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OLIVIER BARDE-CABUCON |
Casanova Et La Femme Sans VisageAux éditions ACTES N OIRS |
1532Lectures depuisLe jeudi 9 Mars 2012
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Une lecture de |
En janvier 1757, le nommé Damiens s’introduit au château de Versailles et tente de poignarder Louis XV. Avant qu’il ne porte un second coup, Volnay s’interpose. Se débattant, Damiens lui balafre le visage. Personne ne s’interroge alors sur la présence ni les motivations de Volnay, fils d’un homme persécuté par le pouvoir. En remerciement pour cet acte de bravoure, le roi accède à la requête de Volnay, créant pour lui le poste de commissaire aux morts étranges. Même s’il doit rendre quelques comptes à Sartine, le lieutenant criminel de Paris, Volnay a toute autorité pour mener ses enquêtes. Il fait pratiquer des autopsies par un étrange moine, dont il est seul à connaître les secrets. En ces temps où la bonne société pratique l’alchimie et autres expériences, le laboratoire du moine n’est d’ailleurs pas exceptionnel. Le moine et une pie bavarde sont les uniques amis de Volnay. 1759. Une jeune femme a été assassinée. On lui a enlevé la peau du visage, l’écorchant alors qu’elle était encore vivante. Cette Mlle Hervé appartenait à la Cour, faisant même partie des proches du roi. Volnay n’ignore pas que Louis XV est entouré d’un harem de filles mineures. Toute cette débauche est gérée par Le Bel, premier valet de chambre du roi, et par la marquise de Pompadour, favorite royale. Il est fort probable que Mlle Hervé ait été enceinte de Louis XV. Mais la jeune femme était également la maîtresse et l’informatrice du lieutenant criminel Sartine. Cette affaire de meurtre est suivie de près par le parti dévot, en la personne du père Ofag et de son bras armé, Wallace. D’autres opposants, ceux de la Confrérie du Serpent, observent aussi ces faits. Volnay connaît bien ces derniers, mais s’en est éloigné car leur Maître et les objectifs initiaux ont changé depuis quelques temps. D’autres s’intéressent à ce crime. À commencer par le chevalier de Seingalt, qui n’est autre que l’aventurier vénitien Casanova. Volnay éprouve peu de sympathie pour cet homme et son faux titre de chevalier. Quand apparaît la belle Chiara d’Ancilla, tous deux sont bien vite rivaux pour séduire la jeune femme. Celle-ci cultive un esprit scientifique et progressiste, digne des Lumières. Chiara reste discrète sur ses relations à la Cour. Outre Casanova et elle, le mystérieux comte de Saint-Germain, conseiller de la Pompadour, suit l’évolution de l’enquête. S’il cultive sa légende de vie éternelle, Saint-Germain est moins futile qu’on le croit. Ce n’est pas grâce au grand-père de Mlle Hervé, un sorcier charlatan, que Volnay en apprendra plus. La lettre royale que détenait la victime est une des clés, sans nul doute. À l’intérieur du Parc-aux-Cerfs, le roi poursuit ses turpitudes sexuelles. Une de ses amantes, Marcoline, est à son tour assassinée et défigurée… L’époque de l’Histoire de France choisie par l’auteur est propice aux plus sombres intrigues. L’impopularité du roi, d’abord surnommé Le Bien-Aimé, grandit de jour en jour. Le comportement du Louis XV, supposé amateur de nymphettes, qui ne s’occupe ni de gouverner, ni du sort de son peuple, n’améliore pas son image. De nombreux groupuscules complotent contre le pouvoir royal. Méfiance à tous les niveaux, nous dit Volnay : “Il n’y a plus de paroles innocentes, toute plaisanterie malheureuse est rapportée au lieutenant de police générale. Dans les dîners, les amis se méfient de trop parler car bien des hommes de qualité font aujourd’hui métier d’espions. Je ne parle même pas des domestiques qui sont tous vendus à quelque seigneur ennemi de leur maître.” Les Français n’apprécient guère les manigances de la marquise de Pompadour, ici présentée sous un aspect moins défavorable. Peut-être préservait-elle une certaine unité du pays, en effet, sans toutefois se soucier de la population. En outre, l’ésotérisme est omniprésent chez ceux qui se pensent évolués, supérieurs, source de belles escroqueries. C’est dans ce contexte de mécontentement et de suspicion générale qu’enquête Volnay. Un personnage aussi complexe que son titre de commissaire aux morts étranges, on le constatera. Quant à ce diable de Casanova s’introduisant partout selon son seul intérêt, comme le veut sa légende, il mène son propre jeu. Tout comme le fait, dans l’ombre, le comte de Saint-Germain. C’est un très instructif voyage dans le temps que, grâce à ce roman historique, nous offre Olivier Barde-Cabuçon. |
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