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FABRICE BOURLAND |
La Dernière Enquête Du Chevalier DupinAux éditions 10/18Visitez leur site |
2319Lectures depuisLe mercredi 4 Mars 2009
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Une lecture de |
Février 1855, à Paris. Le chevalier Charles Auguste Dupin et son ami américain Carter Randolph sont informés d’une curieuse affaire. Quelques jours plus tôt, le poète Gérard de Nerval s’est suicidé dans la sordide rue de la Vieille-Lanterne. Pourtant, un de ses amis pense qu’il s’agit d’un meurtre. À quelques semaines de l’Exposition Universelle, on redoute des complots contre l’Empereur. Rôdant la nuit dans des quartiers malfamés, Nerval a pu être le témoin gênant d’une conjuration. L’affaire ayant été classée par ses services, le Préfet de police n’y croit pas. Dupin non plus, mais il imagine qu’il y a quelque mystère autour de ce décès. Étudiant les journaux qui ont relaté les faits, Dupin essaie de comprendre. À part un corbeau, nul n’a été témoin du suicide. Des gens sont intervenus trop tard pour sauver Nerval. Un cambriolage raté dans les mêmes rues ne parait avoir aucun rapport. Dupin ne peut s’empêcher de se souvenir du décès, fort étrange aussi, d’Edgar Poe. Que l’écrivain américain ait été victime d’hallucination paranoïaques ne suffit pas à expliquer les circonstances confuses de sa mort. Nerval semblait connaître cette vieille légende affirmant que voir son double, son alter ego, signifie que l’on va mourir. Dupin et Randolph reçoivent la visite d’Alexandre Dumas, grand ami de Nerval. Pour ce pragmatique et puissant écrivain, le suicide est évident. Malgré sa belle notoriété, Nerval vivait dans la misère. Ce noctambule désargenté traînait dans les pires quartiers, dont celui du Châtelet. Jamais il n’aurait dû quitter la clinique psychiatrique du Dr Blanche, où il était en soins. Dans un lettre plutôt délirante, Nerval évoque une nébuleuse secte, l’Ordre de Mopse, qui se réfère au dieu Hermanubis. L’occultisme est de mode chez les intellectuels en ces temps-là. Accompagné de Randoph, Dupin profite de la nuit pour flairer l’ambiance de la sinistre rue de la Vieille-Lanterne… Ce court roman est le prétexte à un bel exercice de style. D’abord, il s’agit d’ajouter une enquête au palmarès de Dupin, le héros créé par Edgar Allan Poe. Surtout, l’auteur rend hommage aux maîtres de la Littérature du 19e siècle, à ce foisonnement de talents que connut l’époque. Beaucoup de ces écrivains, dont Nerval et Poe, furent hantés par une quête philosophique obsédante : trouver la vérité de l’âme humaine; imaginer la vie tel un insondable mystère, dont on ne s’évade que par mort violente. L’invention de la photographie (daguerréotypes) les troublait, sans doute aussi. Loin d’une énigme ordinaire, cette ultime enquête de Dupin est pleine de raffinement. |
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