red room lounge de Megan ABBOTT


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MEGAN ABBOTT

Red Room Lounge


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Le mercredi 7 Decembre 2011

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Megan ABBOTT




Une lecture de
JEANNE DESAUBRY

JEANNE DESAUBRY  

Bill et Lora, Lora et Bill. Frère et sœur pour la vie. A la vie à la mort… Nous sommes dans les années cinquante. Bill est policier, assistant d’un procureur, idéaliste, pétri de justice. Il adore sa sœur, il est prêt à tout pour la protéger : il y a  tant de vilénies dehors…Elle, paisible auprès de lui, quelques sorties avec des amoureux un peu plats, une petite vie de professeur dans un institut de jeunes filles. Tous les deux sous le même toit, dans une harmonie parfaite. Bill rencontre Alice. Costumière pour le cinéma, belle, plutôt mystérieuse. Très amoureuse de son beau flic ? Ou de la vie protégée et bourgeoise qu’il peut lui offrir ? En tout cas, même si Bill et Lora restent très proches, la petite sœur déménage, laissant le nouveau couple s’installer.

Alice, fleur vénéneuse et étrange, désespérément assoiffée de respectabilité, toujours secrètement attirée par de grands pans de sa vie d’avant sur lesquels elle fait régner une obscurité que Lora s’entête, secrètement, à éclairer.

Lora se trouve, à cause de cette enquête qu’elle mène sur le passé d’Alice, posée à l’intersection des deux mondes. Le monde clair et tranquille qui a toujours été le sien, bien que touché par la mort des parents qui a resserré l’affection de leurs deux enfants. Le monde obscur, terrible, pétri de violences et de sexe, englué dans le secret, d’où vient sa belle sœur. Alice, habilement, de façon perverse, joue sur l’attirance de Lora pour les ombres de ce monde là. Se protégeant, manipulant, elle « infecte » le monde de Bill et Lora avec le sien.

 Le suspens est triple dans ce roman. Il y a, bien sur, l’enquête de Lora qui veut à toute force comprendre pour protéger son frère. Mais se laissera-t-elle corrompre ? Car elle ne répugne pas tant que ça à approcher de près les feux de l’enfer. Et enfin, sa conscience est prise dans un dilemme. Doit-elle parler ? Avertir son frère ?

« Absente » et « Adieu Gloria », les deux précédents romans de Megan Abbott parus tous deux en France, se déroulaient déjà dans les années cinquante. Une disparition déclenchant l’enquête d’un attaché de presse pour le premier, une femme en lien avec le milieu formant la « relève » dans le deuxième. Le langage était riche, les dialogues regorgeaient de perles, les personnages attiraient la sympathie, permettant une facile identification.

Rien de tout ceci dans Red Room Lounge. Reste « Hollywood » des années fastes et, en paysage d’arrière fond, l’industrie du cinéma et ses turpitudes. Reste l’époque désuète des colliers de perles et des glacières pour la bière. Abbott joue ici beaucoup moins sur le langage et les situations, beaucoup plus sur le non dit et les tensions psychologiques.

Au début de la lecture, j’ai du coup été déçue dans mon attente. J’avais tant aimé l’atmosphère particulière des précédents romans. Je me délectais par avance de la retrouver. Mais on a affaire à un véritable écrivain renouvelant son inspiration, son style, ses procédés, à chaque roman. C’est toutefois avec le même talent qu’elle crée une intrigue tout en retenue alors que son héroïne marche sur une glace de plus en fine. Les relations familiales et de couple y sont explorés dans les dimensions les plus obscures, avec une finesse d’observation très convaincante.

Retrouvez
JEANNE DESAUBRY
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Une autre lecture du

Red Room Lounge

de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER

En 1954, à Pasadena et dans la région de Los Angeles. Lora King est professeur au lycée de filles de Westridge. Bill, le frère de la jeune femme, est policier. Il a vite mérité ses galons d’inspecteur. N’ayant pas de famille, Lora et Bill ont vécu longtemps ensemble. Il sont séparés depuis que Bill a épousé Alice Steele, après l’avoir courtisée pendant cinq mois. Lora et son frère restent proches, mais elle a du mal à considérer Alice comme une sœur. Ancienne costumière à Hollywood, celle-ci n’est pas d’une grande beauté, mais elle possède une vitalité attirante. Issue d’un milieu modeste, Alice garde de moins bons souvenirs d’enfance que Lora et Bill. Elle se comporte telle une parfaite femme au foyer. Pourtant, Lora devine qu’Alice possède une face cachée. Elle obtient un poste d’enseignante pour sa belle-sœur, mais le doute plane sur ses diplômes et sa qualification.

Lois Slattery est une amie d’Alice, figurante dans quelques films vivotant dans un logement miteux. Une habituée des soirées hollywoodiennes, semble-t-il. À peine cache-t-elle ses expériences sexuelles agitées et sa consommation de drogues. Bien qu’ayant tourné la page, menant une vie rangée loin du monde du cinéma, Alice est toujours bienveillante envers Lois. Une photo érotique confirme à Lora que les deux jeunes femmes ont fréquenté les mêmes milieux pervers. Plus affirmée, Alice détonne quelque peu parmi les épouses des collègues de Bill. C’est elle qui a incitée Lora à sortir avec Mike Standish, agent de publicité dans le cinéma. Bien qu’ils soient intimes et fassent la fête ensemble, Lora refuse de le considérer comme son petit ami. Sans doute à cause du léger cynisme de Mike. Surtout parce qu’elle pense qu’il est trop proche de sa belle-sœur.

Lora continue à glaner des renseignements sur Alice. Elle réalise peu à peu le rôle de l’omniprésent Joe Avalon, connu sous plusieurs identités, familier des studios de cinéma. Elle s’étonne que l’épouse d’un collègue policier de Bill soit en relation avec cet homme. Lora ne voit pas comment confier à son frère, qui reste hypnotisé par Alice, tout ce qu’elle a déjà découvert. Après un décès par suicide, le cadavre d’une femme martyrisée retrouvé dans Bronson Canyon incite Lora à contacter le policier Cudahy. Car elle a déjà mis un nom sur cette victime. Mike Standish peut aussi l’aider à comprendre, à condition de lui faire confiance. Grâce à lui, les archives d’une société cinématographique offrent des éléments à Lora. Le témoignage monnayé d’une maquerelle lui est aussi fort utile…

Avec les remarquables “Absente” et “Adieu Gloria”, Megan Abbott a séduit bon nombre de lecteurs français. Voici “Red Room Lounge”, son tout premier titre qui risquait de nous paraître moins élaboré. Il n’en est rien, ce troisième roman publié en français s’avère aussi maîtrisé que les deux autres. La subtilité de l’intrigue et la souplesse narrative constituent les atouts majeurs de ce scénario, une fois encore. L’agent de publicité du cinéma Mike Standish semble une première esquisse de Gil Hopkins, le héros de “Absente”. On savoure l’ambiance de l’Amérique des années 1950, que l’auteure sait si merveilleusement restituer. D’autant qu’elle fait se côtoyer deux mondes bien distincts. Lora, la jeune prof, cultive une relation fusionnelle sans ambiguïté avec son frère Bill, soldat durant la récente guerre, devenu flic exemplaire. Du côté d’Alice, c’est d’un univers malsain qu’elle vient. Image de la femme fatale ? Oui et non. Si elle est attirante, glamour, elle ne possède pas cette supériorité élégante dont sont dotées les vamps. Elle a encore des similitudes avec les filles perdues, telles Lois Slattery. Si Lora est forcément troublée par la perversité qu’elle découvre, elle s’en méfie. On l’aura compris, beaucoup de nuances et de finesse dans les relations entre les protagonistes. Dans le rôle de la police aussi, faisant plus partie du décor qu’elle n’est impliquée directement. S’inspirant des romans noirs d’autrefois, Megan Abbott est vraiment la meilleure.

Retrouvez
CLAUDE LE NOCHER
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megan abbott



Absente

Adieu Gloria

Envoûtée

Fièvre

La Fin De L’innocence

Les Ombres De Canyon Arms

Vilaines Filles
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