Erromango de Pierre BENOIT


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PIERRE BENOIT

Erromango


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Pierre BENOIT




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

Le Livre de Poche N°516/517. Parution 1er trimestre 1960. 448 pages.

Première parution : Editions Albin Michel. 1929.

Réédition : Collection La Petite Vermillon. Editions de La Table Ronde. Parution 11 février 1998. 336 pages. 8,70€.

ISBN : 978-2710307358

Grandeur et décadence dans une île paradisiaque !

Auréolé de son diplôme universitaire d’ingénieur agronome de Sidney et de sa médaille de Melbourne, Fabre débarque sur l’île d’Erromango dans les Nouvelles-Hébrides.

Il vient prendre possession du domaine de Pilbarra que le précédent gérant, Sullivan, abandonne, ayant passé six ans de sa vie à la culture du coprah. Sullivan en profite pour lui donner quelques conseils, des informations sur les résidents et autochtones de l’île d’Erromango, et sur d’autres coloniaux qui vivent dans les îles voisines. Mais à cette soirée où les deux hommes font connaissance, sont invités également l’ancien capitaine du navire qui a amené Fabre, et son remplaçant. Là aussi il y a passation de pouvoir.

Le capitaine Magdalena est un vieux marin qui bourlingue entre Sidney et l’archipel des Nouvelles-Hébrides et autres îles de plus ou moins grande importance. Le Myosotis apporte des denrées et repart chargé de coprah et diverses productions. Il assure également le transport du courrier. Ses haltes sont aléatoires, mais chacun s’y fait.

Si Fabre doit se méfier des Canaques qui vivent sur les hauteurs de l’île, leur réputation étant entachée de cannibalisme, il doit également se défier des deux autres résidents. Un certain Jeffries, l’un des deux Blancs installés sur l’île, veuf depuis des années, considéré comme un ours et un malotru, aurait tué dans des conditions un des prospecteurs pour un vague différent.

L’autre Blanc vivant sur l’île depuis des décennies est un vieux pasteur presbytérien, le Révérend Gibson, qui s’était proclamé évêque et roi d’Erromango. Mais son esprit n’est plus tout à fait en conformité avec ses fonctions.

Quant à Bliss et Cross, s’ils n’habitent pas sur l’île, ils y abordent plus ou moins régulièrement, apportant au Myosotis le coprah qu’ils achètent à un prix dérisoire à leurs indigènes et le revendent avec une marge bénéficiaire conséquente. Ils ne possèdent pas bonne réputation même s’ils se montrent très polis.

Pendant que les trois hommes devisent, le jeune capitaine Simler, dont c’est la première affectation, se montre inquiet quant au temps. Il ne connait pas la région et craint une tornade, vérifiant le baromètre constamment.

Fabre, d’origine française mais né en Australie, vient s’installer, non pas pour récolter du coprah comme ses confrères, mais pour élever des moutons, une idée osée mais pas dénuée de pertinence. Il possède de sérieuses références dans ce domaine et a importé des ovins en provenance de Sologne, qu’il est allé lui-même chercher sur place, et dont il pense que la constitution devrait leur permettre de s’apprivoiser facilement. Et, effectivement, les premières semaines lui donnent raison. Bientôt il est même à la tête d’un petit cheptel enregistrant de nombreuses naissances. Il est aidé en cela par des Canaques venant d’autres îles, ainsi que d’un boy qu’il a recruté et de Gabriel, l’ancien serviteur de Sullivan.

Tout irait pour le mieux s’il ne s’adonnait pas à la boisson. Progressivement, inconsciemment, il boit un verre puis deux, et ne les compte plus. Ce n’est parce qu’il n’a rien à faire, car il a remis à neuf les dépendances, et que le soir il écoute les disques qu’il a amené et ceux que lui a laissé Sullivan, sur son gramophone. Non, c’est la pensée d’une jeune femme qui le titille. La Dame de Rose Bay, comme il l’a surnommée.

Il l’a connue à Sidney en fréquentant un hôtel réputé pour son hall dans lequel les jeunes femmes de la bonne société mais qui s’ennuient viennent prendre un verre et plus si affinité. Il a donc connu une jeune femme mariée dont le mari était parti pour son travail et pour une fois, lui volage s’en était entiché durant trois semaines. Puis un jour elle est partie.

Ce souvenir s’est imposé à son esprit lorsque lors d’une soirée à bord du Myosotis, trois mois environ après son arrivée au domaine Pillbara, il a narré ses soirées à quelques coloniaux qui partaient en goguette à Sidney et lui avaient demandé s’il connaissait des adresses. Alors il avait signalé cet endroit, prodiguant ses conseils sans retenue, parlant même de la Dame de Rose Bay. Mais revenu dans son bungalow, il s’est imaginé, à tort ou à raison, que cette jeune femme pouvait être l’épouse décédée de Jeffries. Et cette idée le ronge jusqu’à le pousser à boire jusqu’à plus soif et à négliger son troupeau. Les remords le taraudent. De petits faits en apparence insignifiants mais pourtant lourds de sens qui l’amènent à cette supposition et deviennent bientôt à une évidence.

Débute une lente descente aux enfers ponctuée par des incidents divers dont une tornade qui bouscule tout sur son passage.

Publié en 1929, ce roman possède une étude psychologique comme en a écrit Georges Simenon. Et l’on pourrait croire que Pierre Benoit a copié sur l’écrivain belge mais à l’époque de la parution de ce roman, Georges Simenon n’avait pas encore rédigé ses romans durs, noirs.

Ce roman fut-il le déclencheur chez Simenon pour écrire à côté des Maigret qui lui apportèrent la célébrité des romans noirs qui par la suite ont largement alimenté la veine cinématographique ?

Il est vrai qu’Erromango détonne quelque peu parmi la production habituelle de Pierre Benoit. Il connaissait déjà, et dès son premier roman, Koenigsmark, et surtout le suivant L’Atlantide les faveurs du public, le propulsant écrivain populaire aux très nombreux succès. Ce romancier-voyageur met en scène le colonialisme sans en faire l’apologie. Il s’attache à décrire les coloniaux, leur façon d’investir un pays, mais surtout il explore leur psychologie.

Erromango en est le parfait exemple, et avant la lettre c’est un roman dur, âpre, poignant, dénué de cet amphigourisme et de cette grandiloquence qui souvent imprégnait les romans de cette époque. Pas de longues phrases ou de digressions ennuyeuses, mais une narration vivante, rendant bien le caractère d’un homme qui, parti avec de grandes ambitions, se laisse peu à peu submerger par une forme de remords quant à ses actions passées et son dédain pour la femme en général, et qui s’aperçoit d’un seul coup qu’il est peut-être passé à côté du bonheur et a provoqué le malheur de celle qu’il aimait.

Mais il ne s’en rend compte que dans la solitude et des souvenirs alimentés par une chanson découverte par hasard sur un disque trouvé dans les affaires de son prédécesseur.

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