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LAWRENCE BLOCK |
Keller En CavaleAux éditions SEUILVisitez leur site |
2815Lectures depuisLe samedi 29 Mai 2010
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Une lecture de |
Tueur à gages expérimenté, et passionné de philatélie, Keller a économisé assez d’argent pour prendre sa retraite. Néanmoins, il a accepté une ultime mission confiée par son associée Dorothea, pour le compte d’un certain “Appelez-moi Al”. Le voici à Des Moines, attendant le feu vert du commanditaire, non sans prendre un maximum de précautions. Il aurait pu aisément abattre la cible désignée, mais sait patienter. Quand John Longford, gouverneur noir de l’Ohio, est victime d’un meurtre, Keller comprend que ça sent le roussi. Quand toutes les télés diffusent la photo de son propre visage, le désignant comme étant l’assassin, ça ne peut qu’être un traquenard. “Il avait la chance d’être doté d‘une tête assez quelconque, sans traits distinctifs auxquels se rattacher, mais dès lors que plusieurs centaines de millions de personnes auraient vu la photo, ça tombait sous le sens que l’une d’entre elles le reconnaîtrait”. Ayant dépensé une forte somme contre des timbres, Keller risque de manquer d’argent liquide pour regagner New York. Pas facile de changer de tête, ni de voiture. Intervertir des plaques d’immatriculation, tel est le subterfuge qui va lui permettre de brouiller les pistes. Ensuite, pas question de prendre le car ou le train. Il poursuit son périple sur la Route 30, ne dépense que pour l’essence, dort clandestinement dans un motel de l’Indiana. Dans une station-service, il est obligé d’éliminer le gérant qui l’a reconnu. Il empoche le fric, et prend la casquette du type, à l’effigie d’Homer Simpson. Bonne initiative : “Plus les gens regardaient Homer, moins ils prêtaient attention à Keller.” Il parvient à faire une halte en Pennsylvanie, avant d’apprendre une mauvaise nouvelle par le journal. Si Dorothea ne répondait pas au téléphone, c’est qu’elle a péri dans l’incendie criminel de sa maison. Keller réalise qu’il n’a plus d’alliés. Son appartement new-yorkais n’est pas le sanctuaire espéré. Il y passe, le temps de s’apercevoir que ses dix gros albums de timbres de collection ont tous disparu. La police ou les amis de “Appelez-moi Al”, qu’importe ! Il récupère du fric qu’il avait planqué et file vers le Sud, du Mississippi jusqu’à La Nouvelle Orléans. Ayant changé de casquette pour faire plus “local”, Keller sauve une femme victime d’une agression. Bien que Julia ait reconnu son visage, elle ne craint pas de l’héberger. Ils ne tardent pas à devenir intimes. Grâce à Julia, Keller modifie suffisamment son aspect pour ne plus être identifiable. Il s’installe dans cette nouvelle vie. Employé sur les chantiers de Donny, il investit dans un pick-up. Une petite annonce dans un magazine dédié aux timbres va bientôt changer les choses. Un petit voyage de Des Moines à Portland s’impose pour régler définitivement ses problèmes… Ce n’est pas complètement une “road story”, puisque le héros finit par trouver son paradis en Louisiane. Néanmoins, toute cette partie du récit est déjà très excitante. Comment traverser la moitié des États-Unis sans se faire repérer, constitue un bel exercice de style. Certes, on déplore le meurtre d’un quidam, moindre mal puisque c’était un adhérent de la NRA. Les mésaventures de Keller s’avèrent tragicomiques, entre autres grâce à la casquette “Homer”. Ce qui offre une tonalité sans aucune lourdeur à cette histoire. On partage ses regrets pour la perte de son associée et la disparition de sa collection de timbres, mais aussi son bonheur de démarrer une vie “normale”. Un personnage extrêmement sympathique, avouons-le (déjà apparu dans “Le blues du tueur à gages”). Quant au talentueux savoir-faire de Lawrence Block, il est indéniable. Voilà un suspense qu’on lit avec un réel plaisir. |
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