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CATHERINE BESSONART |
Et Si Notre-dame La Nuit…Aux éditions L AUBE NOIRE |
1682Lectures depuisLe mercredi 31 Janvier 2013
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Une lecture de |
Né en 1968, Chrétien Bompard est commissaire à la PJ, Quai des Orfèvres. Malgré son prénom, il se dit “mécréant, tendance bouddhiste”. Divorcé depuis quelques années, il reste plutôt proche de son ex-épouse Mathilde. Au fond de lui, Bompard conserve des réminiscences d’enfance, un côté sombre qu’il n’assume pas encore. “On ne lève pas le voile sur les premières années de sa vie comme ça” avoue-t-il à son psy. Bons repas et fortes doses alcoolisées compensent certains manques. Avec ses collègues Machnel et Grenelle, ils forment une équipe complémentaire, dont Bompard est la tête pensante. C’est par neuf statues de Notre-Dame de Paris décapitées que débute leur actuelle enquête. Un jeune “peintre photographique” a été de loin témoin de cet acte, qui n’a rien à voir avec du vandalisme. Une autre personne a ressenti ce qui se passait, c’est un aveugle végétarien avec son chien. La véritable affaire commence sur un chantier rue de Châteaudun, où le cadavre décapité d’une femme non-identifiée est retrouvé. À part un petit tatouage, pas d’indice sérieux. C’est Jonas, authentique “clochard céleste”, qui a découvert le corps, mais il n’en sait guère davantage. Le jeune peintre réalise le portrait d’un suspect. “On y reconnaissait la précision de l’artiste, mais le modèle restait flou. [Bompard] avait l’impression d’avoir devant lui la photo numérique d’un fantôme, il pensa aussi à un feu follet ou au reflet insaisissable des vampires.” Des mains effilées, c’est ce qu’on retient du tueur potentiel. Rue Ballu, une deuxième femme est assassinée. Avec une victime collatérale, Barbara, la poupée de Ludivine, la gamine de la concierge. Bompard comprend bientôt que c’est un signe laissé par leur adversaire. Il place la petite et sa mère sous la protection de la police. Alors qu’une troisième victime est à déplorer, peut-être la liste des ex-danseuses tatouées du club La Dame de Pique aiderait-elle la police. Via un message sur Internet, c’est maintenant Mathilde qui est menacée. Bien que l’intervention des flics soit rapide, ils ratent leur suspect. “Notre homme aime se transformer, se déguiser, changer de personnalité, et il est très habile pour ça” admet Bompard. Outre ses mains, son visage entrevu apparaît insolite tel un masque. C’est dans le jardin du Palais-Royal que, non sans risques, l’assassin dépose le quatrième corps mutilé. La piste d’une congrégation religieuse a-t-elle un sens ? “Le commissaire était persuadé que l’identité des victimes n’aiderait pas l’enquête à avancer. Pour lui, les femmes étaient interchangeables.” Rue Ballu, le concierge de l’immeuble du crime va probablement fournir des éléments fort intéressants. Néanmoins, le danger persiste, y compris autour de Mathilde… Ce premier roman de Catherine Bessonart nous propose une histoire qu’il faut bien qualifier de “décalée”. Son héros est un policier compétent, mais assez peu dans la lignée d’un Maigret, ni un de ces “flics bourrins” qu’affectionnent certains polars. Chrétien Bompard n’est ni borné, ni insensible. Il se voudrait zen, mais est parfois perturbé par des moments douloureux ayant émaillé sa vie passée. Une enquête sur un suspect fantomatique, orgueilleux et méticuleux. On ne tarde pas à comprendre qu’il s’agit d’une forme de duel, même si l’ennemi est invisible. Oublions le côté visite guidée de la capitale, retenons surtout les belles “petites trouvailles” de l’auteure. En particulier, elle saisit l’occasion de dessiner quelques portraits de personnage qui, à coup sûr, s’inspirent de la réalité. Le gardien de l’immeuble du commissaire mérite d’être mis en exergue. Il y a là plus qu’une allusion, on verra que ce n’est pas qu’une silhouette. Chaleureuse ou enjouée, d’une belle souplesse narrative, la tonalité du récit conserve une aura de mystère, d’incertaine dangerosité. Un suspense nuancé, très convaincant, laissant augurer d’autres aventures de Chrétien Bompard. |