La meute des honnêtes gens de Laurence BIBERFELD


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LAURENCE BIBERFELD

La Meute Des Honnêtes Gens


Aux éditions AU-DELA DU RAISONNABLE


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Le jeudi 5 Juin 2014

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Laurence BIBERFELD




Une lecture de
JEANNE DESAUBRY

JEANNE DESAUBRY  

La Meute des Honnêtes Gens Laurence Biberfeld Éditions au-delà du raisonnable 2014 Laurence Biberfeld joue avec les codes comme avec les mots. Roman après roman, la voici, la voilà, qui construit un univers à elle, quelle veut bien partager avec nous, rien qu’avec ses mots. Un monde de rage et de tendresse, de passion et d’indulgence. Mais son indulgence, elle la réserve aux petits, aux misérables, aux abandonnés, à ceux qui vivent de peu, de rien, les laissés pour compte d’une société qui n’hésite pas à les dévorer pour nourrir son insatiable soif de richesses, de réussite, de croissance.

Ici, la sainte trilogie de l’unité de lieu, de temps et d’action se trouve bousculée pour notre plus grand plaisir. Si l’action, dans sa répétition, trouve ses racines dans les mêmes origines, se déroulant sur le même lieu, elle se joue en deux temps, répétition a coda, avec deux siècles d’écart.

Et le lieu est d’importance. C’est lui qui souffle son âme, sa force, faisant glisser les sentiments des humains vers les extrêmes. La montagne cévenole, dans sa grandeur sauvage, ses espaces inatteignables, ses secrets, peint les destins aux couleurs les plus sombres : celle de l’obscurité impénétrable des châtaigniers couvrant les pentes vertigineuses des vallées encaissées.

Fin XIXème, un maitre filateur est égorgé proprement. Homme que seul intéresse l’argent et les femmes, consommant les ouvrières comme il siffle son vin : sans modération, il laisse peu de regrets. Aujourd’hui :  Gérard, son descendant, maire du village qu’il met en coupe réglée avec un duo de copains – coquins, est découvert au bord de la même rivière. Pareillement égorgé. Même goût immodéré pour les femmes et la table. Tout aussi haï que son aïeul.

Ce renvoi en miroir dans l’histoire d’une région, d’une famille, est l’occasion pour Laurence Biberfeld de jouer avec la langue. Parler cévenol pour la partie ancienne, mots syncopés de jeunes squatteurs de la filature en ruine pour l’autre.

Avec cette fable prenante, l’auteur, dont la productivité a été dopée par l’air des Cévennes, (trois romans cette année : chez le même éditeur et chez Ska, ainsi que de belles nouvelles érotiques)  nous présente d’une manière différente de ses précédents écrits, mais tout aussi convaincante, son amour des petites gens, ceux dont la vie s’écrit dans le sang et l’oubli. A sa façon riche, un peu folle, énergique et tendre, elle les met en lumière, leur donne la place qu’ils méritent avec une écriture originale et forte.

                                                                  

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PAUL MAUGENDRE

Les vers à soie ne sont pas automatiquement à soi.

Dans la magnanerie, les chenilles s'en donnent à cœur et ventre joie. elles crissent en mangeant goulûment, elles déchiquètent, elle bâfrent et n'en ont jamais assez. Pour cela il faut aller au ravitaillement de feuilles de mûriers et des gamines sont chargées de récolter la provende dans des sacs et rapporter en courant leur butin.

Dans le petit village d'Asple, la magnanerie et la filature font la fierté de leur propriétaire et maire du village. Mais Lazare Volquès ne pourra plus profiter de son troupeau de cocons et de sa fortune. Il est redécouvert égorgé au bord du Coudoulous, la rivière qui longe la commune. Le vol n'était pas le mobile du meurtre car rien ne lui a été subtilisé. Alors les gendarmes du Vigan n'ont pas grand chose à se mettre sous les dents. Peut-être sa femme, Amélie, mais elle était absente à cause du décès de sa mère et était notoirement bafouée car Lazare possédait une maîtresse à Montpellier. Lazare était renommé pour fricoter également auprès des gamines qui travaillaient pour lui, des Cévenoles, mais également des Italiennes, des orphelines recrutées par Pierre Chicon, le contremaître. La piste de petits bagnards, les colons du Luc, qui se sont évadés d'une colonie pénitentiaire est également envisagée, mais ils se trouvaient trop loin du lieu du drame pour les appréhender.

Pierre Chicon est une brute qui aime martyriser et dérober leurs faveurs à ses jeunes ouvrières. Et parmi celles-ci, la Moustêlo, la Belette, ainsi surnommée à cause de ses cheveux roux, est la tête de turc des autres gamines. Il ne faisait pas bon être rousse à cette époque. De plus d'origine italienne, elle est de confession catholique, ce qui est une tare en pays huguenot. C'est le frère de Lazare qui reprend la magnanerie et la filature mais Pierre Chicon est maître à bord. Ceci se passait en 1906.

Un peu plus de cent ans plus tard, Gérard Volquès, le maire d'Asple, un lointain descendant de Lazare est retrouvé lui aussi égorgé dans les mêmes conditions que son ancêtre. Cette fois les soupçons se tournent vers une tribu de squatteurs, garçons et filles, qui se sont installés dans les anciens bâtiments. Ils avaient été recrutés par une association et devaient restaurer la magnanerie et la filature, afin d'attirer les touristes. Mais alors qu'il leur restait quelques mois de travail, ils n'ont plus été payés. L'association a été dissoute et les subventions n'ont plus été versées. La mairie devait participer financièrement également mais le maire refuse de leur donner quoi que ce soit devant le refus d'Idelette et ses ami(e)s de continuer à s'échiner pour rien. Puis la petite tribu, renforcée par des artistes, des intermittents du spectacle qui comme les troupes de comédiens du temps passé, sillonnent la France, s'installe qui dans des tentes qui dans des roulettes. Au grand dam du maire et de son ami André Bresson, lequel le suit fidèlement dans ses avis et se montre pour le moins hargneux.

Roman social, on pense aussitôt à Emile Zola ainsi qu'à Dickens mais dans un registre beaucoup plus poétique, La meute des honnêtes gens suit en parallèle deux histoires qui semblent identiques, le crime de deux membres d'une même famille à un peu plus d'un siècle d'écart, et perpétré d'une façon équivalente. Mais les enquêtes ne sont que la frange de l'étoffe tissée par Laurence Biberfeld. Elle s'attache surtout à montrer, décrire la vie des gamines, souvent des orphelines, qui travaillaient dans les magnaneries et les filatures, des enfants qui n'étaient pas encore pubères mais que les patrons et les contremaîtres forçaient comme des soudards. Ces pauvres ouvrières se jalousaient et la plus malheureuse était bien cette Italienne mutique qui était obligée de se plier aux quatre volontés de Lazare Volquès et de Pierre Chicon, qui était torturée moralement et physiquement, même par la suite par Amélie la veuve.

Nous suivons également le parcours de Lobat, le louveteau, ce préadolescent qui trime comme bagnard dans une colonie pénitentiaire et est en butte aux exactions d'un gardien saoul dès la fin de la matinée. Ces forçats qui montent des murets, en transportant des pierres dans des sacs portés sur le dos et qui pour récompense reçoivent des coups de badine. Lobat s'est déjà enfui à plusieurs reprises, et si l'on suit son parcours, c'est parce qu'il y aura conjonction de parcours entre ce gamin vieux avant l'âge et la Moustêlo.

Des bannis de la vie, qui sauf de la part de certaines personnes compatissantes, sont rejetés de partout et sont la vindicte des honnêtes gens. Comme le chantait Georges Brassens, Les braves gens n'aiment pas que l'on suive une autre route qu'eux...

C'est l'occasion également pour Laurence Biberfeld de montrer l'hypocrisie qui règne au sein de certaines associations dites caritatives ou de réinsertion, et les détournements d'argent effectués par des notables. Cette histoire n'est qu'un exemple, mais elle pourrait être appliquée à d'autres associations. Idelette et ses compagnons, filles et garçons, sont mal perçus par la plupart des villageois, même si ceux-ci ont beaucoup à dire sur le maire. Ils détonnent dans le paysage. Pourtant leurs revendications sont simples et légitimes, percevoir ce qui leur est dû, et obtenir le papier rose qui leur permettrait de pouvoir toucher le chômage. Ils aimeraient que le travail qu'ils ont réalisé pendant des mois soit reconnu auprès des autorités compétentes. Ils sont placés au ban de la société alors que celle-ci devrait leur être reconnaissante. Mais l'ingratitude est une pratique courante.

Ce roman composé de deux histoires qui s'imbriquent avec harmonie est un peu à l'image des dessins de l'auteure. Car Laurence Biberfeld dessine, fort joliment, et au lieu que de vous décrire son style pictural, je vous invite à visiter son site et découvrir l'autre versant de son talent.

Elle esquisse sur un voile de soie, naturellement, deux cadavres, puis ensuite elle brode, charge, surcharge, accentue les faits et gestes de certains personnages, développe certaines actions, leur donnant du relief, s'éloignant peu à peu des images primaires, et le tout nous offre un tableau en trois dimensions.

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