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PIERRE BOURGEADE |
Ca N'arrive Qu'aux MourantsAux éditions LA BRANCHEVisitez leur site |
1891Lectures depuisLe mardi 22 Octobre 2008
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Une lecture de |
En 2005, les émeutes étudiantes contre le CPE n’ont pas perturbé le commerce, en particulier celui des armes. François Gersant, PDG de la Société Francilienne d’Armements, vient de signer un gros contrat avec son ami l’ambassadeur de la République Démocratique du Zambèze. Ce sera officialisé dès le lendemain, lors d’une cérémonie au Pré-Catelan. Ensuite, plus discrètement, Gersant et l’Africain termineront la soirée au Roi David, un club très privé. Jeune militant, Vaujour dirige la cellule Vigilance Action Étudiante de Paris intra-muros. Il réunit en urgence son groupe. Ces intolérables trafics d’armes qui minent l’Afrique doivent être sanctionnés. On décide des représailles à mener contre Gersant. Il faudra le prendre pour cible sans le tuer. Telles sont les consignes actuelles données aux activistes. Le groupe possède l’argument du prolétaire, un Beretta prêt à servir. Le tireur désigné par le sort ne serait pas à la hauteur. Mais l’enthousiaste Éric, admirateur de Rimbaud parce que le poète aimait aussi les armes, propose de s’occuper de Gersant. Éric promet de respecter la doctrine consistant à ne pas tuer. Ça le gêne un peu, car cet exalté n’oublie pas que toute révolution doit avoir ses martyrs. Il repère le lieu de la réception, ainsi que l’hôtel particulier du marchand d’armes. Dans le même temps, Elisabeth, l’épouse de Gersant, est avertie par son amie Éliane des projets de son mari pour la nuit. Cette Éliane est une fieffée manipulatrice, qui connaît son propre intérêt. Trompée et bafouée, Elisabeth Gersant envisage de quitter brutalement son époux. Le soir venu, Éric se cache dans les parages de la soirée officielle. Trop de monde entourant sa cible, il renonce provisoirement. Éric va l’attendre à son hôtel particulier. Elisabeth a remarqué la présence d’Éric. Tant qu’à fuir, autant que ce soit avec ce jeune révolté... Ce roman court revient sur l’idéal révolutionnaire, dans sa version traditionnelle. Non sans sourire, il nous présente un activiste qui a gardé la foi. Si notre époque évolue, les puissants dominent toujours le monde. La lutte armée reste donc le chemin de l’échec. Séduire l’épouse d’un nanti, c’est déjà une belle conquête. L’auteur égratigne les trafiquants d’armes au service de la France, et les groupuscules aux idéaux figés mais aux pratiques molles. Si le ton est plutôt léger, on devine néanmoins que l’affaire peut virer au noir. Fort agréable à lire. |