse beaucoup le moine, partisan de bien connaître la victime. À part un chien crasseux, Sophia ne fréquentait pas grand monde. Elle fut impliquée dans une altercation avec un voisin, au sujet de ce chien. Cet animal suit aujourd'hui Volnay, avant que le moine ne le recueille chez lui. Une équipée nocturne amène le duo à croiser des déterreurs de cadavres, avant d'être pourchassés par des malfaisants, peut-être satanistes. Le moine étant tombé malade, il compte sur Hélène pour le soigner. En rêve, il voit clairement la défunte Sophia. Sartine fait également un songe comparable. Un signe que plane l'esprit de la victime ? Volnay et Hélène retrouvent la prostituée La Vorace, officiante de la messe noire du cimetière. Elle n'ira pas loin. Le curé dansant, tel est le sobriquet du faux-prêtre présent cette nuit-là. Plus tard, on le retrouvera à son tour, trop tard. À l'enterrement de Sophia, un panneau à l'entrée du cimetière affiche “Interdit à Dieu d'entrer dans ce lieu”. Œuvre des satanistes, pas de doute. Mécontent du manque de résultats, le procureur Siltieri se croit plus efficace que Volnay. Encore faudrait-il qu'il cherche de riches commanditaires des messes noires, au lieu de persécuter le peuple. L'incendie de la maison du père de Sophia sonne telle une nouvelle menace. Volnay et le moine ne renoncent pas à traquer les coupables... Après “Casanova et la femme sans visage”, voici une deuxième affaire aussi troublante qu'énigmatique pour Volnay, commissaire aux morts étranges. Les pratiques de sorcellerie étaient probablement très présentes dans le quotidien du 18e siècle. Simples amulettes ou appel à de prétendus magnétiseurs, c'était un commerce florissant, mais ordinaire. Le cas des messes noires, rituels macabres inversant les cérémonies chrétiennes, fut sans doute plus exceptionnel. Ce culte du Diable était lié au désir d'argent, de pouvoir, et souvent de sexe. Bien sûr, on se souvient dans cette histoire de Mme de Brinvilliers et de La Voisin, véritable enquête novatrice résolue par le lieutenant général de police La Reynie. C'est, évidemment, une toute autre intrigue qui nous est narrée ici. Que l'auteur abuse un peu de la formule “scène de crime”, qui n'était pas d'usage en ce temps-là, et cite souvent le titre complet du commissaire, ce sont les seuls petits défauts à souligner. Quant au reste, est restituée d'une belle façon imagée l'ambiance de cette époque. On a plaisir à suivre Volnay, le moine et Hélène dans les sombres cimetières ou les ruelles mal fâmées de Paris. On sent aussi le poids des suspiscieuses hautes sphères d'alors, via le personnage de Sartine. Érudit adepte des Lumières, préconisant l'utilisation des empreintes digitales et ayant compris l'importance de l'inconscient, le curieux moine vole presque la vedette à Volnay. Précurseur des grands détectives, il nous dit avec justesse : “La vérité ne doit pas être simplement le résultat d'une intuition mais les conclusions de la raison par l'esprit d'observation, l'analyse et la déduction logique. Les certitudes sont toujours des obstacles à son apparition”. C'est après moult péripéties que la vérité finira par apparaître. Avec ce nouveau suspense, Olivier Barde-Cabuçon (récompensé par le Prix Sang d'Encre 2012) confirme ses vraies qualités d'auteur de polar historique. |
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