N° 93 Ne croyez pas l’état-civil. Il paraitrait que Pascal Garnier nous a quittés le 5 mars dernier. C’est du moins ce que l’on voudrait nous faire croire. Non ! Pascal Garnier vit toujours, grâce à ses écrits, ses romans et ses nouvelles. Et je tiens en main la preuve concrète de ce que j’affirme. La revue Brèves, éditée par l’Atelier du Gué, lui consacre son numéro 93 intitulé Vue imprenable sur Pascal Garnier. Un dossier imaginé, concocté, coordonné par Hubert Haddad, son compagnon d’écurie chez Zulma. Pascal Garnier reste vivant dans la mémoire nichée au fond des cœurs de ceux qui l’ont approché, côtoyé, connu, lu et apprécié. Peut-être serait-il fastidieux d’énumérer tous ceux qui apportent leur témoignage, leur vision personnelle à la lecture d’un ouvrage, des impressions de rencontres, leur rapport avec l’auteur et l’homme. Qu’ils se nomment Christine Bini, Georges-Olivier Chateaureynaud, Mouloud Akkouche, Lalie Walker, Francis Mizio, Jean-Claude Bologne, Mélanie Edwards, Olivier Mau, (liste non exhaustive établie dans un désordre qui n’est pas une classification personnelle en regard de l’intérêt que j’ai pris à la découverte de leurs textes), tous sont d’accord pour décrire un homme simple et complexe à la fois. Je me contenterai de citer Christiane Baroche « En réalité, je le connaissais mal, j’avais le sentiment que le bonheur au quotidien n’était pas son affaire, en même temps il aurait bien aimé… Ah, vivre n’est pas forcément simple pour tout le monde ». Un sentiment partagé par beaucoup d’entre nous, et que nous pouvons retrouver dans ses peintures dont certaines sont reproduites en fin d’ouvrage. La peinture, Pascal Garnier l’évoque justement dans un texte inédit « Vis-à-vis ». « Eugène n’utilisait que peu de couleurs, du noir, du blanc, du rouge et de l’ocre ». Marc, le modèle du peintre, s’en étonne « Vous n’utilisez pas beaucoup de couleurs ». A quoi Eugène répond « C’est largement suffisant. C’est vulgaire, les couleurs. Seule la lumière compte ». L’univers pictural et l’univers littéraire de Pascal Garnier se rejoignent dans ce texte. Le peintre par ses choix de couleurs, Marc, retraité depuis six mois, par sa passion : la construction de ponts à l’aide d’allumettes et de colle. Un travail minutieux pour la réalisation de passages d’une rive à l’autre. Une parabole évidente de la passerelle qui conduit du réel à l’imaginé, du blanc au noir, du connu à l’inconnu, de la vie à la mort. Cette nouvelle inédite est l’un des volets composant le recueil Trois contes à régler, dont la parution est prévue en 2012 chez Zulma. Les autres nouvelles insérées dans ce numéro de la revue Brèves sont L’un dans l’autre qui figurait dans le recueil Mes chers voisins édité en 2005 par Terre de Brume à l’occasion du festival de Lamballe, Le commerçant dans La rue, volume édité aux éditions La Découverte en 2003, Glacière, Old up ! et Les pigeons de Fervaques dans Vue imprenable sur l’autre aux éditions Zulma en 1995. Et comme un hommage à un auteur ne serait pas complet sans un entretien, Brèves nous propose celui réalisé avec Serge Cabrol pour le site Encres vagabondes en 2001. Et, en guise de postface, un texte de Nathalie Ange-Garnier et Gilles Morales : Sa danseuse et son seul sport étaient la peinture. Ceci n’est qu’un encas en attendant la parution en 2012 d’un roman, Cartons, un triptyque de nouvelles ainsi qu’un livre jeunesse, et que l’on ne vienne pas me dire qu’il s’agit de fonds de tiroir, ce serait faire du mauvais esprit. Non, la parution de ces titres était programmée, et Serge Safran ainsi que Laure Leroy, les complices de Zulma, ont peut-être préféré différer leur parution par pudeur.
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