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PHILIPPE BOUIN |
Paraître à MortAux éditions L'ARCHIPELVisitez leur site |
3000Lectures depuisLe dimanche 11 Avril 2010
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Une lecture de |
Au Touquet, le 11 mai 2001. Chef d’entreprise âgé de 35 ans, Quentin Ayssèdre est découvert noyé après le naufrage de son voilier. Ce drame frappe une famille de notables locaux. Fille de l’homme d’affaire Delaruc, Angélique Ayssèdre se trouve veuve à 21 ans. Enceinte d’une fille, elle a déjà un fils en bas âge. Tandis que son père doit intervenir pour redresser la situation financière laissée par son défunt gendre, la gendarmerie conclut logiquement à une mort accidentelle. Février 2007. Originaire du Touquet, Gabriel Rampart est devenu un reporter télé de premier plan. Il assume l’équilibre entre célébrité et compétence. Il a été néanmoins marqué par son kidnapping durant quelques jours en Irak. Il estime indispensable de prendre un nouveau départ, sur des bases plus saines. Gabriel revient au Touquet, où il est accueilli par son parrain Amédée, gendarme retraité ami de son défunt père. S’il est de retour, c’est à l’appel d’Angélique. Avant le mariage de celle-ci, ils vécurent une relation amoureuse - à laquelle le méprisant Delaruc mit rapidement son veto. Gabriel a tourné la page, sans l’effacer. Angélique risque aujourd’hui de graves ennuis. Une Allemande nommée Ingrid Ulmer a été assassinée devant sa propriété, le Poséidon. Elle est convaincue que le juge Mantoussin, son ex-amant lui ayant gardé rancune, cherche à l’inculper alors qu’elle possède un bon alibi. Certes, cette Ingrid inconnue l’a harcelée au téléphone, mais elle n’est pour rien dans ce meurtre. Plusieurs hypothèses sont possibles pour Gabriel, à condition de ne pas s’égarer sur des pistes sans rapport avec l’affaire. Son parrain Amédée lui apporte toute son aide, mais il ne néglige pas celle du jeune journaliste local Aymeric Leleu. Gabriel ne sollicite pas le témoignage de Maryvonne Châtelain, vieille voisine d’Angélique vivant dans la haine de celle-ci. Par contre, il rencontre Edith, qu’il connut autrefois. Employée par Angélique, elle lui donne quelques détails. Le majordome Paulo est aussi au service de la famille depuis longtemps. Parmi tous les secrets qu’il garde pour lui, il accepte d’en livrer certains à Gabriel. Amédée révèle à son filleul l’histoire tourmentée de Paulo, considéré comme le fils d’un traître durant la guerre. Homme à tout faire de la propriété d’Angélique, Emil Gigurtu est un Roumain, réfugié après avoir été persécuté dans son pays. Hélas, il n’offre à Gabriel aucun détail supplémentaire sur le meurtre d’Ingrid Ulmer. Les manipulations financières de Delaruc après la mort de son gendre s’avèrent assez tortueuses, mais c’est du passé. Le journaliste s’intéresse au père de l’Allemande. Au temps du nazisme, cet officier fut en poste dans la région, avant d’intégrer les services secrets de la Stasi. Ingrid a un frère, Wilfrid Ulmer, qui a fui l’Allemagne de l’Est avant la fin du communisme. On sait qu’il est passé par Bruxelles et dans le Nord de la France, mais on ignore ce qu’il est devenu. Le meurtre de Maryvonne Châtelain relance l’affaire. Si le juge Mantoussin renonce au dossier, celle qui lui succède est une tigresse qui ira jusqu’au bout. Quant à Gabriel, il parvient finalement à ajuster les pièces du puzzle… Ce suspense est d’un niveau équivalent au précédent titre de Philippe Bouin, “Comptine en plomb”, Prix Polar Cognac 2008. Comparons l’intrigue à une mécanique de précision, parfaitement huilée, dont toutes les pièces sont ciselées pour obtenir le meilleur résultat. À l’opposé d’un roman d’enquête linéaire, c’est toute l’ambiance du récit qui baigne dans le mystère. Hypocrisies bourgeoises, où persiste la notion de classe sociale supérieure. Petits et grands secrets, que chaque protagoniste conserve et cultive dans la haine ou le mépris. Personnage central, Gabriel Rampart n’est pas venu sauver Angélique. “Il était là pour faire un bilan de sa vie, en trier les erreurs et lui trouver un sens. Alors, dans ce schéma, pourquoi en vouloir à Angélique ? Sa lettre n’avait été que le vecteur de sa quête.” Car c’est bien pour en finir avec sa jeunesse et ce parcours qui l’a mené à la gloire, qu’il désire faire la lumière sur ces meurtres. Une part de revanche qui exclut sa neutralité, mais aiguise sa motivation. Soulignons de belles scènes d’humour “en situation” (tels le greffier enrhumé du juge, ou la vieille voiture d’Amédée). Ainsi que des remarques sur notre société, incapable d’imaginer des remèdes aux malaises et des voies innovantes. À tous points de vues, un roman riche et captivant.
Présentateur vedette d’une émission télévisée et grand reporter, Gabriel Rampart revient sur les lieux de son enfance, ce qui ne lui arrive guère sauf à certaines dates incontournables. Ayant reçu une lettre d’Angélique lui demandant son aide, il n’a pu résister et le voici de retour dans sa ville natale, Le Touquet. Il avait quitté la cité balnéaire vingt six ans auparavant, alors qu’il aimait Angélique. Le père de celle-ci n’aspirait pour elle qu’un gendre de sa condition, riche et placé haut dans la hiérarchie sociale de la région. C’était Quentin Ayssèdre qui avait eu les faveurs de devenir le gendre du potentat Delaruc et Rampart n’avait plus eu qu’à plier bagages. Coup du sort, Ayssèdre était décédé peu après en mai 1981 d’un naufrage en mer, ce qui arrangeait bien les affaires de famille, sa société étant au bord de la faillite. Et en ce mois de février 2007, une femme a été assassinée devant la demeure d’Angélique. La jeune femme, une touriste allemande de passage du nom d’Ingrid Ulmer, a reçu un coup violent sur la tête. Et Angélique, toute honte bue, a appelé à la rescousse son ex petit ami. Ce meurtre apparemment banal, dont le mobile reste à découvrir (justement son téléphone portable a disparu), va faire remonter à la surface des miasmes qui se révéleront nocifs, blessants, incommodants, délétères, car chacun des protagonistes est plus ou moins impliqué dans cette histoire. Outre Angélique, et ses deux enfants, Stéphane et Priscillia, évoluent Amédée, le parrain de Gabriel, gendarme à la retraite, André un ex journaliste localier, Leleu jeune journaliste qui aimerait connaître un parcours similaire à son idole, Edith, ancienne employée d’Angélique, Gigurtu, l’homme à tout faire, Mantoussin le juge, Paul-Alain Levaillant, ex-majordome de Delaruc, plus quelques autres dont le rôle s’avère prépondérant, à un degré ou un autre. Gabriel est surpris d’apprendre que le père d’Ingrid s’appelait Helmut Ulmer, membre de la Stasi du début des années 50 jusqu’à la chute du mur de Berlin. Or en 1944, il sévissait dans le Nord, en tant que gestapiste et il avait été surnommé le Tripier. Un surnom qui n’avait pas été usurpé. Angélique reçoit des lettres, anonymes comme il se doit, et d’autres cadavres viennent ponctuer l’enquête de Gabriel. Lequel Gabriel depuis qu’il a été pris en otage au Moyen-Orient réagit parfois avec imprévisibilité. Sa détention n’a duré guère mais elle a laissé des ravages dans sa tête. Philippe Bouin décrit une gent bourgeoise dont la seule préoccupation est de paraître, à tout prix, qu’elles qu’en soient les conséquences, sur la vie familiale, sociale, des notables qui font passer l’argent avant les sentiments. Entre mensonges, faux-fuyants, cachoteries, illusions, désillusions, compromis, écrans de fumée, Philippe Bouin nous entraîne dans une intrigue machiavélique dont le ressort tourne autour de trois époques. La seconde guerre mondiale et ses suites, 1981 et 2007, et pour ces deux dernières dates la période des élections présidentielles. Ce qui permet à l’auteur, par le biais des dialogues entre ses personnages, de revenir sur ces deux événements et les candidats. Ce ne sont que des annexes qui n’interfèrent nullement dans le récit, mais ajoutent une pointe épicée pas du tout désagréable. Un roman qui dépeint une société en déliquescence, et qui est construit comme un roman policier de détection, d’énigme, de suspense, avec un épilogue à double détente. |
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