Dans le milieu de la protection rapprochée, Béatrice est connue sous le surnom d’épaulard, non pas parce que comme l’orque d’où elle tire ce sobriquet, elle soit un superprédateur, une baleine tueuse, mais à cause de son professionnalisme irréprochable, de son efficacité sans failles. Et l’une de ses règles d’or est simplissime : ne jamais travailler sans équipe en soutien, ne jamais accepter une mission en solitaire. Mais un jour, elle déroge à ce protocole pourtant intangible. Et c’est le drame : elle tombe dans un piège. La femme et les deux fillettes qu’elle devait conduire jusqu’en Italie sont abattues par un ou plusieurs snipers ; elle est grièvement blessée. Après de longs mois d’hospitalisation, physiquement diminuée, moralement brisée, elle se réfugie dans un village du Morvan, un village en voie de désertification. Dans un premier temps, elle s’installe dans le dernier hôtel du bourg avant d’aménager dans une maison prêtée par Pôl, le curé de la paroisse, avec lequel elle s’est liée d’amitié.
Et par petites touches, tels les pointillistes, les souvenirs d’enfance émergent alors que l’hôtelier, confrontait à l’effondrement de son univers, perd la raison, que Pôl semble rongé par le passé qui émerge, que les saisonniers campent non loin et que la nuit le danger qui rôde fera finalement irruption.
Thierry Brun, en conteur néo-impressionniste, assemble les couleurs de sa palette monochrome au gré des flux et reflux des états tantôt enjoués souvent spleenétiques de ses personnages perclus d’une souffrance occultée. Et son Épaulard le hisse du noir au blanc, de la littérature de genre à la littérature.
|
Autres titres de thierry brun
Ce Qui Reste De Candeur
La Ligne De Tir
Tuez Audrey Paris |