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JAMES LEE BURKE |
La Nuit La Plus LongueAux éditions RIVAGES/ THRILLER |
2395Lectures depuisLe vendredi 10 Juin 2011
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Une lecture de |
Cette longue nuit, est-ce celle de l’ouragan ou bien celle du coeur des hommes ? Dave Robicheaux, « Belle mèche » travaille dorénavant sous les ordres d’Helen, son ex partenaire. Toujours shérif à la paroisse d’Iberia, au bord du Bayou Teche, toujours amoureux de la nature. Veuf de Bootsy, remarié avec Molly, une ex nonne ( !), toujours père d’Alafair, aujourd’hui brillante jeune femme, futur écrivain au caractère bien trempé et fort bien entraînée au karaté.Ce sont ses bases. Sa famille, et aussi son amitié pour Clete Purcell, définitivement calamiteux, toujours brutal, alcoolique, délicat comme un éléphant dans un délicat magasin d’antiquités du quartier ancien. Hélas, ce quartier-là n’est plus. Il a disparu, écrasé par le poing de l’ouragan, noyé par l’invasion du lac Pontchartrain. Dave Robicheaux et la police d’Iberia sont appelés en renfort pour tenter de ramener un semblant d’ordre dans la ville dévastée et passent une semaine à tenter de pallier la désertion d’un bon tiers du NOPD (New Orleans Police Departement). A la demande du FBI débordé, Clete et Robicheaux vont ensuite entamer une longue traque de la vérité dans les rues envahies de cadavres, de débris et de boue de la Nouvelle-Orléans. Une traque dont le sens n’est pas évident. Un mort, un blessé au milieu de tant de cadavres ? Comme d’habitude chez J-L Burke, la vérité a un goût amer. Pendant ce temps, des milices blanches défendent leur quartier en tirant sur ceux qui cherchent de la nourriture et des médicaments dans les magasins abandonnés et sur les pilleurs de maison. James Lee Burke, par la voix de son héros déclare « C’est une situation que nulle part aux Etats-Unis on n’imagine. Une situation possible nulle part, sauf dans le tiers monde ». Le récit que fait James Lee Burke de la ville après la tempête est apocalyptique. Il raconte l’effroyable, rendu possible par l’incurie des services publiques et la malhonnêteté des politiciens qui vont aussi être responsable de sa durée. Car si le temps du roman s’interrompt quelques semaines après Katrina, on sait qu’aujourd’hui encore, six ans après le passage de la vague de sept mètres de haut portée par les vents terrifiants, une partie des quartiers pauvres de la ville ne sont pas reconstruits. Burke raconte encore les marais, la couleur du ciel. L’odeur de l’eau est sacralisée, la lumière au travers du feuillage des pacaniers magnifiée. Leur beauté est le seul repos de l’esprit tourmenté de son héros. Tourmenté par la situation de racisme latent institutionnalisé, par l’alcoolisme et la crainte de voir à nouveau son univers basculer. Le lecteur français ne pourra que s’interroger par ce que lui apprend cette immersion dans le quotidien américain. Le recours aux armes, la légitime défense, le racisme prégnant, les clivages sociaux d’une société hyper libérale font un étonnant pendant à la poésie quasi lyrique du bayou. Si la série « Robicheaux » est une réussite, cet opus-là en est un des fleurons.
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