Huit millions de façons de mourir de Lawrence BLOCK


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LAWRENCE BLOCK

Huit Millions De Façons De Mourir


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Lawrence BLOCK




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Matthew Scudder a longtemps été policier à New York, métier qu’il a abandonné : “Une balle perdue que j’avais tirée avait tué une fillette nommée Estrellita Rivera, mais je ne pense pas que ce soit le remords qui m’ait incité à quitter la police. En fait, cet incident avait transformé ma vision du monde, si bien que je n’avais plus envie d’être flic.” Matt Scudder a aussi quitté son épouse et ses enfants, pour loger dans une modeste chambre d’hôtel. Il a bientôt sombré dans l’alcoolisme le plus extrême, jusqu’au coma éthylique, frôlant la mort. Il suit sans conviction les réunions des Alcooliques Anonymes. Même s’il parvient à rester abstinent quelques jours, on ne peut pas le considérer comme repenti. Il est officieusement détective privé, sans licence, ni rentrées d’argent régulières.

Venue de sa cambrousse, Kim est une séduisante prostituée âgée de vingt-trois ans, qui exerce à New York depuis quatre années. Voulant décrocher, elle engage Matt Scudder afin qu’il serve d’intermédiaire avec son souteneur. C’est un Noir qu’on appelle Chance, dont on ne connaît pas l’adresse précise. Scudder le cherche vainement dans les clubs plus ou moins miteux de Harlem. Ils finissent par se rencontrer lors d’une soirée de boxe. Chance n’est pas un proxénète inculte et brutal. Il n’est pas opposé à ce que Kim reprenne sa liberté, d’autant que d’autres jeunes femmes travaillent pour lui. L’affaire se règle donc à l’amiable. Mais le surlendemain, Kim est retrouvée assassinée dans une chambre d’hôtel. Un meurtre sanglant, la prostituée ayant été massacrée avec une machette.

Difficile pour Scudder de surmonter son besoin d’alcool dans ces conditions. Il aurait bien besoin d’un sevrage sévère, mais refuse d’être soigné. Il s’est mis en contact avec le flic Joe Durkin, lui faisant part de ses soupçons contre Chance. Mais ce dernier possède un bon alibi. Policier désabusé quant à la criminalité new-yorkaise, quelque peu raciste, Joe Durkin pense qu’une enquête sur la mort d’une prostituée n’aboutirait pas à grand-chose. Peu après, Chance renoue avec Scudder, l’engageant pour découvrir l’assassin de Kim. Le proxénète lui accorde une certaine confiance, l’invitant dans sa maison du quartier de Greenpoint, lui montrant sa collection d’Art Africain. Scudder finit par accepter la mission. À part le faux nom utilisé par le client-assassin, il n’a quasiment aucun indice.

Espérant mieux cerner la défunte Kim, Matt Scudder rend visite aux autres prostituées de Chance. Mais chacune d’elles a son parcours personnel. Une vieille voisine de Kim résume l’individualisme ambiant : “Les New-yorkais sont comme ces lapins. Nous vivons ici pour profiter de ce que la ville peut nous procurer sous forme de culture, de possibilité d’emploi ou ce que vous voudrez. Et nous détournons les yeux quand la ville tue nos voisins ou nos amis. Oh bien sûr, nous lisons ça dans les journaux, nous en parlons pendant un jour ou deux, mais après nous nous empressons d’oublier. Parce qu’autrement, nous serions obligés de faire quelque chose contre ça, et nous en sommes incapables. Ou bien il nous faudrait aller vivre ailleurs, et nous n’avons pas envie de bouger.”

Avec le flic Durkin, Matt Scudder tente d’établir le scénario du crime, le comportement du tueur. Lapin ou vison ? Selon Chance, la veste en fourrure de Kim était en peau de lapin. Mais elle en possédait bien une en vison. Peut-être offerte par un petit-ami généreux, une piste à explorer pouvant conduire au tueur ? Ayant été agressé par un minable voyou à Harlem, Scudder le met hors d’état de nuire et récupère son arme. Un peu plus tard, c’est Sunny – une autre des prostituées de Chance – qui est retrouvée morte. Un suicide, qui ne fait pas de doute, ne causant pas d’ennuis supplémentaires à Scudder, ni à Chance. Le meurtre d’un autre personnage, entrevu autour de la mort de Kim, va relancer l’affaire. Et révéler bientôt les rouages de ces crimes…

(Extrait) “Le vent, à New York, a parfois un comportement curieux. Les hauts bâtiments semblent le casser, le diviser, puis le faire tourbillonner comme une boule de billard anglais, de sorte qu’il rebondit de façon imprévue et souffle dans des sens différents d’un pâté de maisons à l’autre. Ce matin et cet après-midi-là, où que je sois, il me soufflait dans la figure. Quand je tournais le coin d’une rue, il tournait avec moi, mais toujours face à moi pour mieux m’asperger de pluie. Il y avait des moments où cela me semblait revigorant, d’autres où je baissais la tête, remontais les épaules, maudissais les éléments et me traitais d’imbécile pour ne pas être resté chez moi.”

Bien que ce roman soit le 5e, sur dix-sept, de la série ayant pour héros Matthew Scudder, c’est le premier qui fut traduit en français, en 1985. Aux États-Unis aussi, c’est ce roman qui va vraiment faire connaître le personnage. Paru sous le titre “Huit millions de morts en sursis”, cet intitulé changea pour “Huit millions de façons de mourir” en 1986. Car c’était le titre d’un film de Hal Asby, avec Jeff Bridges, Rosanna Arquette, Andy Garcia, Randy Brooks, Alexandra Paul, adapté de ce livre cette année-là. Si Scudder y est un ex-flic en proie à la même dérive alcoolique, l’intrigue a pour décor Los Angeles. L’intrigue rythmée du film privilégie une bonne part de violence. Malgré les points communs, on est loin de l’esprit du récit. Où l’on trouve deux personnages principaux : Scudder et… New York.

En effet, c’est un portrait de cette métropole au début de la décennie 1980 que dessine Lawrence Block. Le détective sillonne les rues, les quartiers et des lieux tel Central Park, au cours de ses investigations. L’histoire est ponctuée de ces faits divers auxquels la population de New York s’est habituée. Des incivilités dans le métro jusqu’aux plus sanglants des crimes, cette ville est un concentré d’insécurité à l’époque. Cela explique le cynisme du policier Joe Durkin : “Vous êtes victime d’une agression en rentrant chez vous, mais vous ne subissez aucun dommage en dehors du fait que le type vous a volé votre argent ? Estimez-vous heureux d’être encore en vie. Rentrez chez vous et dites une Action de Grâce.” Il faut y voir un témoignage plutôt qu’une approbation.

Les aventures de Scudder sont plus sombres et dures que celles de Bernie Rhodenbarr, le libraire cambrioleur, autre série de Lawrence Block. Par exemple, le détective fait preuve de violence envers le braqueur qui l’a attaqué, réaction défensive conforme au contexte en question. Quant au singulier proxénète Chance, Scudder n’exprime aucun racisme à son égard. On souligne assez simplement la lucidité de Chance, qui rappelle que des cohortes de jeunes femmes débarquent quotidiennement à New York pour s’y prostituer. Toutes les situations décrites sont réalistes, communes, plausibles, fortes parfois.

Reste l’alcoolisme de Matthew Scudder, autre fil conducteur du roman. Le processus du recul de la dépendance aux boissons alcoolisées est en cours, mais le combat est loin d’être gagné. Scudder assiste irrégulièrement aux réunions de Alcooliques Anonymes, mais se tait sur son propre cas. Il écoute les conseils, notamment de son amie Jan, mais le climat n’est pas propice à la rémission. Par ailleurs, à chaque salaire reçu, il laisse une dîme de dix pour cent dans un tronc d’église, geste qu’il ne s’explique pas vraiment à lui-même, n’éprouvant aucun sentiment religieux. “Huit millions de façons de mourir” est un roman noir dense où, grâce à Matthew Scudder, l’individu compte autant que la masse des huit millions habitants de la ville. En 1983, il a été récompensé par le Prix Shamus (pour des romans dont le héros est un "privé", Shamus signifiant détective privé dans le langage populaire américain).

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