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JEAN BULOT |
Cinq Petites Poupées NoiresAux éditions DES EQUATEURSVisitez leur site |
1730Lectures depuisLe mercredi 3 Fevrier 2010
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Une lecture de |
C’est une petite île bretonne comptant, hors saison, trois cents habitants, pour la plupart marins retraités et leurs familles, et quelques autres attirés par la qualité de vie de l’endroit. Pour savoir des nouvelles, on est aussi bien informé dans les trois bistrots du village, que par les journaux. Ce matin d’automne, l’infirmière locale découvre chez lui le corps de Pierre, qui s’est pendu. L’autopsie prouvant qu’il était ivre, on ne s’étonne guère du suicide. Il faisait la fête avec ses amis Jojo, Loulou et Lily, quinquagénaires marginaux, s’alcoolisant à outrance. La vie reprend bientôt son cours paisible. Quelques jours plus tard, alors qu’il relève ses filets de pêche, un des vieux îliens y ramène le cadavre de Jojo. La noyade de cet ancien séminariste peut s’expliquer aussi bien par un accident que par un suicide. Peut-être Jojo fut-il choqué par la mort de son ami Pierre. Aux obsèques du deuxième défunt, une petite poupée noire a été glissé dans la corbeille de la quête. Céline, la secrétaire de mairie, avait déjà remarqué une autre poupée noire chez Pierre. Les autorités préfèrent ne pas ébruiter la chose. D’autant que dans les trois bars de l’île, les “berniques de comptoirs” se posent des questions sur les décès rapprochés des deux amis. On analyse les poupées, qui sont authentiquement africaines, de fabrication artisanale. Les deux rescapés de la bande sont interrogés par le maire, mais Loulou et sa compagne Lily n’en savent pas plus. Tout juste aurait-on vu un inconnu chauve aux obsèques de Jojo. Peu après la Toussaint, Loulou alerte la mairie quand Lily disparaît. Dans la caravane où elle habite, on ne trouve que le fatras habituel. On finit par repérer le vieux vélo jaune de Lily, avant de retrouver son corps. Selon les gendarmes, il s’agirait d’une chute accidentelle dans les rochers. Pour Loulou, c’est plutôt leur passé trouble à Amsterdam qui refait surface. Quand la caravane de Lily est incendiée, une autre poupée noire a été déposée près du sinistre, avec d’autres indices africains. Le maire est de plus en plus préoccupé par la présence de ces poupées, information qui reste encore confidentielle. C’est au cimetière que Marie-Louise, une dame âgée, trouve le quatrième cadavre, mutilé et crucifié sur une tombe, une poupée noire enfoncée dans sa bouche. Ce nouveau décès, qui ne peut être que criminel, suscite moult commérages dans les bistrots de l’île. La secrétaire de mairie Céline préfère explorer une piste plus concrète. Le dossier que lui prête Marie-Louise contient des éléments significatifs permettant d’approcher la vérité… Ancien commandant de remorqueurs de haute mer et de sauvetage, Jean Bulot s’essaie au polar avec une réussite certaine. Cette intrigue à la solidité éprouvée n’est pas un roman d’enquête, puisque c’est le contexte criminel qui prime. Si l’identité des défunts est établie d’avance, reste la manière et la motivation de ces actes. Ambiance énigmatique fort bien servie par une narration fluide, assez enjouée dans ses descriptions. Car, si l’auteur en profite pour évoquer la vie quotidienne sur une petite île, c’est qu’il connaît la réalité du sujet. Le portrait des autochtones et de la population touristique est juste, souvent amusé, sans tomber dans les clichés façon carte postale. Ce qui ajoute un évident attrait à l’aspect plus sombre de cette histoire. D’ailleurs, c’est parce qu’il évite une noirceur trop intense que ce roman est véritablement agréable à lire. |