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TONINO BENACQUISTA |
Épinglé Comme Une Pin-up Dans Un Placard De G.i.Aux éditions FLEUVE NOIRVisitez leur site |
2349Lectures depuisLe jeudi 9 Mars 2012
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Une lecture de |
Natif d’Italie, Canasta a vécu jusqu’à l’âge de dix-huit ans avec son père dans un paisible coin de Toscane. Puis, il a eu envie de voyager. Il a d’abord vécu à Paris. Pourtant, c’est l’Amérique qui l’attirait depuis toujours. Il s’est envolé pour Las Vegas. Après des débuts hasardeux, Canasta est devenu journaliste. C’est là qu’il reçoit un jour une curieuse proposition d’un certain John Winston John. Pour dix mille dollars, il s’agirait de créer un scandale autour du maire sortant d’Atlantic City. Canasta préfère y réfléchir. Quand il est passé à tabac par des basketteurs mécontents de ses articles, il finit par prendre l’avion pour la côte Est. Sans doute la mission demandée par Winston John n’est-elle pas sans risque, aussi prendra-t-il le temps de jauger la situation. Dès son arrivée à l’aéroport d’Atlantic City, Canasta croise un croupier qui lui offre un bon plan pour gagner au casino. Le soir même, il tente le coup. Il gagne sept mille dollars, non sans attirer l’attention des joueurs. Dès le lendemain, le voilà célèbre grâce à un article paru à la une du journal Today. On le présente comme un pro du jeu, un homme qui ne perd jamais. Canasta demande vainement des explications au journal. Il est convaincu qu’il y a une sombre embrouille derrière cet intérêt soudain pour lui, qui est si peu joueur. Le cas de Canasta ne passionne guère le flic de service auquel il s’adresse. Un nouvel article accentue encore la réputation de Canasta, qu’on dit prêt à affronter tout adversaire valable. Il est “invité” par le riche Spencer à une nuit de poker avec quelques amis de son rang. Bien qu’il se souvienne de son père et s’investisse dans son rôle de “Canasta-le-pro-du-jeu”, bien qu’un peu aidé par la donneuse de cartes Mlle Evans, il finit la nuit complètement ratissé. Ce qui n’empêche pas le journal de proclamer qu’il a une fois de plus vaincu ses partenaires. Frisant la dèche, il rencontre le Japonais Nakamura. Ce bonhomme, qui le suit comme son ombre, va utilement l’aider quand Canasta est défié par des joueurs de billard. L’affaire est encore relayée faussement par le journal local. Canasta finit par retrouver John Winston John. Il s’en méfie, car la franchise n’est toujours pas la qualité première de celui-ci. Avec l’aide de Nakamura, du nommé Foxy et de miss “Doigts de Fée”, Canasta peut espérer une issue victorieuse… Publié en 1985, c’est le premier roman de Tonino Benacquista, qu’il a écrit à l’âge de vingt-deux ans. Il faut souligner qu’il possède déjà une magnifique maîtrise. Il se sert à merveille du mythe américain. “La cellule familiale ? Oui, c’est vrai, le monde entier vous l’envie (…) Avec un peu d’expérience, j’ai réussi à comprendre que celui qui est persuadé que le seul Paris au monde se trouve au Texas, c’est le père. Celle qu joue au squash avec des lunettes de soleil, c’est la mère. Et ceux qui s’étonnent que l’arc-en-ciel est un spectacle gratuit, ce sont les enfants.” Les jeux d’argent et la fascination des grosses limousines font partie de cette image. Encore que le héros soit plutôt obsédé par les Rolls Royce blanches. Plutôt qu’un perdant, Canasta est un type neutre, sans talent particulier, un peu trouillard, pas totalement naïf quand même. Il avance au gré des évènements, entre chance et manipulation. Il savoure sa notoriété : “Intense bonheur. La désinvolture me grise. J’y prends goût car c’est un réflexe nouveau. Je voulais vivre l’aventure, je vis la folie. La folie ne serait-elle pas l’aventure à son point de non-retour ?” Ce modeste Italien à la conquête de l’Amérique est un authentique personnage de roman noir. Qui peut à tout moment basculer, être abattu, pas seulement prendre bon nombre de coups. Toutefois, on discerne une tonalité narrative amusée, ainsi que le suggère le titre du roman. Pour un coup d’essai, cette histoire est déjà un coup de maître. Patrick Mosconi ne s’y trompa pas, donnant sa chance à Tonino Benacquista dans la collection Spécial-Police du Fleuve Noir. Il semble que “Épinglé comme une pin-up dans un placard de G.I.” n’ait jamais été réédité. On se demande vraiment pourquoi, tellement c’est excellent. |
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