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JACQUES BAUDOU |
Au Grenier Des SortilègesAux éditions RIVIERE BLANCHEVisitez leur site |
1063Lectures depuisLe lundi 29 Fevrier 2016
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Une lecture de |
Collection Noire N°80. Parution novembre 2015. 184 pages. 17,00€. Vous pouvez y entrer sans crainte, il a été dépoussiéré ! Après avoir publié de nombreuses anthologies dans le domaine du roman policier, découvrant quelques auteurs qui ont eu les honneurs d'être édités dans de grandes collections par la suite, après avoir rédigé, seul ou en collaboration des essais et des études, dont Le vrai Visage du Masque et Les Métamorphoses de la Chouette, après avoir été chroniqueur au journal Le Monde dans la rubrique Science-fiction et Fantastique, rédigé de nombreuses préfaces ou présentations pour des volumes Omnibus, créé une revue Enigmatika, dans laquelle il signait des articles sous le pseudonyme d'Anne Matiquat, tout en étant animateur culturel à Reims créant le Festival du Roman et du Film Policiers puis Les Rencontres européennes puis internationales de la Télévision... et j'en oublie, il fallait bien que Maître Jacques Baudou s'attèle à l'écriture d'un roman, même s'il avait déjà tâté de l'écriture publiant par-ci par-là des nouvelles policières et de science-fiction. Voilà qui est fait de charmante et pétillante façon, et nous ne le regretterons pas, de nombreuses références littéraires, qui vont de Victor Hugo à Paul Gilson, de Charles Nodier à Jean-Louis Foncine, de Lawrence Sterne à Joseph Peyré, d'Alfred Jarry à Yves Gibeau parsèment le roman et l'enquête de Jonathan, le héros encore une référence à Jonathan Carroll, auteur du Pays du fou rire...
Intéressons-nous maintenant à l'intrigue de ce roman qui prend pour décor la bonne cité royale de Reims, ville adoptive de Jacques Baudou. Jonathan, enquêteur à la Société d'études et de recherches ésotériques et métapsychiques, est convoqué par son directeur pour résoudre deux affaires délicates dont le point d'ancrage se trouve à Reims et dans ses environs. Tout d'abord, Aristide Forcier, correspondant de la Serem en Champagne, a envoyé un télégramme dont le contenu est pour le moins laconique et intriguant : Événements sidérants à Reims. Envoyez votre meilleur enquêteur. Forcier est connu pour sa fiabilité et n'adresserait pas de demande d'aide sur de simples rumeurs farfelues. Entre autres activités multiples, il édite un fanzine fortéen (de Charles Fort, écrivain américain dont le fond de commerce littéraire étaient les phénomènes paranormaux), l'Intermédiariste. Et puisqu'il part pour Reims, Jonathan doit en profiter pour se renseigner sur la collection du docteur Octave Guelliot, un médecin puis chirurgien ayant vécu à Reims à partir de 1882, et éventuellement savoir ce qu'elle est devenue. Histoire de faire coup double, cela rentabilise. Une chambre est réservée dans un établissement rémois et Jonathan après un voyage ferroviaire au cours duquel il a pu découvrir la campagne champenoise, rejoint à pied son hôtel. Cela lui permet de prendre le pouls de la cité et d'assister, en passant devant le Manège, à un phénomène étrange dont il est le seul témoin. Une représentation du Wild West Show, le cirque créé par William Cody, alias Buffalo Bill, lors de sa tournée européenne. Bizarre. Puis il contacte Forcier qui lui donne rendez-vous pour le lendemain. N'ayant rien de spécial à faire de sa soirée, il décide de dîner en ville mais auparavant il s'enquiert auprès du réceptionniste de lui indiquer quelle rue serait propice pour lui offrir la meilleure idée de Reims. Et c'est ainsi qu'il déambule (je vous épargne le trajet qui est indiqué dans l'ouvrage) et entend une voix rocailleuse vociférant La sphère est la forme des anges... Cette fois encore il est le seul témoin auditif de ces paroles sibyllines. Le mieux est encore de se restaurer, et il entre dans un restaurant attiré par l'enseigne, El Diablo, restaurant mexicain. Le repas est excellent mais la serveuse est sublime avec sa mèche blanche. Et il se promet d'y retourner, aussi bien pour les plats que pour la jeune femme. L'entretien qu'il a le lendemain avec Forcier est riche d'enseignements. De nombreuses personnes ont été les témoins d'un phénomène étrange, dont s'est fait l'écho le journal local : un Spring-heeled Jack aurait agressé quelques individus qui ne demandaient rien à personne, et dont l'origine est ancrée dans l'imaginaire victorien. Jack Talons-à-Ressort, en français, et dont vous pouvez vous faire une opinion visuelle ci-dessous.
La seconde apparition collective s'est déroulée près de la bibliothèque Carnegie. Une photo prouve que cette apparition fut réelle et non imaginaire. Un château, un burg romantique était imprimé dans le ciel, mais positionné à l'envers. Jonathan va être confronté à d'autres manifestations, auditives ou visuelles, et son enquête va le mener, en compagnie de Forcier jusqu'en forêt de Verzy, au milieu des faux, ou hêtres tortillards, des arbres difformes.
Cette enquête-aventure de Jonathan est prétexte à déambulations dans Reims et son voisinage, sorte de guide touristique à usage des curieux d'un héritage culturel, immobilier et littéraire. C'est ainsi que l'œil (et même les deux) de Jonathan est attiré par la devanture d'une boutique qui expose, entre autres objets, des disques vinyles, des Vautours, des Lionceaux, des Pingouins, des groupes rocks français des années 1960. Et ceux qui comme moi se rendaient tous les ans au Festival du roman et du film policiers se souviendront avec une nostalgie certaine de certains sites. D'ailleurs cette histoire est ancrée dans les années 1980, car le téléphone portable n'existait pas encore. Une époque où l'homme n'était pas encore asservi aux technologies nouvelles de la communication. Roman fantastique à l'ancienne, dans lequel la violence est exclue, et c'est reposant, l'intrigue reposant sur des images et des manifestations auditives, avec cependant un thème qui est toujours d'actualité malgré les nombreuses déclinaisons qui en ont été faites. Le crédo de Jonathan se résume ainsi : Je suis enquêteur pour la Société d'études ésotériques et métapsychiques, une organisation plus sérieuse que sa dénomination pourrait le laisser supposer qui a pour but de démêler le vrai du faux, de trier les événements étranges ou d'apparence fantastique pour se concentrer sur ceux qui résistent aux explications rationnelles. Je gage que nous retrouverons Jonathan dans d'autres aventures, du moins c'est ce que j'espère. |
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