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LAURENT BRARD |
Le Fils Des BrûlésAux éditions PLONVisitez leur site |
1777Lectures depuisLe samedi 29 Mai 2010
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Une lecture de |
Sarole est une commune rurale d’environ dix mille habitants. Sa sœur Thania s’y étant installée avec sa famille, le policier Oscar Bellem a obtenu un poste dans cette petite ville tranquille. Jamais il n’a eu de véritable vocation pour ce métier, lui qui voulait devenir scénariste pour le cinéma. Douze ans plus tôt, un drame démontra publiquement son incompétence. Si on ne la viola pas, la jeune Cécilia fut sauvagement assassinée et mutilée. Le meurtrier ne fut jamais identifié. S’il avait réagi au lieu de suivre la procédure, Bellem aurait peut-être pu sauver la victime. L’affaire médiatisée condamna le policier à se faire oublier, au gré des affectations. À Sarole, même si un article de presse a rappelé le cas Cécilia, il espère tourner la page. La famille de Thania, son copain de bistrot Bernard et sa fille Lilie, psychologue, l’y aideront. Il va démissionner de la police. Bellem reçoit sur sa messagerie Internet des courriers anonymes provocateurs. Ces mails ne sont pas qu’une mauvaise plaisanterie. “Cette histoire sentait la menace, beaucoup plus que le canular ou le fiel. La précision du propos lui sautait maintenant aux yeux. Chaque phrase faisait mouche.” Bientôt, l’inconnu qui signe le Fantôme prend contact avec Bellem, en échangeant via Internet. Il affirme que l’affaire Cécilia trouve son origine à Sarole. Deux cent cinquante kilomètres séparent pourtant Talernes, ville où a eu lieu le crime, et Sarole. La seule affaire marquante ayant agité la petite ville fut celle de “la maison des brûlés”. Ce jour-là, le lycéen Antoine Foubert rentra à la ferme familiale animé d’une détermination meurtrière. Il n’avait plus peur de son père tyrannique. Il l’abattit sans hésitation, avant de supprimer sa trop passive mère. Puis, Antoine s’enfuit dans la voiture paternelle. Il fut arrêté plus tard, à Paris. Bellem s’interroge sur le message téléphonique anonyme qu’il a reçu. De vieilles croyances ne l’aideront pas à comprendre, à savoir de qui ou de quoi se méfier. Bernard et ses amis se souviennent de l’affaire locale, précisant que la maison ne fut brûlée que quelques temps après le double meurtre. C’est la date du double meurtre qui frappe Bellem. Oui, il existe bien un lien avec Cécilia. “Ça ne te suffit pas de faire des rapprochements vaseux entre ta Cécilia et nos cramés, il faut en plus que tu te mettes à croire que tout le monde trempe là-dedans. Non, mais tu débloques ou quoi ?” lui reproche son ami Bernard. Bellem ne peut compter sur le soutien de son supérieur Castaldo, mais son collègue Delorme est prêt à l’aider. La piste d’une symbolique Croix de Malte est bien fragile. Retrouver la trace d’Antoine ne suffit pas. Définir le rôle du curé de Sarole, briser l’omerta locale, découvrir qui est ce fantôme qui rôdant en ville et s’introduisant chez lui, mission difficile que Bellem s’est assignée. “Pour un flic sur le point de mettre un terme à sa carrière, il avait mis du cœur à l’ouvrage. En toute conclusion, il se retrouvait au point de départ. Des soupçons, mais pas de preuves, pas de témoignages, pas d’aveux. Le dossier Cécilia restait vide, et le lien supposé avec l’affaire Foubert s’effilochait de jour en jour (…) Au bout du rouleau, Bellem n’espérait plus rien.” L’histoire baigne dans une atmosphère fort bien décrite. Même si l’idée de “petite ville où tout le monde se connaît, et où il ne se passe jamais rien” reste une vision citadine d’une ruralité quasi-disparue. Néanmoins, l’ambiance de cette bourgade endormie craignant de réveiller de troublants secrets s’avère de bon aloi. Le flic désabusé hanté par un épisode de son passé est un personnage classique du polar. Parvenir à crédibiliser ce genre de héros nécessite une bonne maîtrise d’écriture. Ici, on nous montre les failles du policier, ses angoisses et ses doutes, mais aussi son besoin tenace de faire la lumière avant de changer de vie. Ce portrait nuancé nous permet de sympathiser avec lui. Reconstituer le lien incertain entre deux affaires, savoir qui souhaite que soit relancée une enquête, importe davantage que d’établir la culpabilité de tel ou tel. La narration étant fluide, on est vite captivé par les mystères de ce très bon suspense. |