Il y a Workanowski et Workanowski. L’un est flic à Rennes, et a rétréci son nom en Workan. L’autre est de l’autre côté de la barrière et a raccourci le sien en Nowski. L’un se prénomme Lucien, l’autre Fletcher, appelé aussi Fletch. Le point commun entre ses deux hommes ? Ils sont cousins, plus exactement petits-cousins. Tandis que Workan doit assurer la sécurité de l’exposition Georges de La Tour dans les locaux du couvent désaffecté des Jacobins, Nowski ne pense qu’à s’emparer des cinq tableaux qui y seront accrochés. Il est accompagné de trois acolytes, Ben, Vence et Baudouin-Baudouin, qui ressemblent plus à une équipe des Pieds-Nickelés ou de Branquignols qu’à un commando de parachutistes le petit doigt sur la couture du pantalon. Après avoir simulé un enlèvement d’enfant, Nowski and Co se rendent à Chinon afin de commander à Charbonnot, un faussaire en toiles de maîtres, de réaliser des copies des œuvres de La Tour qui seront proposées au public. Ce sont bien des copies et non des faux qu’il veut, et pour connaître la différence, vous pouvez vous référer au roman qui vous l’expliquera mieux que moi. Fletch nargue par téléphone son cousin et ce verbiage prend un nouveau tour lorsque le commissaire de l’exposition, un sous-ministre de la culture, et non point un ministre saoul de la culture, est retrouvé le lendemain de l’inauguration, son corps surnageant dans la Vilaine, un trou de balle dans le front. Ce n’est pas une erreur de la nature et de morphologie. Workan est sur les dents ainsi que sa petite équipe, sa subordonnée et maîtresse Leïla, le capitaine Lerouyer et les deux adjoints Cindy et Roberto. Le Divisionnaire Prigent a beau tempêter, Workan est bien décidé à mener l’enquête à son idée, quitte à déplaire à la hiérarchie, car il ne veut pas que son cousin, qui possède déjà un casier judiciaire aussi épais que l’annuaire de Paris, soit directement mis en cause. L’esprit de famille peut-être. D’autant qu’un malfrat et ses séides espèrent bien que Nowski tirera les marrons du feu à leur place. Outre l’humour qui réside dans les descriptions de situations et de personnages, c’est celui des dialogues qui entraine le lecteur, un peu à la façon des répliques de Michel Audiard : « De quoi est-il mort, crise cardiaque ? Non ! Courant d’air dans le cerveau, provoqué par une arme à feu ». Le personnage de Workan vaut à lui seul le déplacement. Il possède ses tics, ses manies qui vont parfois à l’encontre de la déontologie de la profession, il est insolent, se conduisant presqu’en marginal. Pourtant il est éminemment sympathique, peut-être justement à cause de ses défauts. De toute façon il est lucide, se rendant compte qu’à certains moments il dérape. « Etait-ce un elfe ou, plus sûrement en Bretagne : un korrigan, qui jouait dans les méandres de son cerveau et lui soufflait les phrases les plus incongrues aux moments les plus inopportuns ? ». Hugo Buan et son commissaire Workan commencent à s’imposer dans le polar français et j’attends avec impatience les nouvelles aventures (ou mésaventures) de ce duo auteur/personnage. Je vous invite à retrouver les premiers tomes qui ont pour titres Hortensias Blues et Cézembre noire.
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Eagle à Jamais
Hortensias Blues
J'étais Tueur à Beckenra City
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