|
|
KEN BRUEN |
Brooklyn RequiemAux éditions FAYARDVisitez leur site |
3094Lectures depuisLe lundi 5 Avril 2010
|
Une lecture de |
Être garda, agent de la police irlandaise, beaucoup estimeraient que c’est un bon job. Bien sûr, il se commet des crimes à Galway. Tels ces meurtres de femmes, étranglées avec un chapelet vert. Néanmoins, la vie est plutôt tranquille pour un jeune flic. Peut-être trop paisible, selon Matt O’Shea. Il a d’autres ambitions. À l’heure où l’Irlande attire de plus en plus de gens, Matt rêve d’Amérique, de Green Card. Un échange entre polices des deux pays, c’est l’occasion idéale. En exerçant un petit chantage sur un politicien pas très net, Matt obtient d’être affecté pour un an au NYPD. Quittant sans regret Galway, il s’installe à Brooklyn, n’oubliant pas d’emporter avec lui quelques chapelets. Verts, en souvenir du Père Brennan, épisode de son enfance. Car quelquefois, Matt extravague. Il se réfugie dans un recoin glacial, quelque part à l’intérieur de sa tête, et focalise sur le cou des femmes. Jouissif pour lui, un cou féminin cerné d’un chapelet. Au NYPD, on lui a choisi un partenaire pas facile. Surnommé Barka, Kurt est un de ces flics qui écrasent le monde, y compris les collègues policiers. Au premier contact, Barka teste Matt en cherchant à l’humilier. Celui-ci réagit correctement, selon les critères de Barka. Manière de montrer qu’ils sont à égalité, question caractère et détermination, pour Matt. Pourtant, le flic du NYPD n’est pas du tout exemplaire. À cause de sa sœur Lucia, attardée mentale dont le séjour dans une clinique confortable coûte cher, Barka a accepté de se laisser corrompre par le truand Morronni et son gang. Pour les “Affaires internes”, la police des polices, Barka est sur la sellette. Pas si évident de coincer un type comme lui. Matt va aussi être confronté à ces casseurs de flics des “Affaires internes”. Pour protéger Barka, il a dû buter un malfaiteur, et doit se justifier. Après tout, il a prouvé son efficacité. Et montré à Barka qu’ils faisaient définitivement jeu égal. Pour une fois qu’il a un ami, Barka présente sa sœur Lucia à Matt. Dommage que cette belle adulte ait un esprit de fillette. Après avoir sympathisé avec Nora, serveuse dans un pub, Matt ne tarde pas à devenir intime avec cette dernière. Mais il a un problème. Morronni l’a piégé avec une photo. Il le menace, faisant saccager son logement. Matt se venge à coups de hurley sur Gino, un des sbires du truand. Toutefois, le danger n’est pas écarté. Quand Lucia est agressée, tombant dans le coma, Barka mène son enquête perso pour trouver le coupable. La piste du nommé Fernandez est plausible. Toujours à l’affût, les types des “Affaires internes” poussent Matt à trahir Barka. Un indic de celui-ci vient d’être éliminé par la bande de Morronni, ce qui peut le pousser à la faute. Matt joue son propre jeu, prêt à faire tomber les dominos en cascade. S’il n’est pour rien dans la mort de Nora, ce décès aura pourtant des conséquences… Selon un ex-flic, Matt est un produit de la nouvelle Irlande : arrogance, aplomb et compétence zéro. Sans doute a-t-il tort, n’ayant pas assez observé son sujet. La froideur de Matt est bien plus profonde encore. Celle d’un cynique, capable de limiter les provocations. Celle d’un psychopathe, celle qui permet à un monstre de manipuler tout le monde, peut-être même de passer pour un héros. Comment détester un personnage central qui assume ainsi ses actes ? Ken Bruen développe ici ses thèmes de prédilection, avec sa tonalité narrative fluide (voire même aérée) et cette distance souriante, qualités qu’on apprécie chez lui. Le récit est plutôt nuancé et subtil, à condition d’attraper au vol les détails qu’il nous offre. Expliciter le style personnel de cet auteur est inutile, puisqu’on le savoure. Et seul compte le résultat, très réussi, passionnant. |
Autres titres de |