FABRICE BALESTER

Val Wetside est une journaliste vivant à Paris. Employée à Détective Magazine, reporter chevronnée, elle suit des affaires souvent périlleuses. Récemment, ce fut le cas pour le Gang des sauvages. Cette enquête qui l’entraîna en République Tchèque la mit réellement en danger. Val est amie avec le policier parisien Nico Jones. S’il se veut protecteur, elle n’est pas prête pour une relation sérieuse. D’autant moins que Val est perturbée par un message adressé par un admirateur nommé Axel. Elle a l’impression que l’ombre de celui qui l’appelle “Jolie môme” plane autour d’elle. D’ailleurs, lors d’une soirée donnée en l’honneur des exploits de Val, l’inconnu qu s’adresse furtivement à elle n’est autre que cet Axel. Il va continuer à lui envoyer d’énigmatiques messages amoureux.

Alex est un trader qui connaît parfaitement les rouages du monde de l’argent. En particulier les montages financiers douteux de certains opérateurs boursiers. La banque d’affaires de Gérard Moinel, son patron, pratique la fraude pyramidale, selon le principe de la “chaîne de Ponzi”. Alex a menacé Moinel de dénoncer cette arnaque bien connue. Comme il s’y attendait, il est bientôt éjecté de la banque Moinel. Surtout, il sent planer une menace impalpable. Son ami new-yorkais John Glickmann lui sert de confident. Ce dernier lui offre un poste d’analyste financier aux Etats-Unis, avant de redevenir trader. Installé à New York, c’est période de répit pour Axel, qui n’oublie pas son objectif : faire cesser définitivement les magouilles de son ancien employeur. “Ça fait des mois qu’il travaille sur ce dossier, qu’il milite pour la déchéance de Moinel.”

Depuis sa villa marseillaise, où il habite avec sa troublante fille Lumière, Gérard Moinel prépare sa riposte. Dans le discret laboratoire qui lui appartient, on traite des expériences visant à influencer le comportement humain. De son côté, Val traverse une période incertaine, quand John Glickmann lui apprend la mort d’Axel. Il s’agirait d’un suicide; improbable hypothèse, puisque Axel projetait de prendre l’avion pour Paris. Tandis que John rejoint la journaliste en France, le policier Nico Jones s’intéresse aussi à ce décès suspect. Une ancienne amie de Val lui apporte un élément capital concernant la personnalité d’Axel. À Marseille, Moinel ordonne au scientifique à son service d’éliminer le couple de gêneurs.

Val et John inspectent le blog d’Axel, véritable foutoir comme le voulait le défunt trader. Néanmoins, le duo repère un étrange texte, exprimant sans doute le double visage d’Axel. Une piste conduit Val et John à une boite postale de la Poste de Saint-Lazare, où ils découvrent de nébuleux indices. Alors que l’enquête connaît d’autres conséquences mortelles, Val s’inquiète pour la santé de son fils Arnaud, qui vit chez les parents de la reporter…

N’espérons pas un dénouement moral dans cette histoire, puisqu’elle évoque un contexte où la moralité est inconnue. D’une crise à l’autre, les cercles financiers mondiaux jouent aux apprentis sorciers, alimentant un désordre bancaire qui sert leurs intérêts et leurs pratiques répréhensibles. Sans doute est-ce un lieu commun de répéter que les politiques ne dirigent rien, puisque c’est l’univers de la finance qui possède le véritable pouvoir. Pour conserver leur puissance, ils ont les médias à leur service. Mais la manipulation hypnotique peut aller encore plus loin. C’est, sous forme de fiction, ce qu’esquisse ici Fabrice Balester.

L’auteur ne cherche pas la minutieuse réalité des pratiques financières, mais à dessiner une ambiance singulière. Si Val, la journaliste mi-déterminée mi-fragile, est le pivot du récit, chacun des autres personnages existe tout autant. Axel le trader n’est pas absolument un inconnu dans la vie de la reporter. Amant par intérim, le flic Nico découvre des pièces du puzzle. Ami fidèle d’Axel, John se met à son tour en danger. La fille de Moinel est révélatrice de certaines faiblesses de père banquier. Les sentiments et le pouvoir de l’argent se mêlent étrangement dans ce noir suspense. Un roman à découvrir.