Sean Burke : Au bout des docks- (Deadwater 2001, traduit de l’anglais par Pierre Lalet)- rivages/Thriller-213 pages- 17 €- janvier 2007
Ce roman a une sacrée gueule d’atmosphère, plombante et délétère. Ça commence comme un polar : une prostituée est retrouvée sauvagement assassinée, un dimanche de Pâques de l’année 1989, dans les quartiers des docks, à Cardiff. Jack Farissey, un pharmacien trentenaire, se relève d’une nuit pleine de frasques, alcool et substances diverses, sans garder plus de souvenirs que ceux de ses vêtements ensanglantés. Qu’a-t-il donc fait en compagnie de son vieux pote, Jess Simonds . un musicien aussi déjanté que lui ?
Puis c’est le soleil noir de la mélancolie qui s’attache aux pas de ce héros, acharné à mener aussi loin que possible des expériences hallucinatoires et qui boit « tout simplement pour passer ses journées entre le néant et le calme ». Professionnel doué d’une certaine compétence, il met manifestement à profit ses connaissances pour aller aussi loin que possible dans le champ de la destruction. A cette description, qui peut déprimer un lecteur sensible, s’ajoute le constat, parallèle évident, du quartier de Cardiff dans lequel il vit. Ce quartier écrit l’auteur « entretenait un attachement pervers à sa propre destruction » ; tout est ainsi dit… Sean Burke se fait alors l’historien véhément des paris architecturaux qui souhaitant moderniser le vieux quartier des docks ont surtout cherché à en détruire les racines communautaires sous prétexte d’en éradiquer ainsi la criminalité. Au bout des docks est le livre d’un contre- apprentissage, d’un « no future ! » qui claque au vent d’un lyrisme noir.
Bernard Daguerre
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