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FRANCOIS BARCELO |
Fantasia Chez Les PlouffeAux éditions LA BRANCHEVisitez leur site |
1423Lectures depuisLe lundi 12 Avril 2010
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Une lecture de |
Plouffe, Plouffe, ce sera toi qui seras l’arrière-petit-fils de Théophile. Cela fait si longtemps qu’il attend un arrière-petit-fils, Théophile Plouffe, que pour fêter ses quatre-vingt-dix ans, Guillaume a décidé de lui faire un beau cadeau. Toute la famille Plouffe sera rassemblée, peut-être pour la dernière fois, mais pour les quatre-vingts ans du doyen la tante Cécile avait énoncé la même réflexion, alors il faut marquer le coup. C’est qu’il a de la ressource Guillaume à défaut d’être père. Il « emprunte » le fils de sa logeuse, Jonathan, âgé de dix-huit mois officiellement, neuf mois officieusement, Guillaume n’en est pas à un mensonge près. Le comble réside en ce que l’arrière-grand-père lui trouve des traits de ressemblance, faut dire qu’atteint de cataracte, Théophile n’y voit plus guère. Les explications fournies par Guillaume leurrent les autres membres de la tribu et tout se passerait bien s’il n’avait l’idée saugrenue de coucher le gamin dans un tiroir de la commode qui trône dans la chambre qui lui est allouée. Après une soirée bien arrosée, Guillaume entre dans sa chambre sans vérifier si le gamin repose toujours dans son caisson confortable puisque agrémenté de deux oreillers. Il a en tête de rejoindre sous sa tente sa cousine Marie-Laine, jeune fille au charme prometteur. Hélas il ne faut pas se fier aux apparences, et Guillaume tombera sur un bec, genre comédie de boulevard, et sera aussitôt catalogué comme dévoyé sexuel par sa parentèle. En pleine on peut se tromper n’est-ce pas ? Il subira un autre problème, outre l’affront nocturne, au petit matin. Jonathan a disparu, il n’y a plus de gamin dans le tiroir, parti, envolé, ce qui suscite une inquiétude légitime. C’est un humour féroce qui prédomine dans ce petit roman ponctué de quelques expressions québécoises qui sentent bon le terroir. Mais ce roman aux personnages plus ou moins déjantés qui est un hommage au célèbre Fantasia chez les ploucs de Charles Williams, oscille entre deux mondes, celui de la ville et celui de la campagne, avec son lot de rebondissements propices à entretenir le suspense. Quand le hasard défie les plans les mieux préparés, ou presque, cela engendre inévitablement des quiproquos pleins de saveur. En réalité seule la couverture est sobre.
Au Québec, la famille Plouffe est réunie en ce week-end estival à Saint-Antoine-sur-Richelieu. Ils sont là pour l’anniversaire du grand-père, Théophile Plouffe, qui fête ses quatre-vingt-dix ans. Comédien, doublure voix de stars, Antoine est le petit-fils préféré de l’aïeul. C’est sans nul doute lui qui amène à Théophile le cadeau que le grand-père attend le plus : un arrière-petit-fils. Antoine espère qu’ainsi, l’héritage lui reviendra un prochain jour. Il présente le petit Jonathan, dix-huit mois, comme son fils. Ce n’est pas la vérité, car il s’agit de l’enfant de la propriétaire de son logement, la blonde Marie. Antoine pense être le meilleur menteur qui existe : “Moi qui suis plutôt pourri sur scène et devant les caméras, je mens naturellement, comme je respire. Je ne me demande jamais comment je vais dire un mensonge, mais quel mensonge je vais dire. Les mots sortent alors spontanément, comme de la bouche d’un croyant assermenté, main sur la Bible, devant un tribunal.” Dès le début de soirée, Antoine installe le bébé dans le tiroir d’une commode, en guise de lit. Tiroir qu’il ferme à clé, pour que l’enfant soit en sécurité, et ne le dérange pas. La fête familiale est logiquement arrosée. Elle s’achève par une tentative de feu d’artifice, causant des blessures légères à Antoine. Il se prépare à aller dormir, mais n’y parvient pas. Il doit avouer que sa jeune cousine Marie-Laine, autrefois laideron, est aujourd’hui diablement excitante. Puisqu’elle l’a, pour ainsi dire, invité dans sa tente de camping jaune, autant en profiter. Peut-être Antoine est-il un peu fatigué pour la gaudriole, mais tant pis. Sauf qu’il se trompe de tente, ce qui lui vaut une volée de coups. Explication inutile : “De toutes façons, il est trop tard puisque tout le monde susceptible de me taper dessus l’a fait au moins une fois. Personne ne parle de faire venir une ambulance alors qu’il me semble que j’en ai plus besoin que tout à l’heure.” Au matin suivant, Antoine garde les séquelles des chocs de la nuit : “…ma tête ressemble beaucoup à celle d’un corps à la morgue dans un film policier. Che Guevara avait la même gueule que moi quand on a pris ses dernières photos. Le pire, c’est que moi, je vis encore.” Il va être temps de sortir le petit Jonathan de son tiroir fermé à clé. Sauf que la clé en question n’est plus en place. Antoine va devoir forcer la serrure du tiroir. C’est alors qu’arrive la mère du bébé, Marie. Elle est accompagné d’une bande de motards, les Devil’s Own, qui ne sont pas exactement des tendres. Quand il ouvre finalement le tiroir couchette, Antoine s’aperçoit que l’enfant a disparu… Rappelons que le patronyme Plouffe est très populaire au Québec, grâce à un roman, un feuilleton et quelques films. Ce roman court est placé sous le signe de l’humour noir. Catastrophes en série, pour le malheureux héros de cette histoire. Plutôt qu’un véritable loser, c’est un irresponsable qui va au devant des ennuis. Il faut admettre que le reste de la famille est assez gratinée, également. Quant à Marie et ses amis motards s’invitant à la fête (après un long détour, il est vrai), il sont encore caricaturaux à souhaits. Tonalité amusée et scénario bien pensé, même si l’enlèvement du bébé n’est pas vraiment mystérieux. Un suspense très agréablement divertissant. |
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