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PIERRE BOUSSEL |
Le Royaume Des SablesAux éditions JIGALVisitez leur site |
3705Lectures depuisLe vendredi 30 Octobre 2009
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Une lecture de |
Il suffit de peu de chose, une brimade, une maltraitance, un viol, pour qu’un jeune homme dont l’avenir semble plein de promesses tourne casaque et devienne dangereux. Ainsi Kashang, d’origine syrienne, qui a suivi une excellente scolarité à l’Alliance Française, obtenant un DEA en sciences politiques puis embrassant une carrière militaire. Officier, trilingue, il avait été admis dans une unité TCB (toxicologie, chimie, bactériologie) unité permettant de mettre au point des armes de destruction massive et avait été violé le jour de ses vingt cinq ans. Un incident qui l’avait amené à franchir l’autre côté de la barrière et à devenir extrémiste. Un épisode mouvementé qu’ignorait Jeanne lorsqu’elle se rend, embauchée comme secrétaire du publicitaire Ravanel, dans le désert du Thalifet, en Asie Orientale. Au bord de la mer de Casham, l’équipe doit tourner un petit film vantant les mérites d’un nouveau parfum, la Rose des sables. Seulement durant la nuit, du matériel informatique est subtilisé et le responsable des guides, Kashang, est soupçonné. Ravanel accepte de le dédommager de ses frais à condition que le matériel lui soit rendu. Toute l’équipe repart pour la capitale pour se procurer la somme promise tandis que Jeanne se propose de rester en compagnie de Kashang, un peu comme monnaie d’échange. Commence alors les tribulations de Jeanne à dos de chameau jusqu’au campement du prince Al Hassan Kel Izmad. Sa blondeur, sa naïveté, sa gentillesse, mais également son côté pugnace impressionnent favorablement la tribu qui la surnomme la Rose des Sables. Jusqu’au jour où un groupe d’hommes de la Section de Lutte Antiterroriste s’invite près du campement. L’échauffourée, provoquée par Kashang, tourne à l’avantage des hommes d’El Hassan, mais celui-ci est mécontent de la tournure prise par les événements. Le lendemain, Jeanne s’échappe du camp sans réelle opposition de la part des hommes d’Al Hassan. De retour en France elle est accueillie en héroïne, par son père, faux plombier et véritable agent des services secrets, les membres du gouvernement, l’opinion publique et une partie de la presse. D’être reconnue dans la rue la perturbe et elle décide de retourner au Thalifet. Roman d’aventure dans la tradition de ceux qu’écrivaient des auteurs comme André Armandy mais en nettement plus enlevé, plus proche de nous et de la réalité, Le Royaume des sables de Pierre Boussel invite le lecteur à réfléchir sur certains événements et comportements. Ainsi Al Hassan, alors qu’il regarde en compagnie de Jeanne une série américaine sur une télévision antédiluvienne avec pour personnage principal une bimbo, explique qu’un gamin de quinze ans se rendant compte qu’il ne pourra jamais approcher ce genre de créature de rêve, qu’il en deviendra dingue et que par vengeance il obligera sa petite sœur à sortir voilée. Le désintérêt des Occidentaux envers une population qui n’aura jamais ce qui lui est proposée via des images virtuelles. Ou encore comment les habitants du Thalifet et des régions limitrophes ont été scandalisés et froissés dans leur honneur par « les ricanements des Gis en découvrant les escaliers en marbre du dictateur (Saddam Hussein), les tentures et les dorures, (qui) avaient été jugés insultants par la population, un peu comme si l’armée belge envahissait le Louvre avec un dictionnaire d’histoires drôles à la main ». Peut-être une explication à l’intégrisme qui s’étend de plus en plus jusque dans nos cités de banlieue et d’ailleurs.
Jeanne Sorbier, 23 ans, se revendique fashion victim. Elle vit chez son père, plombier en banlieue parisienne, avec lequel elle est très complice. Après un stage en institut de beauté, Jeanne est engagée par les Cosmétiques Ravanel. Pour la promo de son nouveau parfum, La Rose des Sables, M.Ravanel va tourner une publicité au Thalifet. Les décors désertiques ce petit état entre Orient et Asie sont l’idéal. Jeanne est la régisseuse du projet. Entre autres, elle devra gérer la désagréable top model engagée à prix d’or par Ravanel. Dans l’avion, Jeanne s’informe sur le Thalifet auprès d’autochtones. Elle devrait mieux écouter leur réponse : “Quelques Occidentaux s’y promènent. Une poignée s’y aventure. Rares sont ceux disposés à le comprendre.” Un groupe de patrons français ayant été récemment rançonné au Thalifet, l’équipe de tournage est protégée lorsqu’elle se rend sur le site choisi, un insolite cimetière de bateaux au cœur du désert. Malgré cela, un vol de matériel se produit dès la première nuit. Implicitement, Ravanel accuse leur guide, Kashang. L’homme est énigmatique, en effet. Suite à une négociation incertaine, l’équipe ayant quitté les lieux, Jeanne apparaît comme l’otage de Kashang. Quand l’armée locale approche, ils prennent la fuite pour un trajet de plusieurs jours à dos de chameau. Leur périple à travers le désert les amène à un campement. Jeanne est finalement “l’invitée” du prince de ce royaume des sables, Al Hassan Kel Izmad. Il n’apprécie guère ces complications, alors qu’il maintenait une paix relative avec les autorités du Thalifet. Jeanne est parfaitement bien traitée, tandis qu’Al Hassan cherche la meilleure solution pour résoudre la situation. Les services secrets internationaux suivent de près la supposée prise d’otage. En France, le père de Jeanne, reste raisonnablement inquiet. Son ami Fréminville, du service antiterroriste, sait la jeune femme repérée (par GPS) au campement d’Al Hassan, homme qui n’est pas réputé dangereux. Quand Jeanne tente de fuir sur un chameau, Al Hassan et Kashang la rattrapent au moment où elle croise une patrouille. Kashang abat sans hésiter les soldats, sans qu’Al Hassan puisse s’y opposer. L’accord entre le terroriste et le prince risque fort de bientôt devenir caduc. Al Hassan conduit Jeanne dans une bourgade, où elle va être facilement récupérée par les services secrets. Revenue en France, Jeanne s’aperçoit qu’elle est une star. Grâce à quelques images d’elles tournées dans le désert, bien exploitées par Ravanel, on a surnommé l’otage “La rose des sables”. Marquée par son séjour dans le désert, Jeanne décide brusquement de retourner au Thalifet. Elle ne tarde pas à retrouver Al Hassan, avec lequel elle va encore traverser bon nombre de dangers… Il ne s’agit nullement d’un simple polar, intéressant mais ordinaire. Non, c’est un authentique roman d’aventure, dans le respect de la meilleure tradition, que présente ici Pierre Boussel. Les tribulations de son héroïne nous entraînent dans un tourbillon de péripéties, auxquelles elle doit s’adapter tant bien que mal. La situation de notre jeune accro de la mode, éloignée de la civilisation moderne, amène évidemment quelques sourires. Elle est inévitablement fascinée par les étranges espaces désertiques, servant de décor à cette histoire. On sent que l’auteur aime les contrées et les peuples qu’il évoque. Naturellement, ces états gangrenés par le terrorisme sont sous surveillance, même si l’efficacité des services secrets apparaît relative. Page 160, Boussel propose une explication à la facilité de recruter des activistes prêts à tout. À cause de la télé captée partout, des bimbos californiennes excitent des types dans leurs pays de misère, où ces filles ne viendront jamais. Frustration d’un impossible rêve américain, qui les envoie vite chez les radicaux de l’Islam. Un suspense mouvementé, absolument passionnant. |
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