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MAITE BERNARD |
Monsieur MadoneAux éditions POCKETVisitez leur site |
800Lectures depuisLe jeudi 18 Aout 2011
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Une lecture de |
Tout comme il existe différentes catégories d’appellation, non contrôlées, de la gent féminine, genre la Madone et la Putain, la Marie couche-toi là, la Vierge, la Sainte-Nitouche, la Chienne, la Petite Salope, la Traînée, la gent masculine pourrait être affublée, elle aussi, de ce genre de qualificatif. Et à Hugo qui lui avait appris ces distinctions, Clémentine avait ainsi surnommé son amant Monsieur Madone. Reporter photographe, habituée aux longs déplacements, surtout dans les coins du monde au sévit la guerre, Clémentine est à Versailles en compagnie d’un collègue, afin de prendre des clichés exclusifs de Brad et Angelina. Ses derniers reportages n’ont guère été convaincants, surtout celui réalisé au Darfour. Manque d’âme. Et puis, alors qu’elle repart, elle ressent une brusque impulsion. Celle d’aller dire bonjour à Stéphan et Béatrice, les parents de Hugo qu’elle n’a pas vu depuis des années. Hugo, alias Monsieur Madone, était médecin et Clémentine l’avait connu alors qu’il soignait des malades dans une ONG, Avigolfe. Il se battait depuis des années contre l’état français pour défendre les militaires revenus malades de la guerre du Golfe. Clémentine partait souvent sur le terrain, photographiant le désespoir, la détresse humaine. Le jour où elle devait revenir d’Afghanistan, Monsieur Madone s’est suicidé, dans le studio qu’il occupait au dessus de chez ses parents. Ébranlé par le syndrome du Golfe, affection non reconnue, il était atteint d’un cancer du foie, un cancer du poumon et d’une leucémie. Pendant des années, cinq, Clémentine n’avait pas revu les parents de Monsieur Madone, correspondant tout juste avec eux, parfois. Ce retour est accueilli avec joie par Brigitte et Stefan, ainsi que par Victoire et Nicolas, la sœur et le frère de Monsieur Madone. Après le repas, elle se promène en compagnie de Nicolas dans les jardins du château. Les touristes sont peu nombreux et ils peuvent ressasser à loisir les journées de bonheur, les moments exaltants qu’elle a vécus avant que tout s’effiloche. L’amitié, la tendresse, les rires aussi parfois, de vrais rires pas des rictus forcés. Tout est propice à devenir des instants de complicité. L’absent est toujours là, de façon différente, dans leur cœur, dans leur tête. Il les surveille, les protège, leur fait entrevoir un pan de ciel bleu qui ne demande qu’à s’agrandir. Selon sa propre sensibilité le lecteur pourra qualifier ce roman de roman noir ou de roman sentimental, une Harlequinade déguisée. Pour moi, il s’agit d’un roman sur l’amour, la mort, l’absence, la dignité, le respect de soi et des autres. Le geste de Hugo est significatif. Au lieu de traîner quelques mois, de se voir devenir une loque grabataire et infliger un spectacle affligeant à ses proches, il préfère couper le cordon brutalement. Un livre profondément humaniste qui est aussi celui de l’espoir. Paul Maugendre |
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