Gran madam's de Anne BOURREL


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ANNE BOURREL

Gran Madam's


Aux éditions LA MANUFACTURE DE LIVRES


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Le samedi 7 Fevrier 2015

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Anne BOURREL




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Drôle d'expérience d'être une pute bon marché au club Gran Madam's, côté espagnol de la frontière, à La Jonquera. Ex-étudiante, Virginie Lupesco devenue Bégonia Mars, “apprécie” les plaisirs du job. Y a qu'à se faire secouer dans tous les sens par une succession de clients, qui paient via une sorte de parcmètre. Pour le reste, Ludovic le Boss s'occupe de tout : lui tirer son fric, lui claquer des baffes, ingurgiter des chocolats et picoler. Et puis organiser un mauvais coup avec son assistant le Chinois et elle : buter salement le Catalan, patron du club où elle est employée. Dès le lendemain, le trio s'offre une virée côté France sous la chaleur de l'été, avec le chien de Bégonia, dans la Dacia pourrie du Boss conduite par le Chinois. Pinard à volonté pour un pique-nique en bord de mer près de Leucate, sur une plage polluée où la baignade est interdite. L'ombre du Catalan plane encore sur eux.

Le hasard fait qu'ils embarquent une gamine d'une douzaine d'années, Marielle, traînant dans les dunes. Elle a tendance à l'embonpoint, la petite. Quand elle a envie de voir les lions au zoo de Sigean, Ludovic le Boss est d'accord pour cette balade chez les fauves. Il n'empêche qu'une mineure, ça peut finir par attirer les embrouilles avec les flics. Ramener Marielle à ses parents, Jean-Louis et Sylvie, couple de garagistes à Capendu, un village du coin ? Bien que la fillette fugueuse ait disparu depuis plusieurs jours, ils ont l'air modérément perturbés, ces deux-là. Ce n'est pas sa première fugue, il est vrai. Quand même, ils sont très heureux que Marielle soit retrouvée, et invitent le trio à rester. Le Chinois étant tombé malade, ils sont obligés de prolonger leur séjour. L'occasion pour Bégonia Mars de se remémorer son parcours du Puy-de-Dôme jusqu'à la prostitution.

La jeune femme s'entend bien avec Marielle, qu'elle a envie de protéger. Surtout, Bégonia est très attirée par Ali Talib, le beau gardien de nuit de la station. Ludovic le Boss ne parle plus de ses projets parisiens. Globalement, une agréable pause vacances, dans la bonne humeur. Tandis que le farniente s'éternise à Capendu sous la canicule, les habitants du village masquent mal une certaine désapprobation envers le trio, suspect à leurs yeux. Le Chinois, issu d'un étonnant métissage, les intrigue sûrement. Par ailleurs, il y a la famille de Sylvie, au sujet de laquelle Bégonia ressent un malaise certain. Faut-il protéger Marielle contre tout cet environnement, finalement pas si calme, avec ses secrets et sa nervosité ? Quand les gens du village lancent les hostilités, il est temps pour le trio de réagir…

Cet excellent roman s'inscrit dans la lignée de ce que l'on appela le “néo-polar” voilà une trentaine d'années. On y mêlait réalisme et marginalité, la narration fluide compensant un climat tendu. À l'époque, il eût trouvé sa place aux côtés de ceux de Pierre Pelot, Thierry Jonquet, Michel Quint, et autres ténors de la collection Engrenage du Fleuve Noir. Par son écriture vive et inspirée, l'auteure réussit instantanément à nous fasciner. Sacré “tour de force”, car elle n'est pas la première à nous raconter les déboires d'une prostituée.

Cette jeune femme acceptant le sexe tarifé à la chaîne, assumant sa soumission à un proxénète, on n'a vraiment aucune raison de la trouver émouvante. Probablement est-ce sa franchise qui la rend bien plus sympathique. Par exemple, elle n'a pas l'hypocrisie de se dire escort-girl, qualificatif plus noble (mais c'est la même chose) que celui de pute. Elle ne nie pas que, en plusieurs occasions, elle pourrait certainement fuir cet univers malsain. Franche ou sincère, oui, mais pas peut-être pas complètement lucide.

Elle semble accro au dégoût, comme bon nombre de ces femmes, qui jureraient mordicus qu'elles sont libres de leur vie, heureuses. Elles sont au service de faux-caïds : “Ils se ressemblent tous : visages fermés, lunettes noires, costume chemise blanche, chapeau de cuir, ou survêt, médaille, casquette. Aucun ne révèle jamais son véritable nom. Ils s'entre-tuent et sont interchangeables.” Les maquereaux d'antan n'ont guère évolué, des gagne-petits qui se donnent des airs de chefs, de businessmen.

Anne Bourrel confronte son trio à un monde normal et quotidien, en apparence équilibré, mais peut-être pas tant. Sous le soleil du Languedoc-Roussillon, un noir polar de haute qualité, nettement plus sombre qu'il y paraît.

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