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ALAIN BAUER |
La Criminologie Pour Les NulsAux éditions FIRST ÉDITIONSVisitez leur site |
1692Lectures depuisLe jeudi 12 Octobre 2012
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Une lecture de |
On a trop souvent le sentiment que le thème de la sécurité publique n’est abordé que par la controverse, par la polémique agressive. Qu’il s’agisse de crimes dont sont victimes des mineurs, de règlements de comptes entre truands, d’émeutes faisant suite à des cas mal éclaircis, de meurtres attribués à un hypothétique tueur en série, ou de la fuite d’un père ayant supprimé toute sa famille, le débat n’est que rarement serein sur ces questions. Récupération politique, manipulation populiste, argumentaire fallacieux, tout est bon pour en rajouter sur les drames. La première cause, c’est souvent la méconnaissance du contexte criminologique. Par exemple, les “violences urbaines” désignent (depuis 1995) “tout acte violent commis à force ouverte contre des biens, des personnes ou les symboles des institutions par un groupe généralement jeune, structuré ou non, commis sur un territoire donné et revendiqué par le groupe comme étant sous sa domination.” Pourtant, il est bon de compléter la définition en évoquant aussi les conflits entre gangs protégeant leurs trafics, ou les réactions provocatrices afin de déstabiliser l’ordre public. Il est alors plus aisé de comprendre que les émeutes, ou même le terrorisme basique, ne répondent pas à une simple logique de violence. Autres crimes mal appréciés par le grand public : les violences conjugales. Entre situations conflictuelles aiguës au sein des couples et maltraitance chronique des enfants, ces situations peuvent déraper jusqu’au meurtre, ou à l’infanticide. Avec 174 victimes de leur conjoint ou ex-conjoint (146 femmes, 28 hommes, chiffres 2010), les policiers et les magistrats sont témoins au quotidien d’un phénomène de société. Qui ne se résume ni à un profil psychologique type du conjoint violent, ni à des statistiques, peu fiables puisque les plaintes sont rares et tardives. Voilà encore un débat suscitant des avis divergents, vivement opposés : les chiffres de la délinquance et de la criminalité. Il est vrai que “l’état 4001”, assurant le recensement de ces données, ne permet pas d’affiner suffisamment les catégories de faits, disent les spécialistes. Au risque de manipulation politicienne, qui sait ? L’étude criminaliste compte depuis longtemps des évolutions majeures, grâce à des scientifiques tels qu’Alexandre Laccasagne ou Cesare Lombroso, mais aussi d’autres moins connus comme Gabriel Tarde (1843-1904). Pour lui, le crime est la conséquence des origines sociales et psychologique des criminels, mais provient également de l’imitation d’autres méfaits. Pas de déterminisme (on ne naît pas criminel), plutôt l’influence de la société poussant au passage à l’acte, au crime. Plus actuel, le criminologue québécois Maurice Cusson (né en 1942) a étudié les motivations des malfaiteurs, qui trouvent (eux) une certaine normalité dans leur activité. L’évolution du grand banditisme en France mérite d’être disséquée, si l’on veut comprendre comment on en arrive à la situation de notre époque. On peut même remonter jusqu’à la Cour des Miracles, sans oublier les mafias. Dans “La criminologie pour les nuls”, les éminents spécialistes que sont Alain Bauer et Christophe Soullez déclinent un maximum d’aspects liés au crime, à ses formes variées, à sa prévention, à son châtiment, à ses théoriciens, aux évaluations de l’action policière et aux règles aidant à contrer les multiples contextes criminels. En plus de 450 pages, ils font le tour du sujet de manière factuelle et claire, sans préjugés. Une passionnante exploration de l’univers en question, basée sur la réalité concrète et sur des études sérieuses. Ou des articles tels “La théorie de la vitre brisée” de James Q.Wilson et George L.Kelling, qui résume assez bien d’où naît la délinquance et comment tenter d’y remédier. Bien s’informer pour cerner les phénomènes criminels, c’est finalement ce que nous proposent les auteurs dans cet ouvrage très complet. |